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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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Je suis intéressée par <strong>de</strong>ux questions : d’abord, quels souvenirs n’avons-nous<br />

pas réussi à représenter et ensuite, quels souvenirs voulons-nous représenter et<br />

pourquoi? L’asservissement <strong>de</strong>s personnes <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendance africaine au Canada se<br />

situe à l’interconnexion <strong>de</strong> ces questions difficiles.<br />

Dans le texte intitulé History and Memory in African–American Culture, les éditeurs<br />

Geneviève Fabre et Robert O’Meally emploient l’expression lieux <strong>de</strong> mémoire <strong>de</strong><br />

l’historien français Pierre Nora pour désigner le cadre théorique facilitant l’examen<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux thèmes interreliés <strong>de</strong> l’histoire et <strong>de</strong> la mémoire. D’après cette perspective,<br />

la réflexion se dirige vers une toute nouvelle série <strong>de</strong> sources historiques possibles<br />

comme <strong>de</strong>s tableaux/toiles, <strong>de</strong>s édifices, <strong>de</strong>s danses, <strong>de</strong>s journaux et revues, <strong>de</strong>s<br />

romans, <strong>de</strong>s poèmes et l’oralité — ce qui, dans l’ensemble, permet <strong>de</strong> lier les souvenirs<br />

individuels pour créer <strong>de</strong>s souvenirs collectifs, communs, touchant la culture et le vie<br />

<strong>de</strong>s Afro-Américains. Cette conception permet <strong>de</strong> réunir le particulier ou personnel,<br />

au moyen <strong>de</strong> récits oraux et d’histoires familiales, et le public, comme fonds<br />

d’archives. 17 Cette lecture a élargi mes perspectives et m’a aidée à visualiser et à mieux<br />

saisir ces éléments dans le contexte <strong>de</strong>s Afro-canadiens.<br />

Que nous voulons nous en souvenir ou non, la ségrégation dans l’enseignement<br />

public <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendance africaine au Canada et ailleurs est une<br />

conséquence directe <strong>de</strong> la conception et du régime <strong>de</strong> l’esclave-chose, une<br />

institution dont le but était <strong>de</strong> dépouiller les Africains <strong>de</strong> leur dignité et <strong>de</strong> leur<br />

humanité pour s’en servir comme main d’œuvre à bon marché et réaliser <strong>de</strong>s profits.<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> plusieurs <strong>de</strong> mes films, j’ai fait référence à l’esclavage et, dans<br />

les discussions post-projection avec <strong>de</strong>s auditoires majoritairement composés <strong>de</strong><br />

Blancs, j’ai été interrogée à ce sujet. Dans bien <strong>de</strong>s cas, les gens n’en croient pas leurs<br />

oreilles — comment n’ont-ils jamais été informés <strong>de</strong> cela? Je fais face à un silence<br />

pesant quand j’explique que <strong>de</strong>s ministres (ecclésiastiques), <strong>de</strong>s dignitaires d’Église<br />

ou <strong>de</strong>s chefs et <strong>de</strong>s personnages politiques importants possédaient <strong>de</strong>s esclaves,<br />

qu’il y a <strong>de</strong>s testaments enregistrés léguant <strong>de</strong>s femmes, <strong>de</strong>s enfants et <strong>de</strong>s hommes<br />

comme biens domestiques à <strong>de</strong>s héritiers et à <strong>de</strong>s successeurs pour toujours; <strong>de</strong> plus,<br />

les femmes et les filles étaient recherchées en raison <strong>de</strong> leur capacité à engendrer et<br />

ainsi multiplier en quelque sorte les biens. Les premiers esclaves dans ce que nous<br />

connaissons maintenant comme le Canada ont été <strong>de</strong>s personnes <strong>de</strong> premières<br />

nations que les colons français ont asservies et ils les ont remplacées plus tard par <strong>de</strong>s<br />

Africains.<br />

Quand je marche le long <strong>de</strong>s quais <strong>de</strong> Halifax, je revois ces jeunes enfants qui ont été<br />

achetés et vendus ici — une jeune fille africaine vendue comme les tonneaux <strong>de</strong> rhum.<br />

Debout près <strong>de</strong> St. Paul’s Church à Halifax, je pense aux esclaves africains qui ont été<br />

baptisés pour « sauver leur âme », mais leur corps noir ne leur appartenait même pas.<br />

Leurs voix se sont tues, leur souvenir me hante encore.<br />

Dans les premiers temps au Canada, les Africains se sont conformés, assoiffés<br />

d’apprendre, malgré l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la société prédominante qui, pour tout résumer,<br />

100 | Sylvia D. Hamilton

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