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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 3<br />

Des auteurs ont affirmé qu’en raison de l’absence de règ<strong>les</strong> ou de conventions socia<strong>les</strong> adoptées pour<br />

assurer le contrôle de la consommation d’alcool, ce comportement a été en général non réglementé et<br />

par conséquent, <strong>les</strong> gens ont bu et ont continué à boire avec excès (Saggers et Gray, 1998). Saggers et<br />

Gray ont rétorqué que cette prise de position avait été réfutée sur deux plans. Au premier plan, <strong>les</strong><br />

données historiques indiquent qu’un certain nombre de groupes <strong>autochtones</strong> avaient accès aux substances<br />

psychoactives, y compris <strong>les</strong> boissons alcooliques naturellement fermentées; on n’a trouvé cependant<br />

aucune indication évoquant que la réaction à la consommation de grandes quantités de boissons<br />

alcooliques était différente entre <strong>les</strong> groupes <strong>autochtones</strong> qui connaissaient l’alcool avant le contact avec<br />

<strong>les</strong> Européens et ceux qui n’en avaient jamais fait l’expérience.<br />

Quant au deuxième plan, ce point de vue préconise que <strong>les</strong> cultures sont immuab<strong>les</strong> plutôt que<br />

dynamiques, et donc, qu’el<strong>les</strong> possèdent la faculté de très bien intégrer au fil <strong>du</strong> temps tout un éventail<br />

de nouvel<strong>les</strong> idées et de pro<strong>du</strong>its, tel qu’un document archéologique le laisse entendre (Saggers et Gray,<br />

1998; Flood, 1995; Rowley, 1974). Saggers et Gray (1998) soulignent à nouveau que des études comme<br />

cel<strong>les</strong> de Collmann (1979) et de Sansom (1980) montrent que <strong>les</strong> groupes <strong>autochtones</strong> ont incorporé<br />

l’usage de l’alcool dans leurs sociétés d’une façon bien réglée.<br />

Les anthropologues ont souvent contribué au corpus de recherche de type historique sur <strong>les</strong> cultures<br />

<strong>autochtones</strong> traditionnel<strong>les</strong> et l’abus d’alcool. Un écrit recensé à partir de ce corpus documentaire explique<br />

que, étant de petites dimensions, <strong>les</strong> sociétés <strong>autochtones</strong> exigeaient de leurs membres de réprimer leurs<br />

émotions et leurs sentiments personnels dans l’intérêt de l’harmonie sociale, ce qui n’est pas nécessairement<br />

requis dans des sociétés de plus grandes dimensions. La consommation excessive d’alcool fournissait<br />

l’occasion de fuir de tel<strong>les</strong> restrictions (Hallowel, 1955; Saggers et Gray, 1998).<br />

Une de ces études <strong>les</strong> plus reconnues, menée par Rubel et Kupferer (1968), porte sur la consommation<br />

d’alcool <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Inuits dans le nord <strong>du</strong> Canada. Ils ont indiqué que <strong>les</strong> relations interpersonnel<strong>les</strong><br />

« normatives » à l’extérieur de la famille nucléaire étaient caractérisées par des conflits sous-jacents, des<br />

soupçons et de l’hostilité. Ces tensions profondes, non manifestées clairement, selon Rubel et Kupferer,<br />

ont été étouffées par d’autres normes culturel<strong>les</strong>, assurant de ce fait un certain degré d’harmonie sociale.<br />

Sous l’empire de l’alcool, <strong>les</strong> tensions réprimées ont refait surface, aboutissant en disputes, en altercations<br />

et en comportements violents. Balicki fait valoir de son côté que, <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Kutchin, certaines personnes<br />

« cherchaient intensément » à s’enivrer dans l’espoir de se libérer des contraintes comportementa<strong>les</strong><br />

imposées par <strong>les</strong> normes de leur culture (1963 dans Waldram, Herring et Kue Young, 1995).<br />

D’autres études ont soutenu que, dans <strong>les</strong> sociétés <strong>autochtones</strong>, la valeur accordée à l’autonomie des<br />

personnes a contribué à l’abus de l’alcool <strong>du</strong> fait que <strong>les</strong> indivi<strong>du</strong>s et toute la collectivité se montrent<br />

réticents à imposer à autrui des règ<strong>les</strong> de con<strong>du</strong>ite indivi<strong>du</strong>el<strong>les</strong>; par conséquent, la société ne réussit pas<br />

à faire pression sur ses membres qui boivent jusqu’à l’ébriété (Brady, 1995). Dans le cadre de leur étude<br />

sur la consommation excessive d’alcool <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Navajos <strong>du</strong> sud-ouest des États-Unis, Levy et Kunitz<br />

(1974) émettent l’opinion que la consommation alcoolique est inspirée par des coutumes traditionnel<strong>les</strong><br />

liées à l’organisation sociale et aux valeurs culturel<strong>les</strong> plutôt qu’une indication de désorganisation sociale.<br />

Ils soutiennent que la consommation d’alcool constitue moins un effet des aspects pathologiques liés à<br />

la culture autochtone, qu’une indication de formes d’expression considérées précieuses et positives.<br />

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