Réconciliation - Fondation autochtone de guérison
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et d’éléments non désirés des populations locales, comme les indigènes sans maître, ou autres itinérants non Tziganes. La persécution des Tziganes était bien amorcée. 20 Les bannissements, les exécutions, les pogroms, le fouet, la mutilation, et les déportations vers les colonies des pays maritimes comme l’Espagne, le Portugal, et plus tard la France et la Grande-Bretagne constituaient des méthodes pour repousser les « Égyptiens », et autres peuples qualifiés plus tard comme « gitans », de leurs frontières, vers les États avoisinants. 21 Ces voisins appliquaient à leur tour leurs propres méthodes inhumaines pour les repousser ailleurs, où ils étaient tout autant rejetés. Un grand nombre de Tziganes ont réussi à éviter les pogroms et les persécutions grâce aux mauvaises méthodes de communication de l’époque, à l’avarice des officiers locaux, souvent prêts à accepter un pot-de-vin, et à l’existence de milieux sauvages et de régions inhabitées dans les forêts et les montagnes. Les Tziganes s’échappaient aussi en voyageant la nuit et en vivant près des frontières, donnant un accès facile à deux ou plusieurs juridictions. 22 Les Tziganes étaient donc forcés d’adopter une culture basée sur la survie, laquelle a pris plusieurs formes dans différents pays : le commerce nomade dans les Étatsnations émergents pour éviter de s’installer et devenir une cible pour les dirigeants, ou l’établissement près des châteaux ou des villages dans les pays féodaux de l’Europe centrale ou orientale, souvent sous la protection de la noblesse. Certains sont devenus des artisans sédentaires, des amuseurs, des agriculteurs. D’autres sont devenus des amuseurs nomades, des artisans, ou des marchands de chevaux; ils optaient pour le stratagème qui leur permettait de survivre. Dans les États vassaux de Valachie, Moldavie et Transylvanie (maintenant la Roumanie), les Tziganes devenaient des esclaves, et ce, jusqu’à la Slobuzheniya, ou l’Émancipation, de 1855 à 1856. 23 L’esclavage dans les principautés roumaines de Moldavie et Valachie était depuis lors une institution nationale. On y vendait et achetait des esclaves comme du bétail, les familles étaient séparées, les jeunes femmes se faisaient exploiter sexuellement par leur propriétaire, et les propriétaires punissaient sévèrement leurs esclaves pour des crimes mineurs. L’esclavage des Tziganes avait également lieu dans un contexte non institutionnalisé dans d’autres pays comme la Russie tsariste, l’Empire austro‒hongrois, l’Espagne, et même l’Écosse. On envoyait les condamnés tziganes en France et en Espagne par galère, et les Anglais acheminaient les esclaves tziganes pour travaux forcés vers leurs treize colonies, la Barbade et la Jamaïque. Durant cette période, et plus tard, les Tziganes d’Europe de l’Ouest n’étaient jamais très nombreux par rapport à la vaste concentration de Tziganes dans l’Empire ottoman des Balkans, la Russie tsariste, et l’Empire austro-hongrois. 24 Par conséquent, la plus grande partie de la nation tzigane a réussi à échapper à la persécution des États-nations de l’Europe de l’Ouest et des petits royaumes germaniques. Au dix-huitième siècle, les persécutions ont graduellement laissé place au harcèlement, aux lois limitant le commerce nomade, aux amendes, à 228 | Ronald Lee
l’emprisonnement, à l’enregistrement des nomades, et aux autres formes de contrôle exercé par les États grandissants, à l’exception de certains États germaniques, où les pogroms et la « chasse aux gitans » 25 par les nobles devenaient pratique courante. Dire que cette époque porte le nom de Siècle des Lumières. Dans les empires étendus de l’Europe féodale, les Tziganes étaient tolérés, on leur permettait d’exister, mais ils n’étaient jamais acceptés en tant que peuple légitime avec une langue et une culture ancestrales. Dans certains pays, les aristocrates, les orientalistes et les riches dilettantes voyaient les Tziganes comme une espèce intrigante. Ils étudiaient notre langue et nos traditions de manière raciste et paternaliste, dans le but de capturer cette essence gitane de prospérité. Cette approche a commencé avec Heinrich Grellman en 1783 26 et ses successeurs ont assuré la relève, ce qui a mené à la création de la société gitane basée en Grande- Bretagne, la Gypsy Lore Society, 27 et aux néologistes académiques modernes du vingtième siècle. Cette tolérance a continué dans certains pays 28 jusqu’au génocide nazi de la Deuxième Guerre mondiale, 29 suivi de l’ethnocide communiste, lors duquel les autorités ont tenté d’assimiler complètement les Tziganes dans le prolétariat. L’économie de marché libre autonome des Tziganes était qualifiée de « réactionnaire », et nos métiers, compétences et bases