Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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28.08.2013 Views

Cultiver le Canada : Réconciliation sous l’éclairage de la diversité culturelle est une tentative en vue d’un commencement de cette nature. De par sa conception, cet ouvrage défie toute description linéaire. En fait, composer le titre même s’est avéré un exercice de longue haleine alors que nous avons eu du mal à trouver les mots permettant d’encadrer sans limiter les idées que l’ouvrage pourrait contenir. Reconnaître la centralité du concept de la terre voulait dire que le titre devait faire ressortir cela sans ré-inscrire les tropes simplifiés de l’appartenance et du droit de propriété, mais par contre, nous voulions aussi — avions besoin — de souligner les grandes complexités relatives à l’histoire et à la migration que comporte le fait de travailler sur, avec et à l’intérieur, de cet espace géographique. Comme c’est le cas pour d’autres éléments de cette anthologie, c’est la pratique artistique qui a éclairé la voie. En étudiant les illustrations possibles pour la couverture tirées du projet Napa North de Henry Tsang — offrant des images réalistes juxtaposant des paysages panoramiques, un développement urbain et l’agriculture, une évocation des complexités de l’histoire des Autochtones et de la culture post-contact — il est devenu tout à fait clair que l’essence même du sujet était de faire un examen et un ré-examen du paysage autour de nous en tant que métaphore et réalité. Alors que la lumière froide se répandant à travers les vergers de l’illustration de la page couverture pourrait éclairer en fait des cultures au sens propre du terme (avec les pour et les contre qui s’y rattachent), en examinant plus en profondeur, nous pouvons apercevoir les possibilités offertes par une terre nourricière. Un retournement de la terre du point de vue métaphorique et coopératif nous permet au moyen d’une diversité d’éclairages différents de percevoir le paysage d’un autre oeil, peut-être pour le parcourir d’un regard neuf qui nous rapprochera d’une connaissance et compréhension plus aiguë de notre passé commun et disparate, de même que de notre avenir possible et éventuel. Il a été souvent attribué à Louis Riel le mérite d’avoir fait valoir que des visionnaires novateurs parmi son peuple montreraient le chemin dans des périodes d’agitation, de bouleversements. Il parlait particulièrement des Métis de son territoire et il s’adressait aussi à eux. Alors que cette anthologie vise essentiellement à témoigner que nos réalités complexes ne peuvent que profiter de la participation des artistes qui ont la capacité de voir clair au dedes approches cliniques et analytiques, elle est certes extrêmement utile, mais peut n’être qu’une solution partielle en vue de l’avènement d’une réconciliation. Comme bien des anthologies composées de nombreux auteurs, celle-ci bien sûr est plus que la somme de ses parties; par ailleurs, ces parties — les collaborateurs comportant des chercheurs, professeurs d’université, écrivains, artistes — de façon générale, parce qu’ils sont eux-mêmes très inspirés et stimulés ne se limitent pas à traiter d’une seule idéologie. Quoique l’ensemble des auteurs adhèrent à la notion de réconciliation, du moins de façon tacite, leurs modalités et leurs méthodes varient remarquablement. Alors que les deux premiers volumes de cette série traitent de l’histoire, des séquelles et des conséquences des pensionnats indiens et de la Commission de témoignage et réconciliation, le troisième et dernier tome est beaucoup plus vague relativement à cette question centrale et au contenu s’y 8 | Ashok Mathur

