Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ... Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 4 à domicile (33 %). Les femmes alcooliques ont rapporté avoir subi une fréquence plus élevée de chaque type d’abus sexuel (outrage à la pudeur, attouchements, pénétration) comparativement à ce que les femmes des deux autres groupes de référence avaient subi. Voici ce que Miller et ses collaborateurs écrivent : [TRADUCTION] La pénétration représente un type d’abus sexuel décrivant le comportement de violence physique le plus agressif perpétré à l’égard d’un enfant. C’est dans le cas de ce type d’abus sexuel que les différences entre les femmes alcooliques et les autres femmes des deux groupes de référence sont les plus marquées, près de la moitié des femmes alcooliques comparativement à moins de 7 % des conductrices accusées d’ivresse au volant et à 9 % de l’échantillon sélectionné à domicile qui ont rapporté ce type d’abus sexuel durant leur enfance (1993 : 111). Les femmes alcooliques ont également rapporté avoir subi un degré supérieur de violence manifestée à leur endroit par leur père (agression verbale, violence modérée et violence grave). Près de la moitié (45 %) du groupe des alcooliques – comparativement à 18 % des conductrices accusées d’ivresse au volant et à 13 % de l’échantillon de femmes à la maison – ont rapporté des abus/de la violence graves à leur endroit par leur père (Miller, Downs et coll., 1993). Des cas de violence grave manifestée par la mère était plus courant chez les femmes alcooliques (46 %), comparativement aux conductrices accusées d’ivresse au volant (27 %) et à l’échantillon de femmes à domicile (28 %). Miller et ses collaborateurs (1993) soulignent que, lorsque l’on compare le pourcentage relevé dans les trois échantillons (pourcentage de femmes ayant subi de l’abus sexuel ou pourcentage de femmes qui n’ont pas été soumises à de la violence grave de la part de leurs parents durant l’enfance) les femmes alcooliques étaient significativement moins susceptibles d’avoir échappé à l’une ou l’autre de ces formes de victimisation dans leur enfance : 13 % (chez les femmes alcooliques) comparé à 57 % (conductrices accusées d’ivresse au volant) et à 41 % (de l’échantillon des femmes à domicile). Miller et ses collaborateurs (1993) ont aussi fait la comparaison entre des femmes ayant des problèmes liés à l’alcool qui suivaient une thérapie et celles qui suivaient une thérapie mais n’avaient pas de problèmes d’alcool, ainsi que celles de l’échantillon à domicile (aucun problème d’alcool). L’étude a permis de constater que, dans le cas où des femmes qui suivaient différents types de thérapie et avaient des problèmes d’alcool étaient comparées à des femmes sans problème d’alcool suivant les mêmes types de traitement, les femmes en traitement ayant des problèmes d’alcool étaient significativement plus susceptibles d’avoir subi de l’abus sexuel durant leur enfance. Soixante-dix pour cent des femmes en thérapie ayant des problèmes d’alcool avaient subi une forme quelconque d’abus sexuel dans leur enfance, comparativement à la moitié (52 %) des femmes dans la même situation de traitement mais n’ayant pas de problèmes d’alcool et à un tiers de l’échantillon à domicile (35 %). De plus, les femmes ayant des problèmes d’alcool ont rapporté avoir été victimes d’abus sexuel s’étendant à la pénétration (44 %) en un nombre supérieur à celui des femmes des autres échantillons (27 % du groupe de traitement sans problème d’alcool et 9 % de l’échantillon à domicile). Des associations et des constantes quant à la violence manifestée à leur égard par le père ainsi que la violence faite par la mère ont été rapportées de la même façon que dans la première comparaison, démontrant que dans ce cas aussi les femmes ayant des problèmes d’alcool étaient en nombre supérieur 58

