Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...
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Chapitre 4 différences fondées sur la race, la classe sociale et ainsi de suite. Les résultats de cette étude sembleraient indiquer que cette présumée homogénéité n’existe pas. Plus précisément, les résultats de cette étude indiquent que des facteurs uniques aux conditions ou situations de vie des Autochtones du Canada influent sur la gravité des symptômes qui apparaissent consécutivement à un abus sexuel. Ces différences peuvent restreindre la généralisation des approches de traitement actuelles adoptées auprès des populations autochtones au Canada (1999 : 756 - 757). Même si l’étude menée par Barker-Collo (1999) fait ressortir des différences importantes entre les femmes autochtones et les femmes non autochtones concernant la manifestation des symptômes, cette étude ne donne pas d’information sur les raisons explicatives de ces différences. Barker-Collo fait également valoir que son étude est limitée, du fait qu’il n’a pas tenu compte d’autres facteurs comme le statut socio-économique défavorisé, la fréquence de la revictimisation, le risque d’autres formes de traumatisme, et l’accessibilité réduite aux services sociaux et à l’éducation et l’information. Dans le cadre de son étude, Barker-Collo s’appuie sur les écrits de Savishinsky (1991) pour soutenir que les facteurs culturels jouent un rôle significatif relativement aux réactions des femmes autochtones victimes d’abus sexuel. Savishinsky a suggéré les valeurs prônées par les Autochtones au Canada, qui pourraient influer sur les réactions ou les attitudes consécutives à une agression sexuelle, notamment la valeur accordée aux liens d’interdépendance, qui fait en sorte que les comportements allant à l’encontre de cette valeur sont évités (1991 dans Barker-Collo, 1999). Savishinsky soutient que l’interdépendance peut influer sur l’intention d’une personne de dénoncer ou d’accuser un autre membre de la collectivité d’abus sexuel. La non-intervention est une deuxième valeur suggérée par Savishinsky. En d’autres mots, lorsqu’un abus sexuel est manifeste, il y a mobilisation de la victime afin d’éviter que d’autres s’engagent à l’aider à faire face à la situation. De plus, d’autres membres de la collectivité auront probablement tendance à s’abstenir d’intervenir dans la situation. D’après Savishinsky, des interventions provenant de l’extérieur (p. ex. des centres d’aide aux victimes d’agression sexuelle et des services de santé mentale) pourraient aussi être considérées à tort comme importunes et, par conséquent, elles seraient sous-utilisées (1991 dans Barker-Collo, 1999). La troisième valeur précisée par Savishinsky touche le contrôle ou la maîtrise que l’on a sur soimême, signifiant que les sentiments et les pensées ne sont pas exprimés ouvertement, en présumant être clairement compris par les autres. Cette valeur influerait alors sur la capacité de la personne à réagir d’une façon émotionnelle dans une situation d’abus sexuel, conforme à celle attendue dans ce type de situation selon la culture de la majorité. Cette valeur peut aussi avoir des incidences sur l’évaluation et le traitement des femmes autochtones qui ont été victimes d’agression sexuelle (Barker-Collo, 1999). En dernier lieu, Savinshinsky indique que la responsabilité personnelle constitue la valeur qui inspire les interprétations et les croyances des Autochtones au Canada s’appliquant à l’abus sexuel. Malgré qu’il soit important d’attirer l’attention sur le rôle exercé par des influences culturelles qui contribuent à façonner les attitudes et les réactions de la personne et de la collectivité dans des cas d’abus sexuel à l’égard des enfants, tant Savishinsky que Barker-Collo considèrent à tort que tous les Autochtones au Canada possèdent en commun un ensemble de valeurs culturelles et, par conséquent, qu’ils auraient des réactions individuelles et collectives similaires face aux expériences vécues. En second lieu, ils supposent que les « valeurs », « l’interdépendance », la « non-intervention » et le «contrôle de soi» 56
