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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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et d’être ivres. Au lieu <strong>de</strong> cela, ses questions semblaient orientées à partir <strong>de</strong><br />

connaissances raciales persistantes au sujet d’Indiens « sous-évolués » qui ne<br />

pouvaient pas s’autoréguler et qui passaient leur temps à se soûler, <strong>de</strong> même qu’au<br />

sujet <strong>de</strong> ces Chinois « fourbes » qui étaient coupables <strong>de</strong> leur fournir <strong>de</strong> l’alcool.<br />

Sheppard a renforcé ces perceptions. De nouveau questionné, cette fois par le<br />

révérend McLeod, il a amené les commissaires à conclure que toutes les accusations<br />

pour approvisionnement <strong>de</strong> boissons alcoolisées aux Indiens avaient été faites contre<br />

les Chinois :<br />

[traduction]<br />

J’ai remarqué que lorsque vous avez mentionné les cas <strong>de</strong> vente <strong>de</strong> liqueurs aux<br />

Indiens, vous avez dit qu’il y avait eu 29 cas <strong>de</strong> vente et que les personnes avaient<br />

fait ces ventes <strong>de</strong> façon illicite? — Un Chinois rencontre un Indien et va s’acheter une<br />

bouteille d’alcool et il la donne à l’Indien.<br />

Donc, ils fournissent <strong>de</strong>s Indiens par bouteille? — Oui.95<br />

Pour les lecteurs du rapport <strong>de</strong> la Commission qui ne font pas référence aux tableaux,<br />

le témoignage <strong>de</strong> Sheppard à lui seul confirme les vérités raciales dominantes au<br />

sujet du danger que représentaient les Chinois pour les populations <strong>autochtone</strong>s.<br />

Quand le juge McDonald a interrogé Wellington Dowler, un commis employé au<br />

service <strong>de</strong> police <strong>de</strong> Victoria, pour savoir si [traduction] « d’autres personnes étaient<br />

envoyées dans <strong>de</strong>s bars (saloons) chercher <strong>de</strong> l’alcool pour les Indiens », il a répondu<br />

comme suit : [traduction] « Oui, principalement <strong>de</strong>s Chinois. Ce sont eux qui violent<br />

la loi. » 96<br />

Même si les commissaires et les témoins ont généré toute une série <strong>de</strong> connaissances<br />

au sujet <strong>de</strong>s populations raciales et sur le problème lié à la consommation d’alcool<br />

en Colombie-Britannique, ces vérités axées sur les « Indiens soûls » et les migrants<br />

chinois qui fonctionnaient comme <strong>de</strong>s entrepreneurs immoraux avaient <strong>de</strong>s racines<br />

épistémologiques beaucoup plus profon<strong>de</strong>s. La production <strong>de</strong> subjectivités raciales<br />

que la Commission royale a faite a non seulement généré <strong>de</strong> nouvelles idées portant<br />

sur les différences raciales, mais elle a aussi puisé dans <strong>de</strong>s vérités répandues d’un<br />

côté comme <strong>de</strong> l’autre <strong>de</strong>s frontières et elle les a réactivées. Les migrants chinois qui<br />

menaçaient la main d’oeuvre ouvrière blanche et le fait <strong>de</strong> les considérer <strong>de</strong> façon<br />

putative inférieurs aux Afro-Américains au milieu du dix-neuvième siècle ont été<br />

ultérieurement diabolisés par les dangers biologiques que ceux-ci représentaient pour<br />

les Autochtones. Alors qu’on distinguait l’immoralité et la malhonnêteté foncières <strong>de</strong>s<br />

Chinois par comparaison à l’ignorance <strong>de</strong>s « Nègres » en Californie, ces caractéristiques<br />

propres aux Chinois en Colombie-Britannique s’appliquaient par rapport à la<br />

présumée vulnérabilité <strong>de</strong>s Autochtones. Même si ces craintes soulevées par la main<br />

d’oeuvre chinoise ont continué à soutenir le racisme anti-chinois tout le long <strong>de</strong> la<br />

côte ouest du Canada, vers la fin du dix-neuvième siècle, les agents <strong>de</strong>s Indiens et la<br />

police se plaignaient <strong>de</strong>s Chinois pour d’autres motifs, notamment leur penchant à<br />

vendre <strong>de</strong> l’alcool aux Indiens. Selon ce que plusieurs ont indiqué, ces contaminations<br />

interraciales ont non seulement nuit au bien-être moral et physique <strong>de</strong>s collectivités<br />

<strong>autochtone</strong>s, mais aussi à la longévité du régime colonial <strong>de</strong> la Colombie-Britannique.<br />

Cultiver le Canada | 191

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