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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 3<br />

Dans le cadre des débats sur l’abus d’alcool et <strong>les</strong> problèmes de consommation d’alcool, la dépendance à<br />

l’alcool ou l’alcoolisme constitue généralement une question centrale. Par ailleurs, arriver à bien comprendre<br />

la dépendance à l’alcool ne se fait pas sans soulever une controverse, particulièrement en l’appliquant aux<br />

Autochtones. Saggers et Gray (1998) signalent à quel point l’optique selon laquelle on considère la<br />

consommation excessive d’alcool a changé depuis la première partie <strong>du</strong> 20e siècle. Avant le début <strong>du</strong> 20e<br />

siècle, dans le monde occidental, l’usage abusif d’alcool était perçu comme un problème moral, au sens<br />

où on considérait que <strong>les</strong> buveurs excessifs étaient tombés dans l’excès par choix et donc, qu’ils étaient<br />

moralement coupab<strong>les</strong> d’avoir pris cette décision. Cette perception a amorcé un virage au début <strong>du</strong> 20e<br />

siècle, inspirée par le modèle de la maladie. Dans ce cadre, on croit que <strong>les</strong> personnes sont « malades »<br />

plutôt qu’« immora<strong>les</strong>, » le problème se situant au niveau physiologique.<br />

En qualifiant la consommation d’alcool de maladie ou de trouble, on la caractérise comme un état de<br />

besoin ou d’accoutumance à l’alcool et on laisse entrevoir une perte de la capacité de contrôler le niveau<br />

d’alcool consommé. Saggers et Gray expliquent que, dans le cadre <strong>du</strong> modèle de la maladie, deux<br />

explications de la dépendance à l’alcool s’imposent :<br />

[TRADUCTION] La première [explication] envisage principalement la perte de contrôle<br />

comme la manifestation d’une maladie sur le plan physique, « l’alcoolisme. » Même s’il<br />

y a des variations à cette définition, il reste qu’en général, <strong>les</strong> personnes considérant<br />

l’alcoolisme une maladie la dépeignent selon <strong>les</strong> caractères distinctifs suivants : ce trouble<br />

survient <strong>chez</strong> ceux ou cel<strong>les</strong> qui, entre autres, sont génétiquement prédisposés; ont une<br />

dépendance physiologique à l’alcool (c’est-à-dire qu’il y a une telle accoutumance à la<br />

consommation d’alcool que des symptômes de sevrage apparaissent dans le cas<br />

d’abstinence); sont affligés de lésion cérébrale liée à l’alcool qui perturbe de plus en plus<br />

leur capacité de contrôler le niveau de consommation d’alcool (Jurd, 1996 : 2-4). La<br />

deuxième approche considère la consommation excessive d’alcool ...comme la<br />

manifestation d’une psychopathologie sous-jacente. On devrait cependant noter qu’il<br />

s’agissait principalement de différences dans le degré d’importance, <strong>les</strong> adeptes des deux<br />

côtés ayant généralement reconnu des éléments de l’autre approche (1998 : 71).<br />

Même si le modèle de la maladie a été largement accepté, des concepts comme l’alcoolisme, la dépendance<br />

à l’alcool et l’abus d’alcool sont des catégories prêtant à controverse. A titre d’exemple, dans <strong>les</strong> années<br />

1970, le terme « alcoolisme » a été enlevé de la Classification internationale des maladies parce qu’on n’a<br />

pu arriver à un accord relativement à sa définition. Ce terme a été remplacé par « syndrome de dépendance<br />

alcoolique » « défini en fonction des aspects physiques observab<strong>les</strong> et en distinguant ces aspects des<br />

facteurs comportementaux et affectifs dont l’étiologie est encore plus controversée » (Saggers et Gray,<br />

1998 : 71-72).<br />

L’application de concepts comme celui de l’ alcoolisme à des populations s’est avérée encore plus difficile<br />

et problématique. En effet, la maladie devrait théoriquement présupposer un diagnostic valide et un<br />

traitement culturellement neutre, sans égard aux différences culturel<strong>les</strong> (Fisher, 1987; Vaillant, 1983;<br />

Levy et Kunitz, 1973). Par ailleurs, une application claire et simple en ce qui concerne l’alcoolisme et <strong>les</strong><br />

Autochtones semble ne pas exister. Même au sein de la population hétérogène sur le plan culturel dite<br />

« indienne » ou « autochtone », le modèle de la maladie est difficile à mettre en application de façon<br />

constante (Fisher, 1987). A titre d’exemple, Leland (1976) a étudié <strong>les</strong> témoignages ethnographiques de<br />

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