Chapitre 4 à celui des deux autres groupes de référence. Dans le cadre de cette étude, les femmes alcooliques étaient plus susceptibles d’avoir un parent ayant des problèmes liés à l’alcool (55 % par rapport à 27 %) et d’appartenir à une minorité ethnique (39 % par rapport à 24 %). Miller et ses collaborateurs écrivent : [TRADUCTION] Le taux élevé de victimisation durant l’enfance dans le cas de femmes ayant des problèmes liés à l’alcool indique qu’il y a un lien entre la victimisation et le développement de problèmes d’alcool chez ces femmes en particulier ... Dans le cadre de cette étude, l’importance de l’interrelation entre la victimisation durant l’enfance et le développement de problèmes liés à l’alcool chez les femmes suivant un traitement dont les conditions restent constantes s’avère d’un intérêt particulier. Dans la même veine, en effectuant la deuxième série de comparaisons, nous avons constaté que le taux de victimisation durant l’enfance était beaucoup plus élevé chez les femmes en traitement qui avaient des problèmes liés à l’alcool comparativement aux femmes ayant un traitement sans rapport aux problèmes liés à l’alcool. Par conséquent, même en s’assurant que les conditions de traitement sont constantes, la victimisation durant l’enfance a une relation spécifique avec le développement chez la femme de problèmes liés à l’alcool. Ces constatations restent significatives, même si on tient compte des différences en fait de facteurs démographiques et du contexte familial, notamment de l’existence de problèmes liés à l’alcool chez les parents (1993 : 115). Miller et ses collaborateurs (1993) font ressortir que la relation théorique entre l’abus et la violence durant l’enfance, et l’alcoolisme chez les femmes peut être favorisée par le sentiment de dévalorisation ressenti par ces dernières, ce qui, par ricochet, concourt à l’adoption d’habitudes de consommation d’alcool et de drogue comme mécanisme permettant de supporter la détresse causée par ces sentiments négatifs. La consommation de substances psychoactives est aussi liée au fait d’ « étiqueter » de façon péjorative, ce qui peut contribuer à diminuer encore plus le sentiment positif de soi, d’estime de soi chez la femme. Selon Miller et ses collaborateurs, un autre lien pouvant être établi entre la victimisation durant l’enfance et les problèmes d’alcool chez la femme consiste dans le fait que « ... la victimisation durant l’enfance a souvent eu pour conséquence de susciter chez les victimes le sentiment qu’en raison de ces expériences (particulièrement à caractère sexuel), elles sont devenues sensiblement différentes des filles de leur âge. Par voie de conséquence, ces jeunes filles se retirent des cercles d’amis plus normatifs et cherchent à s’allier à des groupes marginaux au sein desquels elles ont l’impression qu’elles ne seront pas jugées sévèrement ou qu’elles réussiront à gagner l’acceptation » (1993 : 115). Des groupes marginaux sont plus susceptibles de priser la consommation excessive d’alcool ou de drogues, amenant les jeunes filles à développer l’habitude de boire avec excès, ce qui peut entraîner d’autres problèmes. Dans le cas de jeunes femmes qui font une consommation excessive d’alcool, il peut arriver qu’elles soient étiquetées de façon péjorative, notamment par des désignations à caractère sexuel, les aliénant encore plus des groupes de jeunes qui ne s’adonnent pas de façon régulière à une consommation abusive d’alcool (Miller, Downs et coll., 1993). Bien que les histoires de ces femmes ayant des problèmes d’alcool révèlent fréquemment des caractéristiques communes de violence physique manifestée à leur égard par leur père, alliée à l’abus sexuel commis par un homme agresseur pendant leur enfance, Miller et ses collaborateurs (1993) ont constaté que la plupart de ces femmes n’avaient pas été agressées sexuellement par leur père, mais qu’elles l’avaient été par une autre personne. Cette constatation, indiquent-ils, soulève 59

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à domicile (33 %). Les femmes alcooliques ont rapporté avoir subi une fréquence plus élevée de chaque<br />

type d’abus sexuel (outrage à la pudeur, attouchements, pénétration) comparativement à ce que <strong>les</strong><br />

femmes des deux autres groupes de référence avaient subi. Voici ce que Miller et ses collaborateurs<br />

