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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 3<br />

constituent une attaque en profondeur contre une longue série de problèmes et de conséquences désastreuses<br />

qui, s’ils restent non contrôlés, continueront à faire beaucoup de victimes » (Whitehead et Hayes, 1998 :<br />

7; Fitzpatrick, 1974; Brill, 1970; MacAndrew et Edgerton, 1969).<br />

Les auteurs défendant l’opinion que l’alcoolisme est la manifestation d’un mauvais état de santé mentale<br />

ont également différentes explications concernant le schème de la causalité; la plupart s’entendent toutefois<br />

pour conclure que la relation entre l’alcoolisme et <strong>les</strong> autres comportements problématiques et<br />

dysfonctionnements repose sur des présomptions. A titre d’exemple, il y a tout lieu de croire que l’abus<br />

d’alcool ne génère pas nécessairement des comportements agressifs, mais on estime plutôt que <strong>les</strong> deux<br />

comportements sont entraînés par des troub<strong>les</strong> profonds issus d’un mauvais état de santé mentale<br />

(Timpson, McKay, Kakegamic, Roundhead, Cohen et coll., 1988; Potter-Efron, 1989).<br />

Pour ce qui est <strong>du</strong> traitement, cette façon de voir laisse supposer que la prévention et le traitement de<br />

l’abus de l’alcool permettront seulement d’apporter un soulagement symptomatique et n’auront, dans<br />

l’hypothèse la plus optimiste, aucune incidence sur la prévalence d’autres problèmes sociaux comme la<br />

violence familiale, le suicide et la criminalité. Si des efforts équivalents ou plus grands centrés sur le<br />

traitement de problèmes fondamentaux de santé mentale ne sont pas faits, <strong>les</strong> approches ou démarches<br />

pour tenter d’éradiquer l’abus de l’alcool peuvent se solder par une réelle augmentation de la prévalence<br />

des autres problèmes (Whitehead et Hayes, 1998).<br />

Whitehead et Hayes considèrent que l’abus d’alcool est un problème social primaire, et ils critiquent la<br />

Commission royale sur <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> <strong>autochtones</strong> (CRPA) (Royal Commission on Aboriginal Peop<strong>les</strong>,<br />

1996b) d’avoir soutenu que l’abus d’alcool <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones est une manifestation d’un mauvais<br />

état de santé mentale. Comme cette distinction sera approfondie plus loin dans ce rapport en fonction<br />

des stratégies de prévention et de traitement de l’abus des substances psychoactives destinées aux femmes<br />

enceintes toxicomanes, il est important de présenter de façon plus poussée ces deux prises de position.<br />

La section sur l’alcoolisme dans le rapport de la CRPA est critique envers le gouvernement canadien, et<br />

allègue qu’il a, en général, abordé avec « réticence » <strong>les</strong> questions de santé mentale autochtone. Voici ce<br />

qu’a affirmé la Commission :<br />

[TRADUCTION] ... nous aimerions que soit largement appliquée aux problèmes de<br />

santé sociale et affective la profonde compréhension qu’ont acquise certains travailleurs<br />

<strong>autochtones</strong> qui luttent contre l’alcoolisme à propos <strong>du</strong> processus de guérison des maux<br />

hérités <strong>du</strong> colonialisme. Selon nous, cette démarche n’a pas été entreprise parce que <strong>les</strong><br />

gouvernements canadiens ont en général toujours abordé avec réticence <strong>les</strong> questions de<br />

santé mentale autochtone. L’alcoolisme est perçu par la plupart des responsab<strong>les</strong> de la<br />

santé – et par nombre de ceux qui travaillent dans le domaine <strong>du</strong> traitement – comme<br />

un problème isolé, dont <strong>les</strong> causes peuvent être traitées, et c’est d’ailleurs dans cette<br />

optique que <strong>les</strong> programmes s’y rattachant sont financés. Par contre, certains y voient<br />

une maladie. En réalité, <strong>les</strong> programmes de désintoxication <strong>les</strong> plus efficaces élaborés<br />

par <strong>les</strong> Autochtones pour <strong>les</strong> Autochtones ont largement dépassé cette définition limitée<br />

de la toxicomanie. Ils se sont attaqués à des problèmes connexes comme la violence<br />

physique et sexuelle, la perte d’estime de soi et d’identité culturelle, l’absence de<br />

perspectives d’épanouissement personnel et la marginalisation au sein de la société<br />

canadienne. Les conseillers ont constaté que la toxicomanie <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones<br />

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