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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 4<br />

Violence et négligence envers <strong>les</strong> enfants confiés à des institutions<br />

[TRADUCTION] Après avoir subi toute une suite de volées, la faim, d’avoir dû rester<br />

debout sur une jambe dans un coin, marcher dans la neige sans souliers parce que je<br />

parlais Inuvialuktun, sans oublier cette sensation de brûlure causée par le frottement<br />

d’une pâte sur mon visage, tous ces mauvais traitements qu’on nous faisait subir pour<br />

nous faire cesser de nous exprimer suivant la coutume esquimaude en levant <strong>les</strong> sourcils<br />

pour répondre « oui » et en plissant le nez pour dire « non », j’ai fini en peu de temps par<br />

perdre la capacité de parler ma langue maternelle. Quand une langue meurt, le monde<br />

meurt, le monde dont elle tire son origine ne peut plus fonctionner (cité dans Law<br />

Commission of Canada [Commission <strong>du</strong> droit <strong>du</strong> Canada], 2000 : 29).<br />

Au moment où Emily Rice est partie de Kuper Island, en 1959, à l’âge de onze ans, elle<br />

avait été à maintes reprises battue, maltraitée, victime d’abus sexuel commis par le père<br />

Jackson et trois autres prêtres, un d’eux l’ayant obligée à prendre de l’alcool avant de la<br />

violer. Une religieuse, Soeur Mary Margaret, connue pour sa curiosité malsaine, une<br />

voyeuse cherchant à observer <strong>les</strong> fil<strong>les</strong> prenant une douche et à saisir leurs seins, est<br />

devenue furieuse quand Emily a résisté à ses avances. « Elle a pris un gros bâton avec de<br />

l’écorce dessus et l’a enfoncé directement à l’intérieur de mon vagin, » se rappelle Emily<br />

Rice. « Elle m’a dit de prétendre que j’étais tombée sur le bâton et qu’elle avait essayé de<br />

l’enlever. » La petite fille s’est traînée le lendemain jusqu’à l’infirmerie, ayant trop peur<br />

pour nommer l’agresseur. Malgré son état, au moment où Emily retourna au dortoir<br />

quelques jours plus tard, <strong>les</strong> mauvais traitements administrés par Soeur Mary Margaret<br />

et <strong>les</strong> autres religieuses ont recommencé sans arrêt. Dans <strong>les</strong> années qui ont suivi, Emily<br />

a dû subir à deux reprises une chirurgie reconstructive <strong>du</strong> vagin et elle souffre d’une<br />

perte d’audition permanente. Le père Jackson s’est lui aussi assuré que personne ne<br />

pourrait parler. Pendant le premier voyage des soeurs (Emily et Rose) retournant <strong>chez</strong><br />

el<strong>les</strong> pour Noël, il a pen<strong>du</strong> Rose par <strong>les</strong> pieds sur le côté <strong>du</strong> bateau, la menaçant de la<br />

lâcher dans <strong>les</strong> eaux glacées si elle ne promettait pas de garder le silence (Fournier et<br />

Crey, 1977 : 48).<br />

En 1997, la ministre de la Justice, l’honorable A. Anne McLellan, a demandé à la Commission <strong>du</strong> droit<br />

<strong>du</strong> Canada de dresser « un rapport portant sur des démarches permettant de traiter l’abus physique et<br />

sexuel fait aux enfants ». Le champ d’application <strong>du</strong> rapport consistait à faire l’examen de l’abus qui a<br />

été commis dans <strong>les</strong> pensionnats à l’égard des enfants <strong>autochtones</strong> et dans <strong>les</strong> institutions comme <strong>les</strong><br />

orphelinats, <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> destinées aux sourds, <strong>les</strong> établissements de soins de santé mentale de longue<br />

<strong>du</strong>rée, <strong>les</strong> sanatoriums et <strong>les</strong> centres d’é<strong>du</strong>cation surveillée. Cet examen visait à identifier « quels types<br />

de démarches seraient <strong>les</strong> plus appropriés pour remédier aux actes répréhensib<strong>les</strong>, fautifs, tout en<br />

fournissant <strong>les</strong> mesures correctives adaptées à la situation, et pour favoriser la réconciliation, l’équité et<br />

la guérison » (Commission <strong>du</strong> droit <strong>du</strong> Canada, 2000 : 12).<br />

Dans le cadre de ce rapport, la violence et la négligence envers <strong>les</strong> enfants confiés à des institutions sont<br />

définies comme « des abus infligés à un enfant résidant dans une institution, considérés comme distincts<br />

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