Chapitre 4 ainsi que la « responsabilité personnelle » auxquelles ils font référence sont des « valeurs culturelles ». Ce faisant ils omettent de considérer ces caractéristiques en fonction d’un contexte local, historique. À titre d’exemple, le degré de dysfonction dans une collectivité ou dans une famille est exclu de leurs considérations, même s’il est fort probable que ce facteur influe grandement sur les « valeurs » locales et sur les réactions et attitudes face à des problématiques comme l’agression sexuelle contre les enfants. Des aspects à considérer, comme des rapports de pouvoir entre la victime et l’agresseur, le fait qu’une collectivité est isolée ou dispersée, le type de services de soutien offerts aux victimes, le niveau de pauvreté et de détresse dans la collectivité influent également de façon significative sur les réactions des victimes et de leur famille dans un contexte local. Pour ces motifs, émettre l’idée que des « valeurs culturelles » sont génératrices d’attitudes et de réactions s’avère une explication beaucoup trop simpliste (se reporter aux arguments présentés ci-après par Emma LaRocque). Études portant sur la violence faite aux enfants et la dépendance à l’alcool/l’abus d’alcool L’abus sexuel pendant l’enfance et l’abus sexuel pendant la vie adulte ont été reconnus comme des facteurs de risque potentiels pour le développement de problèmes comme la dépendance à l’alcool et l’abus d’alcool chez l’adulte, le dérèglement des processus de développement normaux, le comportement autodestructeur, l’anxiété, la dévalorisation, la colère, l’hostilité et le suicide (Kirmayer, Hayton, Malus, Jiminez, Dufour et coll., 1992; Chandy, Blum et coll., 1996; Langeland et Hartgers, 1998; Jasinski, Williams et coll., 2000; DiLillo, Tremblay et coll., 2000). Les travaux de recherche ayant pour but d’étudier la relation entre l’abus sexuel et le développement subséquent de problèmes d’abus d’alcool ont de la difficulté à déterminer si l’abus sexuel est un prédicteur en rapport avec la dépendance à l’alcool et abus d’alcool chez l’adulte. Par contre, la recherche a clairement démontré que l’abus sexuel est une variable confusionnelle de la dépendance à l’alcool et abus d’alcool chez l’adulte (Fleming, Mullen et coll., 1998). Langeland et Hartgers (1998) font valoir que d’autres facteurs déterminants englobent le dysfonctionnement familial concomitant, la négligence durant l’enfance, l’abus de substances psychoactives parental et la victimisation et expérience de la violence à l’âge adulte. Dans le cadre d’une étude américaine ayant pour but d’étudier les interrelations entre la victimisation durant l’enfance et le développement de problèmes d’alcoolisme chez la femme, Miller et ses collaborateurs (1993) ont constaté que les deux tiers des femmes alcooliques participant à leur étude avaient été victimes d’une forme quelconque d’abus sexuel dans leur enfance, ce qui est une fréquence considérablement plus élevée que dans les deux groupes de référence formés d’un groupe de femmes à leur première accusation de conduite en état d’ivresse 13 (20 %) et d’un échantillon de femmes sélectionnées au hasard 13 L’échantillon de conductrices en état d’ébriété de cette étude représentait des femmes ayant des problèmes liés à l’alcool à un niveau inférieur, comparativement au groupe de femmes alcooliques. Les femmes faisant partie de la première enquête à domicile avaient été sélectionnées en fonction de leurs problèmes liés à l’alcool; celles ayant des problèmes ont été retirées par la suite de l’analyse, de telle sorte que ce groupe représentait un groupe sans problème d’alcool. Ces comparaisons visaient à évaluer si la relation entre la victimisation durant l’enfance et le développement de problèmes d’alcool chez la femme était importante peu importe le niveau de gravité des problèmes liés à l’alcool ou si cette relation était principalement constatée chez les femmes aux prises avec les problèmes d’alcool les plus graves (Miller, Downs et coll., 1993). 57
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Des aspects à considérer, comme des rapports de pouvoir entre la victime et l’agresseur, le fait qu’une<br />
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L’abus sexuel pendant l’enfance et l’abus sexuel pendant la vie a<strong>du</strong>lte ont été reconnus comme des<br />
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Williams et coll., 2000; DiLillo, Tremblay et coll., 2000).<br />
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<strong>chez</strong> l’a<strong>du</strong>lte (Fleming, Mullen et coll., 1998). Langeland et Hartgers (1998) font valoir que d’autres<br />
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