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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 4<br />

Tait (2000a) a constaté qu’au Manitoba, <strong>chez</strong> un groupe de femmes (n=74), il était fréquent d’être<br />

victime d’agression sexuelle et de violence, la majorité d’entre el<strong>les</strong> étant <strong>autochtones</strong> (70 %). Ces<br />

femmes ont rapporté avoir ou avoir eu des problèmes liés à l’abus de substances psychoactives. Soixante<br />

et onze pour cent des femmes ont rapporté avoir été à un moment donné au cours de leur vie victimes<br />

d’abus physique, émotionnel ou sexuel grave. Certaines de ces femmes ont rapporté qu’après être devenues<br />

enceintes, leur relation avec leur conjoint a été encore plus marquée par la violence. Bon nombre de ces<br />

femmes ont indiqué que l’abus des substances psychoactives, notamment la consommation excessive<br />

irrégulière d’alcool, <strong>les</strong> avait aidées à faire face au traumatisme causé par le fait d’avoir été victime d’abus<br />

même pendant <strong>les</strong> périodes où el<strong>les</strong> étaient enceintes (Tait, 2000a). Ces raisons ont été corroborées par<br />

d’autres chercheurs qui soutiennent que beaucoup d’anciennes victimes d’abus physique et sexuel<br />

consomment de l’alcool, généralement dans l’intention de se rétablir el<strong>les</strong>-mêmes et de faire face au<br />

traumatisme causé par le fait d’avoir été victimes d’abus (Miller, Downs et coll., 1993; Astley et coll.,<br />

2000b; Jasinski, Williams et coll., 2000; Jacobs et Gill, 2002).<br />

Nanson (1997) a rapporté que <strong>les</strong> femmes venant la consulter à un centre spécialisé pour <strong>les</strong> cas de<br />

syndrome d’alcoolisation <strong>foetale</strong> à Saskatoon, au Saskatchewan, dont bon nombre sont <strong>autochtones</strong>,<br />

déclarent fréquemment que leur grossesse est non planifiée, non désirée et, dans certains cas, qu’elle est<br />

la conséquence d’une agression sexuelle. Des femmes victimes de violence pendant leur grossesse – que<br />

cette violence en soit la cause ou l’effet – risquent fort d’être des buveuses excessives, y compris de se<br />

livrer à une consommation excessive irrégulière d’alcool (Abel et Hannigan, 1995). Amaro et ses<br />

collaborateurs (1990) ont constaté que la consommation d’alcool d’une femme pendant la grossesse et<br />

la consommation d’alcool et de substances psychoactives de son partenaire étaient associées à<br />

l’augmentation <strong>du</strong> risque pour la femme d’être victime de violence pendant sa grossesse. Berenson et ses<br />

collaborateurs (1991) ont trouvé que <strong>les</strong> femmes battues étaient plus enclines à faire usage de tabac, à<br />

consommer de l’alcool et/ou des drogues illicites que <strong>les</strong> femmes n’ayant pas été battues. En dépit de<br />

cela, des variab<strong>les</strong> comme la violence n’ont pas été traitées dans la plupart des études sur l’abus de<br />

substances psychoactives et la grossesse (Theidon, 1995).<br />

Des bébés ayant un poids insuffisant à la naissance ont été associés à la violence pendant la grossesse.<br />

Dans le cadre d’une étude, des patientes d’un hôpital américain qui avaient été battues avaient quatre<br />

fois plus de risques que <strong>les</strong> autres de donner naissance à un nouveau-né présentant une insuffisance<br />

pondérale (Bullock et McFarlane, 1989). Theidon (1995) fait ressortir que, en plus d’avoir un partenaire<br />

au comportement violent, d’autres dimensions de la violence, comme celle ressentie par <strong>les</strong> femmes<br />

vivant dans un état de peur constante dans leur collectivité, doivent être prises en compte. Une étude<br />

faite au Chili a permis de constater, qu’après avoir tenu compte des variab<strong>les</strong> confusionnel<strong>les</strong> possib<strong>les</strong>,<br />

on avait établi qu’un niveau élevé de violence sociopolitique était associé à une augmentation quintuplée<br />

<strong>du</strong> risque de complications liées à la grossesse (Zapata, Rebolledo, Atalah, Newman et King, 1992 dans<br />

Theidon, 1995).<br />

Emma LaRocque écrit qu’un « lien direct entre <strong>les</strong> stéréotypes racistes et sexistes et la violence peut être<br />

établi, notamment celui de l’image déshumanisante de la femme autochtone comme « squaw », rendant<br />

toutes <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> susceptib<strong>les</strong> d’être victimes de violence physique, verbale et sexuelle »<br />

(1993 : 74). Elle fait ressortir <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong> que <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> victimes de violence doivent<br />

confronter dans de petites collectivités : manque de vie privée, peur d’autres humiliations entraînées par<br />

<strong>les</strong> commérages et peur de l’ostracisme et de l’intimidation de la part de ceux qui appuient l’agresseur.<br />

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