écrivent :<br />

[TRADUCTION] La pénétration représente un type d’abus sexuel décrivant le<br />

comportement de violence physique le plus agressif perpétré à l’égard d’un enfant. C’est<br />

dans le cas de ce type d’abus sexuel que <strong>les</strong> différences entre <strong>les</strong> femmes alcooliques et <strong>les</strong><br />

autres femmes des deux groupes de référence sont <strong>les</strong> plus marquées, près de la moitié<br />

des femmes alcooliques comparativement à moins de 7 % des con<strong>du</strong>ctrices accusées<br />

d’ivresse au volant et à 9 % de l’échantillon sélectionné à domicile qui ont rapporté ce<br />

type d’abus sexuel <strong>du</strong>rant leur enfance (1993 : 111).<br />

Les femmes alcooliques ont également rapporté avoir subi un degré supérieur de violence manifestée à<br />

leur endroit par leur père (agression verbale, violence modérée et violence grave). Près de la moitié<br />

(45 %) <strong>du</strong> groupe des alcooliques – comparativement à 18 % des con<strong>du</strong>ctrices accusées d’ivresse au<br />

volant et à 13 % de l’échantillon de femmes à la maison – ont rapporté des abus/de la violence graves à<br />

leur endroit par leur père (Miller, Downs et coll., 1993). Des cas de violence grave manifestée par la<br />

mère était plus courant <strong>chez</strong> <strong>les</strong> femmes alcooliques (46 %), comparativement aux con<strong>du</strong>ctrices accusées<br />

d’ivresse au volant (27 %) et à l’échantillon de femmes à domicile (28 %). Miller et ses collaborateurs<br />

(1993) soulignent que, lorsque l’on compare le pourcentage relevé dans <strong>les</strong> trois échantillons (pourcentage<br />

de femmes ayant subi de l’abus sexuel ou pourcentage de femmes qui n’ont pas été soumises à de la<br />

violence grave de la part de leurs parents <strong>du</strong>rant l’enfance) <strong>les</strong> femmes alcooliques étaient significativement<br />

moins susceptib<strong>les</strong> d’avoir échappé à l’une ou l’autre de ces formes de victimisation dans leur enfance :<br />

13 % (<strong>chez</strong> <strong>les</strong> femmes alcooliques) comparé à 57 % (con<strong>du</strong>ctrices accusées d’ivresse au volant) et à<br />

41 % (de l’échantillon des femmes à domicile).<br />

Miller et ses collaborateurs (1993) ont aussi fait la comparaison entre des femmes ayant des problèmes<br />

liés à l’alcool qui suivaient une thérapie et cel<strong>les</strong> qui suivaient une thérapie mais n’avaient pas de problèmes<br />

d’alcool, ainsi que cel<strong>les</strong> de l’échantillon à domicile (aucun problème d’alcool). L’étude a permis de<br />

constater que, dans le cas où des femmes qui suivaient différents types de thérapie et avaient des problèmes<br />

d’alcool étaient comparées à des femmes sans problème d’alcool suivant <strong>les</strong> mêmes types de traitement,<br />

<strong>les</strong> femmes en traitement ayant des problèmes d’alcool étaient significativement plus susceptib<strong>les</strong> d’avoir<br />

subi de l’abus sexuel <strong>du</strong>rant leur enfance.<br />

Soixante-dix pour cent des femmes en thérapie ayant des problèmes d’alcool avaient subi une forme<br />

quelconque d’abus sexuel dans leur enfance, comparativement à la moitié (52 %) des femmes dans la<br />

même situation de traitement mais n’ayant pas de problèmes d’alcool et à un tiers de l’échantillon à<br />

domicile (35 %). De plus, <strong>les</strong> femmes ayant des problèmes d’alcool ont rapporté avoir été victimes<br />

d’abus sexuel s’étendant à la pénétration (44 %) en un nombre supérieur à celui des femmes des autres<br />

échantillons (27 % <strong>du</strong> groupe de traitement sans problème d’alcool et 9 % de l’échantillon à domicile).<br />

Des associations et des constantes quant à la violence manifestée à leur égard par le père ainsi que la<br />

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