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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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Dieu merci, ouvrir et exploiter un café lui a permis <strong>de</strong> vaincre la solitu<strong>de</strong>. Il<br />

pensait souvent à l’argent qu’il a emprunté pour la taxe d’entrée et pour ouvrir<br />

son café. Ensuite, il maudissait silencieusement la loi raciste qui exigeait que<br />

seuls les Chinois <strong>de</strong>vaient payer une taxe pour venir au Canada. Il s’est toujours<br />

<strong>de</strong>mandé pourquoi les Chinois <strong>de</strong>vaient payer une taxe suffisamment élevée<br />

pour acheter <strong>de</strong>ux maisons. Les Européens se voyaient octroyer un terrain<br />

gratuit à cultiver. Il connaissait la réponse évi<strong>de</strong>nte. Enfin, pensait-il, au<br />

moins l’État lui permettait d’embaucher <strong>de</strong>s Amérindiennes comme serveuses<br />

et plongeuses. Une loi interdisait aux propriétaires d’entreprises chinois<br />

d’embaucher <strong>de</strong>s femmes blanches.<br />

Chaque jour, mon Ah Yeh espérait que les affaires aillent assez bien pour pouvoir<br />

envoyer <strong>de</strong> l’argent en Chine afin <strong>de</strong> subvenir aux besoins <strong>de</strong> sa famille. Dans<br />

la ville <strong>de</strong> la Saskatchewan à <strong>de</strong>ux silos dans laquelle mon Ah Yeh a ouvert son<br />

entreprise, il y avait une agence indienne. Ce manifeste du soi-disant « far<strong>de</strong>au<br />

<strong>de</strong> l’homme blanc » distribuait au compte-gouttes <strong>de</strong>s munitions, du fil à collets<br />

et <strong>de</strong>s bons alimentaires aux Amérindiens qui vivaient dans <strong>de</strong>s réserves. La<br />

plupart <strong>de</strong>s réserves indiennes étaient à une journée <strong>de</strong> marche du bureau <strong>de</strong><br />

poste où se trouvait l’agence.<br />

Un ami d’enfance vivait dans une suite au troisième étage du plus grand<br />

immeuble <strong>de</strong> la ville (qui était un immeuble fédéral) parce que ses parents<br />

étaient responsables <strong>de</strong> l’entretien et <strong>de</strong>s réparations. La fierté <strong>de</strong> la ville est le<br />

<strong>de</strong>uxième plus vieux palais <strong>de</strong> justice en service permanent au Canada, érigé à<br />

côté du bureau <strong>de</strong>s titres fonciers provincial historique. Deux pâtés <strong>de</strong> maisons<br />

plus loin, à l’étage <strong>de</strong> l’hôtel <strong>de</strong> ville, se trouvait le plus grandiose opéra <strong>de</strong>s<br />

prairies canadiennes lors <strong>de</strong> sa construction.<br />

Un autre ami d’enfance vivait au sud, <strong>de</strong> l’autre côté d’un terrain vague avec<br />

les membres <strong>de</strong> sa famille en ville. Mon Ah Yeh a fini par acheter et rénover la<br />

maison <strong>de</strong> construction soli<strong>de</strong> et a également bâti une maison sur le terrain<br />

vague. Mon ami était le fils d’un chef <strong>de</strong> ban<strong>de</strong> crie local et on marchait souvent<br />

jusqu’à l’école ensemble à une époque insouciante. Nos traits faciaux et cheveux<br />

étaient semblables et notre amitié était axée sur le jeu. Un petit Hoy Ping a été<br />

accueilli sur le territoire <strong>de</strong> la puissante Nation crie <strong>de</strong> la Saskatchewan près <strong>de</strong>s<br />

ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Sweetgrass et <strong>de</strong> Red Pheasant.<br />

Mon Ah Yeh échangeait souvent <strong>de</strong> l’argent contre les bons alimentaires<br />

que recevaient les Amérindiens. Au fil <strong>de</strong>s années, son café s’est lentement<br />

transformé en magasin <strong>de</strong> détail et en petit magasin d’alimentation en gros<br />

pour les rési<strong>de</strong>nts locaux qui cherchaient à racheter leurs bons et avec lesquels il<br />

avait établi une relation <strong>de</strong> connivence. Au cours <strong>de</strong> l’hiver, son garage <strong>de</strong>rrière<br />

le magasin se transformait souvent en arrêt pour la nuit pour les personnes<br />

trop ivres ou fatiguées pour entreprendre le long chemin vers la réserve. De<br />

212 | Sid Chow Tan

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