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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 3<br />

33 groupes d’Amérindiens et il a constaté que 19 des ethnographies étudiées permettaient de conclure que<br />

la dépendance à l’alcool était « absente ou rare » <strong>chez</strong> <strong>les</strong> sujets de recherche. Ces constatations semblaient<br />

indiquer que près de 60 % de ces groupes <strong>autochtones</strong> n’avaient pas manifesté de symptômes de l’alcoolisme<br />

soi-disant universels (Leland, 1976).<br />

O’Connor (1984) allègue que la consommation excessive d’alcool par <strong>les</strong> Autochtones d’Australie ne<br />

peut être interprétée par <strong>les</strong> même théories expliquant la dépendance à l’alcool <strong>chez</strong> la population non<br />

autochtone.<br />

L’étude qu’il a menée a permis de constater que des Autochtones d’Australie pouvant être catégorisés<br />

comme buveurs excessifs avaient démontré, selon leur environnement social, la capacité de s’abstenir<br />

d’alcool ou de contrôler leur niveau de consommation. Or, ces faits sont incompatib<strong>les</strong> avec la description<br />

des comportements de personnes reconnues pour leur dépendance à l’alcool (O’Connor, 1984 dans<br />

Saggers et Gray, 1998). Des observations semblab<strong>les</strong> de personnes appartenant à un groupe autochtone<br />

et semblant répondre aux critères de l’« alcoolisme » ont montré que cel<strong>les</strong>-ci s’étaient abstenues totalement<br />

de boire pendant des périodes, des semaines et parfois des mois; beaucoup d’autres auteurs ont rapporté<br />

des constatations similaires (Levy et Kunitz, 1974; Saggers et Gray, 1998; Shkilnyk, 1985).<br />

Dans le cas de l’alcoolisme, le modèle de la maladie a été adopté par de nombreux programmes de<br />

traitement de l’alcoolisme et de la toxicomanie, dont certains préconisent des approches de guérison<br />

<strong>autochtones</strong> traditionnel<strong>les</strong>, Alcooliques Anonymes, ou une combinaison des deux. Waldram et ses<br />

collaborateurs indiquent que la force de ces programmes provient de l’importance accordée à la personne,<br />

en mettant de côté <strong>les</strong> explications d’ordre culturel et biologique (1995). De concert avec d’autres<br />

chercheurs (Fischer, 1987; May et Smith, 1988; Brady, 1995; O’Nell et Mitchell, 1996; Fournier et<br />

Crey, 1997; Frank, Moore et coll., 2000), Waldram et ses collaborateurs sont d’avis que <strong>les</strong> communautés<br />

<strong>autochtones</strong> semblent subir de façon disproportionnée <strong>les</strong> effets néfastes de l’abus de l’alcool, non pas<br />

en raison des facteurs culturels et biologiques, mais bien « des incidences désastreuses passablement<br />

homogènes de la pauvreté, <strong>du</strong> racisme et de la marginalisation découlant de la colonisation » (1995 :<br />

269). Toutefois, ils insistent sur la nécessité de reconnaître qu’une minorité seulement d’Autochtones<br />

ont des problèmes liés à l’alcool, malgré l’attention générale accordée à l’alcoolisme <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones<br />

(Waldram, Herring et Kue Young, 1995).<br />

Whitehead et Hayes (1998) s’écartent des débats sur <strong>les</strong> définitions de l’alcoolisme et de la dépendance<br />

à l’alcool et se concentrent plutôt sur la nature de l’alcoolisme. Dans cette démonstration, le concept de<br />

l’alcoolisme constitue une présumée catégorie; Whitehead et Hayes s’attardent sur la question de savoir<br />

ce que cette catégorie représente, soit un problème social primaire ou le symptôme d’un mauvais état de<br />

santé mentale. Déterminer ce qu’est l’« alcoolisme », affirment-ils, aura des incidences significatives sur<br />

la politique officielle en matière de prévention et de traitement des problèmes d’alcoolisme et d’abus<br />

d’alcool (1998). Comme problème social primaire, l’alcoolisme est considéré un dysfonctionnement<br />

donnant naissance à toute une diversité d’autres répercussions néfastes pour la santé ainsi que des<br />

répercussions socia<strong>les</strong> et économiques (Whitehead et Hayes, 1998; Scarpetti et Anderson, 1989). Alors<br />

que, dans le groupe des chercheurs, le débat consiste à savoir dans quelle mesure exactement l’alcoolisme<br />

contribue à engendrer tout un ensemble de retombées négatives, <strong>les</strong> auteurs en faveur de ce concept<br />

pensent que <strong>les</strong> « ressources allouées directement à la prévention et au traitement de l’alcoolisme<br />

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