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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Comportements acquis<br />

Chapitre 3<br />

Dans nombre d’études, des auteurs expriment l’opinion que l’évolution contemporaine caractérisant<br />

l’abus d’alcool <strong>chez</strong> certains groupes <strong>autochtones</strong> peut être l’indication d’une structuration acquise de<br />

comportement, attribuable aux racines culturel<strong>les</strong> et aux causes historiques profondes (Honigmann,<br />

1979; Smart et Ogborne, 1986; Brady et Palmer, 1991). Beaucoup de ces études soutiennent que des<br />

comportements de consommation excessive d’alcool ont été acquis des Européens pendant <strong>les</strong> débuts<br />

<strong>du</strong> contact. A titre d’exemple, Honigmann (1979) avance l’idée que la culture des « terres colonisées »<br />

<strong>du</strong> Nord où <strong>les</strong> hommes européens s’adonnaient à la consommation excessive d’alcool (buvant de grandes<br />

quantités d’alcool pendant une courte période de temps), tout en n’accordant que peu de considération<br />

à l’égard de leur comportement perturbateur et irrépressible, a été adoptée par des Autochtones dans un<br />

effort pour s’identifier à la culture des colonisateurs, pour ne pas concéder aux Européens la supériorité<br />

de leur culture, pour préserver une certaine autonomie et spontanéité.<br />

Des auteurs fournissent d’autres explications, notamment qu’un comportement de buveur excessif<br />

irrégulier, comme celui de la consommation alcoolique typique des femmes et des hommes <strong>autochtones</strong><br />

pendant la période <strong>du</strong> commerce des fourrures était attribuable à la nature même <strong>du</strong> piégeage-trappage.<br />

Ils rapportent que <strong>les</strong> trappeurs <strong>autochtones</strong> s’abstenaient la plupart <strong>du</strong> temps de s’enivrer sur <strong>les</strong> sentiers<br />

de piégeage, vu <strong>les</strong> trop grands risques que représentait cette activité; c’était aussi difficile de transporter<br />

de grandes quantités d’alcool dans la forêt. Généralement, <strong>les</strong> trappeurs <strong>autochtones</strong> consommaient<br />

une grande quantité d’alcool pendant <strong>les</strong> quelques jours où ils étaient au poste de traite. L’auteur mohawk<br />

Brian Maracle (1994) explique que, pendant la période <strong>du</strong> commerce des fourrures, l’alcoolisme<br />

périodique est devenu la forme de consommation typique d’alcool des Autochtones; ce comportement<br />

a été renforcé en 1868 au moment où le Parlement <strong>du</strong> Canada a promulgué un règlement à la suite de<br />

la Loi sur <strong>les</strong> Indiens. La prohibition <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Indiens a <strong>du</strong>ré cent dix-sept ans, persistant sous une forme<br />

ou une autre jusqu’en 1985. Brian Maracle écrit que des milliers d’Autochtones ont été arrêtés et mis en<br />

prison en vertu de cet article de la loi; la réglementation a représenté une forme de contrôle social<br />

permettant aux agents des Indiens et à la police d’effectuer des arrestations et de détenir arbitrairement<br />

en prison des Autochtones. Il écrit :<br />

[TRADUCTION] Bien enten<strong>du</strong>, la réglementation n’a pas réussi à faire cesser ou à<br />

empêcher <strong>les</strong> Indiens de boire, mais elle a changé leur façon de consommer de l’alcool<br />

en aggravant le problème. Comme on défendait aux Indiens d’acheter des boissons<br />

alcooliques, ils ont eu fréquemment recours à la consommation d’autres substances<br />

intoxicantes, beaucoup plus dangereuses. La loi a aussi contribué à renforcer une culture<br />

de consommation alcoolique destructrice que <strong>les</strong> Indiens ont développée après leurs<br />

premiers contacts avec <strong>les</strong> soldats, des buveurs excessifs invétérés, et <strong>les</strong> marchands de<br />

fourrures, intrigants et fraudeurs. Étant donné qu’ils n’avaient pas l’autorisation d’aller<br />

dans <strong>les</strong> bars ou <strong>les</strong> tavernes et qu’ils ne pouvaient avoir de l’alcool à la maison, la loi <strong>les</strong><br />

a forcé à devenir sournois, menteurs, et à boire dans <strong>les</strong> buissons, <strong>les</strong> fossés et <strong>les</strong> cours<br />

arrière. De façon encore plus inquiétante, <strong>les</strong> Indiens ont dû boire tout d’un trait leur<br />

bière, leur vin ou leur alcool, aussi rapidement que possible pour éviter d’être appréhendés<br />

(Maracle, 1994 : 44-45).<br />

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