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Réconciliation - Fondation autochtone de guérison

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aval ou en amont, si la rivière ou le fleuve se situe <strong>de</strong>vant lui ou <strong>de</strong>rrière lui. La langue<br />

automatiquement incite à porter une attention particulière, intime, à l’eau comme<br />

partie intégrante d’une prise <strong>de</strong> conscience quotidienne. Cette constatation m’amène<br />

directement à une <strong>de</strong>uxième stratégie importante à laquelle je veux réfléchir comme<br />

personne non <strong>autochtone</strong>.<br />

Valerie Galley m’a souligné avec sagesse que toute action significative entraîne<br />

forcément la reconnaissance du statut officiel <strong>de</strong>s langues <strong>autochtone</strong>s comme cela<br />

a été fait dans les Territoires du Nord-Ouest avec le chipewyan, le cri, le dogrib, le<br />

gwich’in, l’inuktitut et le slavey. Elle fait remarquer qu’en remontant en 1988, on<br />

constate que l’Assemblée <strong>de</strong>s Premières nations avait déjà recommandé que cette<br />

reconnaissance soit faite au niveau fédéral et que « le gouvernement fédéral <strong>de</strong>vrait<br />

considérer les langues <strong>autochtone</strong>s à égalité avec le français là où il est question<br />

d’allocations budgétaires ». 25 Au contraire, en 2006, nous avons vu la ministre<br />

conservatrice <strong>de</strong> Patrimoine canadien, Bev Oda, faire une coupure <strong>de</strong> 160 millions $<br />

aux fonds alloués <strong>de</strong> 172,7 millions $ qui avait été alloué par les libéraux pour la<br />

revitalisation <strong>de</strong>s langues <strong>autochtone</strong>s sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 11 ans. 26<br />

Compte tenu que je sais combien précieuse est pour moi ma langue maternelle, le<br />

cantonais, je veux appuyer la capacité multilingue au Canada. Pour rester vivantes,<br />

les langues doivent être parlées tous les jours. Je voudrais encourager les personnes<br />

parmi nous qui ont cette passion pour les langues d’envisager sérieusement<br />

apprendre une langue <strong>autochtone</strong>. Si j’avais appris le Siksikaitsipowahsin (la langue<br />

<strong>de</strong>s Pieds-Noirs), 27 ou le tsuut’ina, ou le cri, <strong>de</strong> même que le français dans mon<br />

enfance, je crois que ma capacité à établir la culture <strong>de</strong> paix que nous souhaitons<br />

serait encore renforcée, enrichie par les capacités relationnelles et les sensibilités<br />

propres à chaque langue.<br />

En tant que Chinoise canadienne, j’admets m’être sentie en 2008 très ambivalente<br />

en entendant les excuses prononcées par le premier ministre Stephen Harper. D’une<br />

part, je souhaitais sincèrement que ce soit une indication que le gouvernement<br />

fédéral allait finalement tenir compte <strong>de</strong>s expériences et <strong>de</strong>s connaissances <strong>de</strong>s<br />

Autochtones. D’autres part, considérant à quel point un grand nombre <strong>de</strong> personnes<br />

portent un regard sceptique sur le régime politique, je n’étais pas convaincue <strong>de</strong><br />

la sincérité <strong>de</strong> ces excuses. Je voulais être convaincue, mais instinctivement et en<br />

mon for intérieur, je n’avais pas tellement confiance. Ce sceptisme a été renforcé au<br />

moment où le premier ministre Harper a déclaré que le Canada n’avait pas <strong>de</strong> passé<br />

<strong>de</strong> colonialisme au sommet du G20 à Pittsburg en 2009, un an après ses excuses pour<br />

les pensionnats. 28 Cette inadéquation ou cette coupure grave <strong>de</strong> la violence historique<br />

infligée à l’intérieur du Canada et le capitalisme contemporain — selon les voies<br />

et moyens habituels (gisements miniers, exploitation <strong>de</strong> la terre, la contamination<br />

<strong>de</strong>s eaux à l’intérieur <strong>de</strong>s frontières) — est vraiment dérangeante. Ainsi, présenter<br />

<strong>de</strong>s excuses ressemble plutôt à une tactique politique dans le but <strong>de</strong> repousser<br />

l’expérience vécue par les Autochtones dans un quelconque passé irrécupérable, <strong>de</strong><br />

Cultiver le Canada | 89

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