Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...
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Chapitre 3 Saggers et Gray (1998) font valoir que la colonisation des sociétés autochtones au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande a constitué un désastre. Même si le moment et les modalités de la colonisation ont différé entre ces trois pays et au sein des pays concernés, les résultats ont été les mêmes, de façon aussi frappante. Saggers et Gray allèguent que l’appropriation des terres et des ressources ayant la plus grande valeur par le régime colonial, ainsi que la décimation des populations causée par la violence et les maladies introduites par les Européens ont été des facteurs déterminants ayant miné l’assise économique des sociétés traditionnelles. S’ajoutant à ces facteurs, on attribue cet échec à l’absorption des migrants non autochtones qui ont monopolisé le marché du travail alors que les Autochtones étaient déménagés dans des réserves ou repoussés en périphérie des villes et des villages des Européens. Saggers et Gray tiennent les propos suivants : [TRADUCTION] On ne leur (aux Autochtones) a assuré qu’une éducation insuffisante ou on leur en a refusé tout accès; l’accès à la formation professionnelle a été pareillement restreinte. Les non Autochtones les ont considérés inférieurs, ont pris leur appauvrissement comme une indication d’une présumée infériorité, ont fait d’eux l’objet de discrimination. Les Autochtones ont été considérés comme un « problème »; dans le cas où le « problème » ne disparaissait pas comme prévu, on essayait de le solutionner en établissant des politiques d’assimilation. En tentant d’assimiler les Autochtones, les enfants ont été séparés de leurs parents autochtones et placés dans des pensionnats ou en foyer d’accueil, causant des traumatismes psychologiques incalculables chez les parents et les enfants (1998 : 86-87). Saggers et Gray (1998) font ressortir le fait que, malgré les tragiques conséquences de la colonisation, les Autochtones au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande n’ont pas été des victimes passives, sans recours. De l’époque du contact et jusqu’à nos jours, les Autochtones au Canada ont mené un combat continuel et ont résisté à l’action colonisatrice; encore aujourd’hui, les Autochtones poursuivent quotidiennement leurs efforts de résistance dans l’ensemble du pays (Brody, 1988; Brady, 2000; Fournier et Crey, 1997; Maracle, 1994; Royal Commission on Aboriginal Peoples [Commission royale sur les peuples autochtones], 1996a; 1996b; Waldram, Herring et Kue Young, 1995). Des auteurs comme Culhane s’opposent à la notion qu’au Canada, nous sommes entrés dans une Pre « post-coloniale » et ils allèguent qu’au contraire, le cheminement de la colonisation continue à être une réalité quotidienne pour les Autochtones (communication personnelle, 2001). Dans de nombreux pays, notamment au Canada, la consommation d’alcool reste le principal moyen de la continuelle colonisation des Autochtones. Pour résumer, voici ce que Kahn et ses collaborateurs ont notamment fait ressortir dans leurs discussions sur la colonisation continue des Autochtones d’Australie : [TRADUCTION] ... l’exploitation des Aborigènes considérés comme une ressource économique en raison de leur consommation d’alcool continue, notamment au moyen de la vente et de la perception des taxes et au moyen de l’exploitation de la boisson alcoolique diluée à l’eau [grog] dans les collectivités éloignées, et peut-être aussi par l’expansion de l’infrastructure bureaucratique établie pour offrir des services aux Aborigènes affectés par leur dépendance à l’alcool (1990 : 359 dans Saggers et Gray, 1998 : 87). 46
Chapitre 3 Saggers et Gray (1998) indiquent qu’en dépit des raisons à multiples facettes qui motivent la consommation et l’abus d’alcool chez les Autochtones, en s’appuyant sur l’expérience individuelle et l’expérience collective, les inégalités entre les Autochtones et les non Autochtones sont sous-jacentes à cette complexité universelle, inégalités existant d’un bout à l’autre du réseau de leurs rapports sur les plans politique et économique. Ils ajoutent que des interventions axées seulement sur la manifestation des symptômes même en atténuant certaines souffrances ne traiteront pas les causes profondes et les symptômes continueront à réapparaître. Conclusion Le débat présenté dans cette section avait pour objet de faire un tour d’horizon des opinions courantes sur l’abus d’alcool chez les Autochtones. La complexité associée à la recherche des raisons motivant certaines personnes ou certains groupes à boire avec excès de l’alcool, tandis que d’autres ne le font pas, est particulièrement manifeste. Les effets dévastateurs de la colonisation sur les Autochtones et leur continuelle marginalisation sur les plans économique et social, subis par ces groupes depuis de nombreuses générations, constituent des aspects problématiques importants souvent rappelés dans l’optique des motifs liés à l’abus de substances psychoactives chez les groupes autochtones au Canada. Relativement