28.08.2013 Views

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Chapitre 4<br />

La victime peut devoir faire face à l’absence de confiance, à la colère, à la dénégation ou à la trahison de<br />

sa famille, imposant généralement le plus grand secret. LaRocque (1993) ajoute que ce type de scénario<br />

est particulier aux petites collectivités, <strong>autochtones</strong> et non <strong>autochtones</strong> et, en fait, il fait office de censure<br />

à laquelle sont exposées <strong>les</strong> personnes qui voudraient signaler une agression sexuelle ou même d’autres<br />

formes de violence.<br />

Dans le cas où la victime est pauvre, autochtone et enceinte et où elle est aux prises avec un problème<br />

d’abus de substances psychoactives, la possibilité qu’elle finisse par signaler l’abus dont elle est victime<br />

devient de plus en plus mince, compte tenu <strong>du</strong> fait qu’elle ne voudra pas attirer l’attention des travailleurs<br />

sociaux sur sa situation. Qui plus est, dans le cas des femmes enceintes, signaler le comportement<br />

violent de son partenaire peut fournir un motif suffisant à la Protection à l’enfance d’émettre « un<br />

signalement de naissance en situation de risque » et de surveiller leur grossesse. Cela peut entraîner<br />

l’appréhension <strong>du</strong> bébé et à la séparation de la mère et de l’enfant si l’Aide sociale ou la Protection à<br />

l’enfance considère qu’il y a menace de violence à l’égard <strong>du</strong> bébé. Ce facteur peut dissuader encore plus<br />

la femme enceinte de signaler l’abus; <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> en milieux urbains, surtout si el<strong>les</strong> sont<br />

pauvres, n’ont parfois que bien peu de personnes de soutien en qui el<strong>les</strong> peuvent avoir confiance, et el<strong>les</strong><br />

peuvent avoir à faire face à tout un barrage d’obstac<strong>les</strong> de nature raciste et sexiste <strong>les</strong> empêchant de<br />

signaler l’abus (Tait, 2003).<br />

Si une femme dénonce son agresseur et signale l’abus dont elle est victime, beaucoup de problèmes<br />

peuvent survenir. Emma LaRocque écrit :<br />

[TRADUCTION] ... si une victime décide d’aller de l’avant et de signaler l’abus dont<br />

elle est victime, qui voudra l’entendre? Et si elle va à l’extérieur de la collectivité pour en<br />

faire état, elle devra affronter le racisme et le sexisme sous forme de critiques, d’indifférence<br />

ou d’incré<strong>du</strong>lité. Beaucoup de non Autochtones occupant un poste dans <strong>les</strong> services<br />

sociaux ou ayant un poste d’autorité n’ont que très peu de connaissances des circonstances<br />

auxquel<strong>les</strong> une victime doit faire face ou ils ne prennent pas <strong>les</strong> plaignantes au sérieux.<br />

Le stéréotype que <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> mènent une vie de débauche sexuelle est<br />

encore une opinion assez courante. Dans beaucoup de collectivités, <strong>les</strong> femmes ne peuvent<br />

pas non plus faire confiance aux policiers, étant donné que certains d’entre eux,<br />

particulièrement ceux de générations antérieures, sont eux aussi des attaquants! C’est<br />

sans parler <strong>du</strong> processus complet <strong>du</strong> signalement qui s’avère en soi tout un défi redoutable<br />

à relever (1993 : 77).<br />

LaRocque ajoute que moins de dix pour cent des victimes <strong>autochtones</strong> signalent la violence dont el<strong>les</strong><br />

sont victimes, et le pourcentage de condamnation des agresseurs mis en accusation qui subissent un<br />

procès est lamentable. Les tribunaux se montrent aussi de façon injustifiée in<strong>du</strong>lgents quant à l’imposition<br />

de la peine; « en règle générale, <strong>les</strong> voleurs et <strong>les</strong> vendeurs de drogues mineures sont passib<strong>les</strong> de peines<br />

beaucoup plus sévères que <strong>les</strong> agresseurs d’enfants, <strong>les</strong> violeurs ou même <strong>les</strong> meurtriers-violeurs »<br />

(1993 : 77 - 78).<br />

65

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!