économiques traditionnelles ont été détruits au cours d’une seule génération. Le nomadisme est devenu illégal, et les éléments commerciaux forains des Tziganes ont été forcés de s’établir. Ils proposaient des emplois de base dans des usines, en agriculture, ou toute autre tâche rudimentaire dans le système à ceux déjà installés, et aux anciens nomades forcés de se sédentariser. Ils recevaient tous les droits et les avantages du statut de citoyen, et leur qualité de vie s’améliorait au fur et à mesure qu’ils perdaient leur culture et que l’assimilation gagnait du terrain. Par conséquent, leurs enfants devenaient des sous-prolétaires urbanisés, incapables de se défendre suivant la chute du communisme et l’émergence des nouvelles démocraties. Incapables de reprendre leurs activités économiques autonomes, des pratiques maintenant oubliées, la plupart des Tziganes n’ont eu d’autre choix que de se tourner vers la grande culture d’assistance sociale présente dans les anciens pays soviétiques. Les lois communistes qui les protégeaient de la persécution ont disparu. Les skinheads, les néo-nationalistes et les fascistes ont émergé de la masse pour faire des Tziganes leur bouc émissaire, afin de remplacer les Juifs de l’avant-guerre, maintenant décimés par les forces nazies durant l’Holocauste. Les dirigeants, les gouvernements nationaux et les institutions ont manifesté peu d’intérêt pour contrer les crimes d’ethnocide commis contre nous depuis notre apparition dans l’Europe chrétienne au quinzième siècle. 30 Que la méthode soit des chambres à gaz, ou l’envoi des enfants d’une minorité ethnique dans des pensionnats afin que des étrangers les éduquent dans une langue et une culture Cultiver le Canada | 229
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leurs propres métho<strong>de</strong>s inhumaines pour les repousser ailleurs, où ils étaient tout<br />
autant rejetés. Un grand nombre <strong>de</strong> Tziganes ont réussi à éviter les pogroms et les<br />
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<strong>de</strong> milieux sauvages et <strong>de</strong> régions inhabitées dans les forêts et les montagnes. Les<br />
Tziganes s’échappaient aussi en voyageant la nuit et en vivant près <strong>de</strong>s frontières,<br />
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Les Tziganes étaient donc forcés d’adopter une culture basée sur la survie, laquelle<br />
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émergents pour éviter <strong>de</strong> s’installer et <strong>de</strong>venir une cible pour les dirigeants,<br />
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l’Europe centrale ou orientale, souvent sous la protection <strong>de</strong> la noblesse. Certains<br />
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<strong>de</strong> Valachie, Moldavie et Transylvanie (maintenant la Roumanie), les Tziganes<br />
<strong>de</strong>venaient <strong>de</strong>s esclaves, et ce, jusqu’à la Slobuzheniya, ou l’Émancipation, <strong>de</strong> 1855 à<br />
1856. 23<br />
L’esclavage dans les principautés roumaines <strong>de</strong> Moldavie et Valachie était <strong>de</strong>puis<br />
lors une institution nationale. On y vendait et achetait <strong>de</strong>s esclaves comme du bétail,<br />
les familles étaient séparées, les jeunes femmes se faisaient exploiter sexuellement<br />
par leur propriétaire, et les propriétaires punissaient sévèrement leurs esclaves<br />
pour <strong>de</strong>s crimes mineurs. L’esclavage <strong>de</strong>s Tziganes avait également lieu dans un<br />
contexte non institutionnalisé dans d’autres pays comme la Russie tsariste, l’Empire<br />
austro‒hongrois, l’Espagne, et même l’Écosse. On envoyait les condamnés tziganes<br />
en France et en Espagne par galère, et les Anglais acheminaient les esclaves tziganes<br />
pour travaux forcés vers leurs treize colonies, la Barba<strong>de</strong> et la Jamaïque. Durant cette<br />
pério<strong>de</strong>, et plus tard, les Tziganes d’Europe <strong>de</strong> l’Ouest n’étaient jamais très nombreux<br />
par rapport à la vaste concentration <strong>de</strong> Tziganes dans l’Empire ottoman <strong>de</strong>s Balkans,<br />
la Russie tsariste, et l’Empire austro-hongrois. 24 Par conséquent, la plus gran<strong>de</strong> partie<br />
<strong>de</strong> la nation tzigane a réussi à échapper à la persécution <strong>de</strong>s États-nations <strong>de</strong> l’Europe<br />
<strong>de</strong> l’Ouest et <strong>de</strong>s petits royaumes germaniques.<br />
Au dix-huitième siècle, les persécutions ont graduellement laissé place<br />
au harcèlement, aux lois limitant le commerce noma<strong>de</strong>, aux amen<strong>de</strong>s, à<br />
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