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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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photographiées qui, en général, ont une relation très étroite avec la terre, la<br />

cultivent et y vivent?<br />

MMS: Comme Canadienne <strong>de</strong> première génération, j’ai observé directement les<br />

effets, complexités et sacrifices <strong>de</strong> l’immigration? Je crois que c’est <strong>de</strong> là que<br />

me vient l’inspiration du thème <strong>de</strong> mon travail. Je ne peux parler au nom <strong>de</strong>s<br />

sujets avec qui j’ai travaillé. Toutefois, je les ai entendu dire à maintes reprises<br />

comment le fait <strong>de</strong> passer huit mois <strong>de</strong> l’année au Canada et quatre mois<br />

dans un autre pays suscitait chez eux une très gran<strong>de</strong> dualité en ce qui a trait<br />

aux notions <strong>de</strong> « patrie/pays d’origine », « chez-soi/domicile » et « famille ».<br />

Qu’est-ce qui se passe quand une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> sa vie se déroule avec <strong>de</strong>s<br />

compagnons <strong>de</strong> travail sur une terre étrangère au lieu d’être avec son époux ou<br />

son épouse et ses enfants? Ce que j’ai entendu souvent était <strong>de</strong>s termes comme<br />

« mon second chez-moi », « ma <strong>de</strong>uxième famille ». Également <strong>de</strong> nombreux<br />

hommes ont dit avoir sacrifié leur relation avec leurs enfants afin que ceux-ci<br />

puissent se faire instruire. Il n’y a pas un seul <strong>de</strong>s travailleurs rencontrés qui<br />

était au Canada parce qu’il se sentait rattaché à ce pays. Leur rapport au pays<br />

est d’abord et avant tout économique. S’ils gagnaient suffisamment chez-eux<br />

pour subvenir aux besoins <strong>de</strong> leur famille, ils n’auraient pas décidé <strong>de</strong> venir ici.<br />

Je crois que, dans pareil cas, la perspective utopique d’une relation avec le pays<br />

commence à s’effriter face à la migration et à l’économie <strong>de</strong> marché.<br />

Ceci dit, je ne peux pas parler pour chaque participant. En toute honnêteté,<br />

je pense que j’aurais besoin <strong>de</strong> passer plus <strong>de</strong> temps avec eux et que j’aurais<br />

besoin <strong>de</strong> les citer. Le sens général du chez soi, <strong>de</strong> la famille, du sacrifice, a<br />

semblé synonyme du sentiment <strong>de</strong> non-relation ou <strong>de</strong> coupure. La suppression<br />

<strong>de</strong> relation ou la coupure avec sa propre patrie, l’absence du sentiment<br />

d’appartenance à un port d’attache, la séparation d’avec sa famille, son histoire<br />

familiale et ses racines. C’est comme s’ils transcendaient ou sortaient du<br />

paysage et aboutissaient directement dans son essence et psyché. Quand je<br />

photographiais, j’ai souvent eu l’image en tête d’une peinture <strong>de</strong> Frida Kahlo The<br />

Two Fridas 4 . C’est en fait l’idée qu’il y a une division du soi qui se produit chez<br />

chaque participant au moment <strong>de</strong> notre interaction. Il y avait cette nostalgie <strong>de</strong><br />

son pays, l’envie soudaine <strong>de</strong> revoir sa famille. Également, il y avait souvent du<br />

stoïcisme, une conviction que c’était la bonne chose à faire pour une plus gran<strong>de</strong><br />

aisance économique. C’était le seul moyen à prendre <strong>de</strong>vant une économie<br />

fragile. Selon mon point <strong>de</strong> vue personnel et photographique, j’ai été intéressée<br />

à découvrir si ce sentiment <strong>de</strong> déplacement et <strong>de</strong> bouleversement pouvait<br />

être représenté ou le faire voir sur film. Je suis fascinée <strong>de</strong> voir la façon dont<br />

le corps gar<strong>de</strong> l’empreinte du vécu et comment le geste ou l’expression peut<br />

laisser transparaître les répercussions <strong>de</strong> l’histoire qu’a vécue une personne. Si<br />

quelqu’un apporte l’idée qu’il a un « second chez-soi », je pense à ce sentiment<br />

<strong>de</strong> dualité, cette existence du « ni ici ni là-bas » (ou peut-être « ici et là-bas »), et<br />

134 | Meera Margaret Singh

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