attachant. Malgré que les collaborateurs aient reçu un énoncé contextuel lié à l’histoire de la nation articulée autour des pensionnats indiens, de la présentation des excuses et de la réconciliation, il leur a été demandé de s’inspirer de ces faits d’histoire, mais sans nécessairement les traiter directement ou même indirectement. Plus précisément, la demande consistait davantage à accorder une grande attention à ce que cela veut dire d’être en ce pays, d’y habiter, de faire partie de cet État-nation, et quelles particularités et singularités culturelles s’appliquent à cette question. Voici l’énoncé qui a été envoyé aux collaborateurs dans le but de nourrir leur réflexion : [traduction] La question de la réconciliation dans le paysage canadien est diffusée par l’entremise d’histoires multiples qui franchissent et chevauchent les frontières de la race, de l’identité et de la culture. Au moment où le gouvernement canadien a officiellement reconnu en 1988 le mouvement des demandes de réparation des Canadiens japonais, il a été le premier à faire face à une litanie de demandes de règlement et d’efforts provenant de groupements pour remédier aux injustices passées. La notion de présentation d’excuses, de réconciliation et de mesures de réparation a pris diverses formes, déterminées par les populations touchées, mais le trait d’union primordial est la relation à la terre/au pays. Ce volume sur la réconciliation portera principalement sur les perspectives des nouveaux/émigrés canadiens, étant entendu que les points du vue débattus doivent être éclairés par la source du débat — spécifiquement, les populations autochtones et l’histoire de cette terre, ce qui est déterminé non par des définitions coloniales, mais bien par la connaissance pré-contact. Bien que l’objectif ne soit pas que chaque article fasse référence directement aux interconnexions des sociétés des Autochtones et des immigrés, ce volume dans sa totalité visera à favoriser la connaissance de ces matrices sociales et politiques. Pour certains cet énoncé a signifié une sorte de rôle de spectateur subjectif, un regard sur une question spécifique sous l’éclairage d’une culture distinctive; pour d’autres, cela a voulu dire une récapitulation d’histoires différentes liées à la race, à la migration, à l’établissement dans ce pays (sur cette terre), afin d’assumer pleinement sa condition actuelle; par contre, d’autres auteurs ont compris que cela impliquait un engagement impératif aux niveaux pratique, théorique et esthétique. Si toutefois il y a eu une identité de vues déterminante, je dirais que c’était de reconnaître que nous devons être novateurs dans notre approche en supposant que nous ne voulions pas être écrasés par notre passé. Autrement dit, les modèles de recherche artistique offrent la possibilité d’un nouveau point d’entrée. Cela ne veut pas dire que la pratique artistique en soi est le principal intérêt ou la caractéristique du recueil; il y a dans ces pages une imagerie très puissante présentée par Henry Tsang, Roy Miki, Jamelie Hassan et Miriam Jordan, Meera Margaret Singh, Sandra Semchuk avec James Nicholas, Jayce Salloum, Shirley Bear, Sylvia Hamilton, Diyan Achjadi et d’autres — cela dit, il reste que l’imagination créatrice en bout de ligne ouvre des voies des plus productives quelle que soit la forme qu’elle emprunte. Pour faciliter le processus, ce recueil est divisé en trois sections très liées qui servent d’ouvertures esthétiques plutôt que d’énonciations fondamentales : la première, Terre; la deuxième, À travers et la troisième Transformation. La section initiale Terre joue le rôle en quelque sorte de fondement en ce sens que les articles nous situent et nous donnent un solide ancrage pour mieux comprendre les mouvements Cultiver le Canada | 9

attachant. Malgré que les collaborateurs aient reçu un énoncé contextuel lié à<br />

l’histoire <strong>de</strong> la nation articulée autour <strong>de</strong>s pensionnats indiens, <strong>de</strong> la présentation<br />

<strong>de</strong>s excuses et <strong>de</strong> la réconciliation, il leur a été <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> s’inspirer <strong>de</strong> ces faits<br />

d’histoire, mais sans nécessairement les traiter directement ou même indirectement.<br />

Plus précisément, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> consistait davantage à accor<strong>de</strong>r une gran<strong>de</strong> attention<br />

à ce que cela veut dire d’être en ce pays, d’y habiter, <strong>de</strong> faire partie <strong>de</strong> cet État-nation,<br />

et quelles particularités et singularités culturelles s’appliquent à cette question. Voici<br />

l’énoncé qui a été envoyé aux collaborateurs dans le but <strong>de</strong> nourrir leur réflexion :<br />

