28.08.2013 Views

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Chapitre 3<br />

Ces témoignages font ressortir la nécessité d’accroître la formation et l’appui offerts aux travailleurs de<br />

première ligne, aux intervenants en toxicomanie et aux agents de suivi postcure, ainsi que d’assurer une<br />

intégration plus efficace des services en toxicomanie et en santé mentale dans <strong>les</strong> collectivités <strong>autochtones</strong>.<br />

Détresse psychologique<br />

La détresse psychologique est le thème central des débats sur la consommation alcoolique des Autochtones.<br />

Pour la plupart des auteurs qui étudient la relation entre l’abus d’alcool et la détresse psychologique, ce<br />

sentiment de souffrance profonde est perçu comme le facteur contributif direct de la consommation<br />

excessive d’alcool. Dans ce cadre, on croit que différents facteurs poussent à la détresse psychologique,<br />

notamment des paramètres ayant des répercussions sur la collectivité de la personne (p. ex. <strong>les</strong> formes de<br />

colonisation, la marginalisation sociale, politique et économique) ainsi que des facteurs qui affectent<br />

tout particulièrement la personne et qui ne touchent pas nécessairement l’ensemble (p. ex. l’abus sexuel).<br />

Dans <strong>les</strong> études sur la détresse psychologique et l’abus de l’alcool <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones, la cause de la<br />

détresse est généralement attribuée à des expériences et à des réactions aussi bien personnel<strong>les</strong> que<br />

collectives. Saggers et Gray écrivent :<br />

[TRADUCTION] A la suite de la colonisation, <strong>les</strong> liens avec <strong>les</strong> cultures <strong>autochtones</strong><br />

ont été irréparablement détruits et per<strong>du</strong>s. En conséquence, <strong>les</strong> Autochtones ont<br />

abandonné leur rôle traditionnel et délaissé <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> socia<strong>les</strong> qui orientaient leur<br />

comportement et <strong>les</strong> institutions pouvant exercer efficacement un contrôle social sur <strong>les</strong><br />

comportements. On a constaté que cet effondrement culturel a eu des retombées<br />

psychologiques <strong>chez</strong> <strong>les</strong> personnes, notamment la perte de l’autonomie personnelle, <strong>du</strong><br />

sentiment d’identité et d’estime de soi, et l’aliénation attribuable aux cultures<br />

traditionnel<strong>les</strong> et colonia<strong>les</strong> (1998 : 74).<br />

L’expérience des Autochtones qui ont fréquenté <strong>les</strong> pensionnats représente un exemple encore plus<br />

frappant. En effet, le régime des pensionnats a constitué pour l’ensemble des générations d’Autochtones<br />

et pour ceux et cel<strong>les</strong> qui <strong>les</strong> ont fréquentés une expérience collective et une expérience indivi<strong>du</strong>elle<br />

ayant conjointement contribué à la détresse psychologique, entraînant un grand nombre de personnes<br />

à l’abus d’alcool comme moyen de neutraliser ce sentiment de détresse (Fournier et Crey, 1997). Des<br />

études portant sur la détresse psychologique imputable à l’acculturation se sont inspirées <strong>du</strong> concept de<br />

l’« anomie », élaboré à l’origine par Emile Durkheim (1951). « L’anomie fait référence à un état d’absence<br />

de normes ou à un sentiment d’impuissance, de privation de pouvoir, qu’une personne éprouve à l’égard<br />

de sa vie, l’entraînant inévitablement à la dépression et, dans certains cas, au suicide » (Waldram, Herring<br />

et Kue Young, 1995 : 265). Au coeur même <strong>du</strong> développement de ce concept de l’anomie réside la<br />

notion que, sauf en de rares exceptions, <strong>les</strong> Autochtones ont « per<strong>du</strong> » leur culture.<br />

Les Autochtones éprouvent une grande perte, ressentie comme un état d’anomie (ou d’absence de<br />

normes) ou comme un état de stress résultant de problèmes causés par l’acculturation (ou l’assimilation)<br />

dans une société élargie, supposément homogène (Saggers et Gray, 1998). A titre d’exemple, selon Levy<br />

et Kunitz, <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones, la consommation excessive d’alcool relève d’une sorte de défaitisme à<br />

l’égard de leur relation avec la culture et de la perte de leur autonomie par suite de la colonisation (1974<br />

37

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!