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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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Ma mère et moi avons réprimé silencieusement notre indignation alors qu’il nous<br />

remettait notre carte et nous saluait.<br />

1991<br />

Lors <strong>de</strong> ma <strong>de</strong>rnière année d’étu<strong>de</strong>s secondaires, alors que j’habitais toujours le nord <strong>de</strong><br />

l’État <strong>de</strong> New York, mon père m’a dit qu’il voulait me montrer quelque chose. M’ayant<br />

fait promettre <strong>de</strong> ne rien dire, il a ouvert un épais dossier i<strong>de</strong>ntifié « Statut d’Indien » et il<br />

en a tiré une lettre.<br />

Mon père m’a expliqué que c’était une lettre-réponse à ma mère qui avait communiqué<br />

avec son père, un M. Styres, pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r d’ai<strong>de</strong>r ses petits-enfants à reprendre<br />

possession <strong>de</strong> leur statut, qu’elle avait elle-même perdu en mariant mon père, un Blanc.<br />

En 1985, le gouvernement canadien avait adopté le projet <strong>de</strong> loi C-31, réformant <strong>de</strong>s<br />

années <strong>de</strong> discrimination contre les femmes <strong>autochtone</strong>s et leurs enfants à qui on avait<br />

enlevé le statut.<br />

J’ai lu cette lettre adressée à ma mère. L’avocat <strong>de</strong> mon grand-père menaçait ma mère<br />

d’une poursuite judiciaire si elle recommuniquait avec lui.<br />

Je me suis retrouvée complètement révoltée par cet homme sans visage qui se cachait<br />

<strong>de</strong>rrière <strong>de</strong>s avocats pour s’adresser à sa fille. Je savais sans avoir à le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r qu’une<br />

telle lettre <strong>de</strong> son père avait rendu ma mère honteuse et l’avait blessée.<br />

2005<br />

J’ai visité ma tante et mon oncle à la réserve Six Nations; je l’appelle « tante »<br />

bien qu’elle soit la cousine propre <strong>de</strong> ma mère. Sa mère, la soeur <strong>de</strong> ma<br />

grand-mère, était décédée peu <strong>de</strong> temps auparavant. Quelques semaines plus<br />

tôt, j’avais participé aux rites funéraires faisant suite au décès <strong>de</strong> ma grandtante<br />

et qui se tenaient à la maison <strong>de</strong> ma tante; un Aîné a pris la parole en<br />

une langue que j’ai appris par la suite être l’Oneida, une langue que je ne<br />

connaissais pas, en partie parce qu’on avait interdit à ma grand-mère et à ses<br />

parents <strong>de</strong> la parler.<br />

Plus tard, assise à la table <strong>de</strong> la cuisine, ma cousine m’a raconté comment elle<br />

et sa parenté avaient grandi en ayant leur certificat <strong>de</strong> statut d’Indien qui les<br />

i<strong>de</strong>ntifiait comme membres <strong>de</strong> diverses tribus. Je n’était pas surprise, puisque<br />

j’en avais entendu parler auparavant, mais elle m’a appris que j’étais <strong>de</strong> la<br />

nation Oneida et non Mohawk comme mon certificat <strong>de</strong> statut l’indiquait.<br />

J’ai été vraiment interloquée <strong>de</strong> savoir cela et aussi cette nouvelle m’a fait<br />

<strong>de</strong> la peine. Même avant d’avoir recouvré mon statut, ma famille m’avait dit<br />

que j’étais Mohawk. C’était la conséquence <strong>de</strong> cet effort du gouvernement<br />

canadien d’éliminer les antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong>s femmes <strong>de</strong>s Premières nations<br />

en appliquant la <strong>de</strong>scendance patrilinéaire. Les Hau<strong>de</strong>nosaunee suivaient<br />

traditionnellement la matrilinéarité pour la <strong>de</strong>scendance, les enfants héritant<br />

<strong>de</strong> la tribu et <strong>de</strong> l’affiliation au clan <strong>de</strong> la mère. C’était ainsi un effort concerté<br />

<strong>de</strong> la part du gouvernement canadien et <strong>de</strong>s Églises <strong>de</strong> réduire le pouvoir <strong>de</strong>s<br />

femmes <strong>de</strong>s Premières nations qui, selon les traditions, assuraient le contrôle<br />

<strong>de</strong> l’attribution et <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong>s terres <strong>de</strong> leurs tribus. Ma grand-mère<br />

Cultiver le Canada | 161

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