[traduction] La question <strong>de</strong> la réconciliation dans le paysage canadien est diffusée par<br />

l’entremise d’histoires multiples qui franchissent et chevauchent les frontières <strong>de</strong> la race,<br />

<strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité et <strong>de</strong> la culture. Au moment où le gouvernement canadien a officiellement<br />

reconnu en 1988 le mouvement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> réparation <strong>de</strong>s Canadiens japonais,<br />

il a été le premier à faire face à une litanie <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> règlement et d’efforts<br />

provenant <strong>de</strong> groupements pour remédier aux injustices passées. La notion <strong>de</strong><br />

présentation d’excuses, <strong>de</strong> réconciliation et <strong>de</strong> mesures <strong>de</strong> réparation a pris diverses<br />

formes, déterminées par les populations touchées, mais le trait d’union primordial est<br />

la relation à la terre/au pays. Ce volume sur la réconciliation portera principalement<br />

sur les perspectives <strong>de</strong>s nouveaux/émigrés canadiens, étant entendu que les points<br />

du vue débattus doivent être éclairés par la source du débat — spécifiquement, les<br />

populations <strong>autochtone</strong>s et l’histoire <strong>de</strong> cette terre, ce qui est déterminé non par <strong>de</strong>s<br />

définitions coloniales, mais bien par la connaissance pré-contact. Bien que l’objectif<br />

ne soit pas que chaque article fasse référence directement aux interconnexions <strong>de</strong>s<br />

sociétés <strong>de</strong>s Autochtones et <strong>de</strong>s immigrés, ce volume dans sa totalité visera à favoriser<br />

la connaissance <strong>de</strong> ces matrices sociales et politiques.<br />

Pour certains cet énoncé a signifié une sorte <strong>de</strong> rôle <strong>de</strong> spectateur subjectif, un<br />

regard sur une question spécifique sous l’éclairage d’une culture distinctive;<br />

pour d’autres, cela a voulu dire une récapitulation d’histoires différentes liées à la<br />

race, à la migration, à l’établissement dans ce pays (sur cette terre), afin d’assumer<br />

pleinement sa condition actuelle; par contre, d’autres auteurs ont compris que cela<br />

impliquait un engagement impératif aux niveaux pratique, théorique et esthétique.<br />

Si toutefois il y a eu une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> vues déterminante, je dirais que c’était <strong>de</strong><br />

reconnaître que nous <strong>de</strong>vons être novateurs dans notre approche en supposant que<br />

nous ne voulions pas être écrasés par notre passé. Autrement dit, les modèles <strong>de</strong><br />

recherche artistique offrent la possibilité d’un nouveau point d’entrée. Cela ne veut<br />

pas dire que la pratique artistique en soi est le principal intérêt ou la caractéristique<br />

du recueil; il y a dans ces pages une imagerie très puissante présentée par Henry<br />

Tsang, Roy Miki, Jamelie Hassan et Miriam Jordan, Meera Margaret Singh, Sandra<br />

Semchuk avec James Nicholas, Jayce Salloum, Shirley Bear, Sylvia Hamilton, Diyan<br />

Achjadi et d’autres — cela dit, il reste que l’imagination créatrice en bout <strong>de</strong> ligne<br />

ouvre <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong>s plus productives quelle que soit la forme qu’elle emprunte.<br />

Pour faciliter le processus, ce recueil est divisé en trois sections très liées qui servent<br />

d’ouvertures esthétiques plutôt que d’énonciations fondamentales : la première,<br />

Terre; la <strong>de</strong>uxième, À travers et la troisième Transformation. La section initiale Terre<br />

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et nous donnent un soli<strong>de</strong> ancrage pour mieux comprendre les mouvements<br />

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