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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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différentes, le résultat est le même : un génoci<strong>de</strong>, un ethnoci<strong>de</strong> ou la disparition d’une<br />

culture. La langue, la culture est l’i<strong>de</strong>ntité distincte d’un groupe cessent d’exister. Le<br />

groupe ethnique <strong>de</strong>meure vivant, mais sans aucune reconnaissance <strong>de</strong> sa culture.<br />

Nous avons été mal i<strong>de</strong>ntifiés <strong>de</strong>puis le tout début. Les Byzantins nous appelaient<br />

Athinganoi/Atsinganoi, sous l’inspiration <strong>de</strong>s réfugiés perses mystiques, et ces noms<br />

ont donné naissance à <strong>de</strong>s termes comme tsigani, cigani, et ainsi <strong>de</strong> suite. Une <strong>de</strong>s<br />

stratégies utilisées par les dirigeants était <strong>de</strong> simplement ordonner aux Tziganes<br />

<strong>de</strong> quitter le pays, sans quoi ils étaient menacés <strong>de</strong> torture et <strong>de</strong> mort, par exemple<br />

en France sous l’Édit <strong>de</strong> 1612, dans les États germaniques, les Pays-Bas, la Gran<strong>de</strong>-<br />

Bretagne et d’autres pays. Une autre stratégie consistait à nous déclarer un nonpeuple<br />

en exigeant la disparition <strong>de</strong>s gitanos, en Espagne, 31 ou à nous renommer<br />

Ujmagyar (nouveaux Hongrois), en Hongrie, 32 en nous donnant l’ordre <strong>de</strong> nous établir<br />

et <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s Espagnols ou <strong>de</strong>s Hongrois à part entière. Nous n’avions pas le<br />

droit <strong>de</strong> nous marier entre-nous, ni même <strong>de</strong> marier une personne <strong>de</strong> la localité. 33 La<br />

loi interdisait notre langue, notre culture et notre tenue vestimentaire traditionnelle<br />

presque partout. Dans l’Empire austro-hongrois, sous les ordres <strong>de</strong> l’impératrice<br />

Marie-Thérèse, les enfants Tziganes étaient kidnappés par <strong>de</strong>s kidnappeurs royaux,<br />

pour ensuite les éduquer afin qu’ils <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong> bons Hongrois chrétiens. Cette<br />

stratégie n’a pas eu les effets escomptés, mais elle a engendré <strong>de</strong>s répercussions<br />

<strong>de</strong>structrices sur la langue et la culture <strong>de</strong>s Tziganes hongrois. Son fils, Joseph II, a<br />

appliqué sa politique à travers tout l’empire, mais ses successeurs n’ont pas continué<br />

à appliquer les kidnappings avec la même rigueur, et cette stratégie a progressivement<br />

été mise <strong>de</strong> côté. 34<br />

L’impératrice a néanmoins établi la stratégie <strong>de</strong> prise <strong>de</strong>s enfants tziganes par la force,<br />

et cette pratique a <strong>de</strong>puis été appliquée à travers l’Europe sous diverses formes. Selon<br />

les histoires orales, en Gran<strong>de</strong>-Bretagne et dans d’autres pays d’Europe <strong>de</strong> l’Ouest,<br />

les autorités locales retiraient souvent les enfants <strong>de</strong>s familles tziganes <strong>de</strong>stituées<br />

pour les placer dans <strong>de</strong>s orphelinats gouvernés par les organisations religieuses. La<br />

Suisse avait mis en place un organisme <strong>de</strong> kidnapping financé par l’État. De 1926 à<br />

1973, l’agence catholique suisse Pro Juventute a mis en application un programme<br />

nommé « Opération enfants sur la route. » Un nombre inconnu d’enfants tziganes<br />

ou provenant <strong>de</strong> groupes itinérants non tziganes ont été placés dans <strong>de</strong>s orphelinats<br />

catholiques ou <strong>de</strong>s familles suisses. Après la fermeture <strong>de</strong> cet organisme, <strong>de</strong>s rapports<br />

suggèrent qu’environ une centaine <strong>de</strong> ces enfants sont restés incarcérés dans <strong>de</strong>s<br />

cliniques et <strong>de</strong>s institutions très longtemps, voire jusqu’en 1988. 35 En Tchécoslovaquie,<br />

pays communiste, les enfants ont aussi été retirés <strong>de</strong> leurs familles et placés dans <strong>de</strong>s<br />

orphelinats et <strong>de</strong>s pensionnats gouvernementaux. 36<br />

L’histoire se répète : la situation d’aujourd’hui<br />

Lorsque j’ai visité <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> réfugiés Tziganes près <strong>de</strong> Rome en 2001, les Tziganes<br />

se trouvant aux camps, les activistes italiens, comme le photojournaliste Stefano<br />

230 | Ronald Lee

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