aux écrits recensés sur l’abus de l’alcool et la grossesse, il existe une distinction claire entre deux corpus documentaires; en effet, le corpus traitant de l’abus des substances psychoactives et de la grossesse a adopté un point de vue sur l’abus de l’alcool beaucoup plus spécifique et rigoureux (May, 1998). Les efforts de recherche pour mieux comprendre la consommation d’alcool chez la mère dans les écrits recensés portant spécifiquement sur le syndrome de l’alcoolisation foetale (SAF) ont en grande partie adopté une orientation beaucoup plus précise que celle des écrits publiés sur la consommation d’alcool des hommes et des femmes en général. Dans la recension des écrits sur le SAF on tend à cerner une gamme limitée de variables, à mettre l’accent sur de l’information de nature généralement médicale et à recueillir des données principalement dans des milieux cliniques de soins prénataux ou obstétricaux (May, 1998). Même si le centre d’intérêt des études axées sur l’abus d’alcool et la grossesse s’élargit, même s’il s’agit d’une source de traumatismes intergénérationnels et de traumatisme collectif, cette problématique d’une très grande importance pour la connaissance et la compréhension en général du problème de l’abus d’alcool chez les Autochtones n’a obtenu jusqu’à maintenant que très peu d’attention (Tait, 2003). 47
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frappante. Saggers et Gray allèguent que l’appropriation des terres et des ressources ayant la plus grande<br />
valeur par le régime colonial, ainsi que la décimation des populations causée par la violence et <strong>les</strong> maladies<br />
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traditionnel<strong>les</strong>. S’ajoutant à ces facteurs, on attribue cet échec à l’absorption des migrants non <strong>autochtones</strong><br />
qui ont monopolisé le marché <strong>du</strong> travail alors que <strong>les</strong> Autochtones étaient déménagés dans des réserves ou<br />
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[TRADUCTION] On ne leur (aux Autochtones) a assuré qu’une é<strong>du</strong>cation insuffisante<br />
ou on leur en a refusé tout accès; l’accès à la formation professionnelle a été pareillement<br />
restreinte. Les non Autochtones <strong>les</strong> ont considérés inférieurs, ont pris leur<br />
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cas où le « problème » ne disparaissait pas comme prévu, on essayait de le solutionner en<br />
établissant des politiques d’assimilation. En tentant d’assimiler <strong>les</strong> Autochtones, <strong>les</strong> enfants<br />
ont été séparés de leurs parents <strong>autochtones</strong> et placés dans des pensionnats ou en foyer<br />
d’accueil, causant des traumatismes psychologiques incalculab<strong>les</strong> <strong>chez</strong> <strong>les</strong> parents et <strong>les</strong><br />
enfants (1998 : 86-87).<br />
Saggers et Gray (1998) font ressortir le fait que, malgré <strong>les</strong> tragiques conséquences de la colonisation, <strong>les</strong><br />
Autochtones au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande n’ont pas été des victimes passives, sans<br />
recours. De l’époque <strong>du</strong> contact et jusqu’à nos jours, <strong>les</strong> Autochtones au Canada ont mené un combat<br />
continuel et ont résisté à l’action colonisatrice; encore aujourd’hui, <strong>les</strong> Autochtones poursuivent<br />
quotidiennement leurs efforts de résistance dans l’ensemble <strong>du</strong> pays (Brody, 1988; Brady, 2000; Fournier<br />
et Crey, 1997; Maracle, 1994; Royal Commission on Aboriginal Peop<strong>les</strong> [Commission royale sur <strong>les</strong><br />
peup<strong>les</strong> <strong>autochtones</strong>], 1996a; 1996b; Waldram, Herring et Kue Young, 1995). Des auteurs comme<br />
Culhane s’opposent à la notion qu’au Canada, nous sommes entrés dans une Pre « post-coloniale » et ils<br />
allèguent qu’au contraire, le cheminement de la colonisation continue à être une réalité quotidienne<br />
pour <strong>les</strong> Autochtones (communication personnelle, 2001). Dans de nombreux pays, notamment au<br />
Canada, la consommation d’alcool reste le principal moyen de la continuelle colonisation des Autochtones.<br />
Pour résumer, voici ce que Kahn et ses collaborateurs ont notamment fait ressortir dans leurs discussions<br />
sur la colonisation continue des Autochtones d’Australie :<br />
[TRADUCTION] ... l’exploitation des Aborigènes considérés comme une ressource<br />
économique en raison de leur consommation d’alcool continue, notamment au moyen<br />
de la vente et de la perception des taxes et au moyen de l’exploitation de la boisson<br />
alcoolique diluée à l’eau [grog] dans <strong>les</strong> collectivités éloignées, et peut-être aussi par<br />
l’expansion de l’infrastructure bureaucratique établie pour offrir des services aux<br />
Aborigènes affectés par leur dépendance à l’alcool (1990 : 359 dans Saggers et Gray,<br />
1998 : 87).<br />
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