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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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Rencontres interraciales et vérités juridiques : (Dés)agrégation<br />

<strong>de</strong>s races dans la zone <strong>de</strong> contact <strong>de</strong> la Colombie-Britannique<br />

[A été publié initialement : Mawani, R. (2007/08). Cross-Racial Encounters and Juridicial<br />

Truths: (Dis)Aggregating Race in British Columbia’s Contact Zone. 1 BC Studies 156/157:141–<br />

171. Le contenu a été repris intégralement, mais son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> présentation a été adapté au<br />

style <strong>de</strong> la présente publication.]<br />

Le 27 août 1890, William Henry Lomas, agent <strong>de</strong>s Indiens, a présenté son rapport<br />

annuel au surintendant <strong>de</strong>s Affaires indiennes, Ottawa. À ce moment-là, il a informé<br />

ses supérieurs, comme il le faisait chaque année, <strong>de</strong>s progrès réalisés chez les Indiens<br />

<strong>de</strong> l’agence indienne <strong>de</strong> Cowichan. Bien qu’il n’y ait eu rien <strong>de</strong> particulièrement<br />

extraordinaire dans son compte rendu, c’est précisément la quotidienneté <strong>de</strong> ses<br />

commentaires qui justifie un examen plus attentif :<br />

[traduction] Il y a peu <strong>de</strong> changement dans la vie <strong>de</strong>s Indiens à Victoria et à Nanaimo.<br />

Certains sont très travailleurs et stables, ayant <strong>de</strong>s sommes considérables dans <strong>de</strong>s<br />

comptes d’épargne <strong>de</strong> banques; d’autres sont constamment condamnés à une amen<strong>de</strong><br />

pour possession <strong>de</strong> stupéfiants et, peu importe l’année, le relevé judiciaire <strong>de</strong> la police<br />

montre qu’il est presqu’impossible d’empêcher la vente <strong>de</strong> boissons alcoolisées en petites<br />

quantités aux Indiens <strong>de</strong> la ville. Les femmes vont dans les maisons <strong>de</strong>s Blancs pour<br />

laver et faire du ménage et on leur donne <strong>de</strong> temps en temps <strong>de</strong>s boissons alcoolisées, et<br />

dans presque chaque cas, elles <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s personnes qui dépensent tout ce qu’elles<br />

gagnent en spiritueux, l’obtenant à n’importe quel prix. Une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ce trafic<br />

est fait par <strong>de</strong>s Chinois <strong>de</strong> classe inférieure, mais je regrette <strong>de</strong> dire que <strong>de</strong>s commerçants<br />

bien considérés eux aussi sont souvent <strong>de</strong> connivence et les Indiens vivant éloignés <strong>de</strong>s villes<br />

peuvent ordinairement partir avec une gran<strong>de</strong> quantité d’alcool dans leur canot — parfois<br />

caché dans <strong>de</strong>s boîtes <strong>de</strong> biscuits, parfois dans <strong>de</strong>s flasques et <strong>de</strong>s bouteilles <strong>de</strong> soda et même<br />

dans <strong>de</strong>s bouteilles qui contenaient auparavant <strong>de</strong> la sauce Worchester.2<br />

Centré sur les banalités <strong>de</strong> tous les jours, le rapport <strong>de</strong> Lomas donne un aperçu<br />

important <strong>de</strong>s rencontres interraciales et <strong>de</strong> leurs conditions en pleine expansion sur<br />

la côte ouest du Canada. Tout en reconnaissant que le colonialisme avait prospéré<br />

grâce aux relations interraciales, notamment grâce au mon<strong>de</strong> du travail, aux rapports<br />

sociaux, à la mobilité et à la circulation <strong>de</strong>s marchandises ou produits <strong>de</strong> base, Lomas<br />

considérait ces contacts potentiellement dangereux, particulièrement pour les<br />

populations <strong>autochtone</strong>s. Il met en gar<strong>de</strong> contre les relations interraciales car, d’après<br />

lui, celles-ci fournissent <strong>de</strong>s possibilités pour les collectivités <strong>autochtone</strong>s d’avoir et <strong>de</strong><br />

consommer <strong>de</strong>s substances intoxicantes, contrecarrant ainsi leur avancement vers la<br />

mo<strong>de</strong>rnité et la civilisation. Toutefois, selon Lomas et les autres, les contacts ne sont pas<br />

également préjudiciables. Comme la citation précé<strong>de</strong>nte le laisse entrevoir, c’étaient les<br />

rencontres entre les populations <strong>autochtone</strong>s et chinoises qui posaient particulièrement<br />

<strong>de</strong>s problèmes. Plus précisément parce que ces races étaient <strong>de</strong> manière putative très<br />

différentes — on présumait que les Indiens étaient <strong>de</strong>s sous-développés et qu’ils avaient<br />

besoin <strong>de</strong> protection, tandis qu’on percevait les Chinois intrigants et dangereux — ainsi,<br />

selon ce que soutient Lomas, <strong>de</strong>s interactions entre eux <strong>de</strong>vaient à coup sûr perturber et<br />

possiblement même renverser la domination coloniale.3<br />

Cultiver le Canada | 169

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