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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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porte extérieure et on apporte <strong>de</strong>ux grosses caisses <strong>de</strong> poisson et <strong>de</strong> gibier frais,<br />

un sac <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre et un mélange <strong>de</strong> légumes dans la cuisine.<br />

Norman allume la radio et dit aux hommes <strong>de</strong> se servir du café. Len et Norman<br />

vont à la cuisine. Ici, Norman épate délibérément le chef par son adresse et<br />

brandit d’une main experte la hache, le couteau et le couperet à vian<strong>de</strong> alors<br />

qu’il prépare les aliments fournis généreusement. Len <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à Norman s’il<br />

veut bien lui apprendre à couper et trancher comme lui. Ils commencent tous les<br />

<strong>de</strong>ux à préparer le festin — probablement un chop suey <strong>de</strong> venaison, du canard<br />

sauvage rôti avec <strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terre, du doré jaune frais frit et cuit à la vapeur,<br />

ainsi que <strong>de</strong> la laquaiche. Bien entendu, il y a du riz et <strong>de</strong> la sauce soya.<br />

La cuisine <strong>de</strong> Norman fait clairement sensation avec les Cris, même s’ils<br />

taquinent Len qu’il s’agit d’un travail <strong>de</strong> femme. Une fois que la plupart <strong>de</strong>s<br />

hommes ont terminé <strong>de</strong> manger, trois jeunes femmes cries arrivent avec<br />

d’autres pièces <strong>de</strong> gibier et <strong>de</strong>s pommes <strong>de</strong> terre. Elles enlèvent les restes, en les<br />

goûtant et en ricanant tout en débarrassant les tables, en lavant la vaisselle et en<br />

nettoyant la cuisine. Norman semble captivé par une femme qui, apparemment,<br />

supervise le tout et ses nouveaux frères cris le remarquent. Elle sourit, il sourit et<br />

tout le mon<strong>de</strong> sourit. Plus tard, Norman les informe qu’il est le seul pourvoyeur<br />

<strong>de</strong> sa famille élargie en Chine, dont il s’ennuie beaucoup. Lentement, tout le<br />

mon<strong>de</strong> quitte le café sauf Len.<br />

« Ma sœur Ruby te sourit parce qu’elle a besoin d’un travail. Son mari s’est<br />

sauvé », dit Len à Norman, qui sort une bouteille <strong>de</strong> scotch et <strong>de</strong>ux verres. Len<br />

fait « non » <strong>de</strong> la tête et lève sa tasse <strong>de</strong> café. « Le whisky empoisonne mon peuple.<br />

Je n’en bois pas. Ruby élève son fils seule parce que le père du garçon aime trop<br />

le whisky. Ruby est une bonne femme qui ne boit plus <strong>de</strong> whisky. »<br />

« Je comprends », reconnaît Norman, qui verse du café dans la tasse <strong>de</strong> Len, se sert<br />

trois doigts d’alcool et s’allume une cigarette. « Le whisky est la petite chaleur après<br />

une longue journée <strong>de</strong> travail. Il me calme quand je n’en prends qu’un petit verre<br />

ou <strong>de</strong>ux. Votre sœur travaille bien. J’ai besoin d’ai<strong>de</strong> pour le dîner et le souper la fin<br />

<strong>de</strong> semaine et je vais la traiter <strong>de</strong> façon équitable. »<br />

Norman a exploité son café et son magasin pendant presque 50 ans, plus <strong>de</strong> 25<br />

sans sa femme Nooy et leur fils Wing, en raison <strong>de</strong> la loi d’exclusion raciste du<br />

Canada contre nous, les Chinois. Lorsqu’on lui en parle, il tourne son regard vers<br />

le mur arrière, soit vers le sanctuaire <strong>de</strong> Kwan Kung, le patron protecteur <strong>de</strong>s<br />

guerriers, écrivains et artistes, en face <strong>de</strong> la porte avant. Ensuite, il tourne les<br />

yeux vers le ciel et remercie les Amérindiens et Métis locaux pour leur amitié. Ma<br />

Ah Nging tousse. Mon Ah Yeh lève le pouce et, d’une voix <strong>de</strong> guerrier, proclame :<br />

« Lo wah kiu ho sai lai » — le vieux chinois d’outre-mer est le meilleur.<br />

Cultiver le Canada | 215

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