Réconciliation - Fondation autochtone de guérison
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donnant [traduction] « une accréditation bureaucratique et une certitude bien pratique à des structures de catégories (spécifiques) et à des répartitions par cultures qui ont constitué le nouveau paysage ethnique/identitaire ». 36 Tant la Commission royale sur l’immigration chinoise (1885) que la Commission royale sur le trafic des liqueurs au Canada (1894) se sont appuyées sur des statistiques, des ressources juridiques et scientifiques et sur des connaissancesde sens commun pour générer des vérités raciales sur les collectivités chinoises, afro-américaines, autochtones et de sang-mêlées. 37 En nommant des commissions royales pour enquêter sur l’immigration chinoise et sur le traffic des liqueurs au Canada, le gouvernement fédéral a établi chacune de ces questions comme des problèmes de moralité qui requéraient non seulement la collecte de connaissances/d’informations, mais qui visaient aussi d’envisager des solutions juridiques et politiques pour limiter l’immigration chinoise. Chacune des commissions royales a fait appel à un « pluralisme épistémologique » en incorporant dans ses travaux l’expertise et les points de vue pleins de bon sens de ses participants, de même que l’« objectivité » des chiffres, notamment les statistiques criminelles et les données de cour. 38 Bien que ces deux commissions aient été, dans une certaine mesure, éclairées par des idées répandues à l’époque de « non-liberté » du travail (de la main-d’oeuvre forcée) aux États-Unis, jusqu’à la côte ouest, les commissaires et les participants ont généré leurs propres distinctions raciales — notamment entre les Autochtones et les Chinois — qui étaient géographiquement et politiquement localisées. 39 En dépit des préoccupations différentes sur la question de fond des deux commissions, il y a eu des continuités apparentes et importantes. Dans les deux rapports, les Chinois ont été caractérisés de race non seulement distincte et inférieure de celle des Blancs, mais différente de par sa nature même des populations internes incluant les « Noirs » et les « Indiens », et, dans certains cas, dangereuse pour ces populations. 40 Dans les deux sections suivantes, j’examine ces connaissances raciales multiples, leurs mouvements d’un côté comme de l’autre de la frontière Canada–États-Unis, et les modes d’action par lesquels ils ont stimulé l’addition d’autres « faits » juridiques en faveur de l’exclusion des Chinois. Transcender la question des Blancs et des noirs : La Commission royale sur l’immigration chinoise (1885) La Commission royale sur l’immigration chinoise (1885) a été nommée le 4 juillet 1884 par le gouvernement de John A. Macdonald. Le juge de la Cour suprême du Canada, J.H. Gray et D r Joseph Chapleau, secrétaire d’État, avaient été choisis pour enquêter sur [traduction] « toutes les données du problème et questions diverses liées à l’immigration chinoise, ses relations commerciales, de même que les objections sociales et morales provenant de l’afflux de Chinois au Canada ». 41 Leur mandat consistait à produire des « justifications », c’est-à-dire des restrictions légales à l’immigration chinoise, semblables à celles adoptées en Colombie- Britannique et, par la suite, révoquées par les tribunaux, dans l’intérêt supérieur du pays. 42 Ces commissaires ont donné suite rapidement à ces directives. Peu de temps après que leur rapport a paru, Joseph Chapleau a lui-même déposé un projet 176 | Renisa Mawani
de loi [traduction] « afin de restreindre et de réglementer l’immigration chinoise dans le Dominion du Canada ». Ce projet de loi, qui a été adopté la même année, a permis au gouvernement fédéral d’entreprendre une très longue campagne visant à limiter et finalement à interdire la migration de Chine, d’abord par la taxe d’entrée et, ultérieurement, en vertu de la Loi de l’immigration chinoise de 1923 ayant mis fin à la migration à grande échelle au Canada. 43 Les historiens et d’autres érudits ont eu recours à cette enquête pour appuyer avec des documents les perspectives selon lesquelles les premiers migrants chinois avaient des valeurs antithétiques aux valeurs occidentales en regard du travail et de la moralité. Dans son important ouvrage, Vancouver’s Chinatown, Kay Anderson puise dans le rapport en question pour retracer comment les politiciens et les dirigeants des organisations d’ouvriers en Colombie-Britannique ont créé le concept des Chinois en tant que race particulière et distincte. [traduction] « Presque la totalité des quarante-huit participants de la Colombie-Britannique invités à témoigner de la présence des Chinois dans la province », écrit-elle, « ont échangé librement en référant au discours racial, parlant de types raciaux, d’instincts raciaux et d’apathie. » 44 Bien que le point de Kay Anderson soit crucial, elle n’a pas retracé dans son ouvrage « ce discours de type racial », mais elle a centré spécifiquement sur la façon dont les représentants gouvernementaux ont créé les caractères propres aux Chinois par rapport à ceux des Européens, à la fois de façon épistémique et géographique. Les commissaires et les participants (témoins) ont considéré les Chinois comme des étrangers, inassimilables et inférieurs, mais ces distinctions raciales n’ont jamais été déterminées uniquement en regard des spécificités des Blancs. Non plus que leurs idées au sujet de la race n’étaient géographiquement reliées. Si le colonialisme a dégagé des possibilités menaçantes en fonction d’une interpénétration des fossés raciaux, comme l’agent des Indiens Lomas l’a fait remarquer, alors la rencontre coloniale est devenue une occasion formative où les catégories raciales ont été déterminées à l’aide d’une grille fluctuante des différences, une grille situant les Chinois dans un cadre comparatif trafiqué à maintes reprises d’un côté comme de l’autre de la frontière Canada–États-Unis. 45 Dans tout le rapport de la Commission royale, les migrants de Chine sont caractérisés de manière ambivalente et contradictoire, tant comme des travailleurs oeuvrant avec application et assiduité dont la présence est nécessaire pour bâtir l’économie et l’infrastructure du pays jeune qu’est le Canada, mais dont l’« extranéité » ou le caractère venu du dehors représentait un danger pour la nation émergente. Pour arriver à bien comprendre ces nouveaux arrivants et leurs influences sur l’implantation des Blancs, les gens de l’époque n’ont pas tenté de reconstruire des grammaires raciales. Au lieu de cela, beaucoup ont puisé dans une documentation établie sur des différences raciales qui avait proliféré en Californie, en Oregon et à Washington et qui apparaissait tout le long de la côte ouest du Canada. Ceux parmi ces gens qui décrivaient les travailleurs venus de Chine comme d’une race inférieure avaient fait leur analyse en établissant une série d’éléments de comparaison incluant les Noirs et les Blancs. Ce faisant, bon nombre ont inséré les Chinois dans une configuration existante de connaissances Cultiver le Canada | 177
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Dans tout le rapport <strong>de</strong> la Commission royale, les migrants <strong>de</strong> Chine sont caractérisés<br />
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comprendre ces nouveaux arrivants et leurs influences sur l’implantation <strong>de</strong>s Blancs,<br />
les gens <strong>de</strong> l’époque n’ont pas tenté <strong>de</strong> reconstruire <strong>de</strong>s grammaires raciales. Au lieu <strong>de</strong><br />
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qui avait proliféré en Californie, en Oregon et à Washington et qui apparaissait tout le<br />
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