Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ... Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 3 les études contemporaines sur la génétique de l’alcoolisme font ressortir les origines organiques de cet état pathologique (entité morbide), s’efforçant d’exclure ou d’éliminer les influences environnementales (1987 : 84). Quoi qu’il en soit, l’alcoolisme est semblable à toute autre maladie, notamment à l’hypertension, à la coronaropathie, à la schizophrénie et au diabète, en ce sens que l’aspect triangulaire de la maladie, de la personne et du milieu social rend particulièrement compliqué de démêler l’hérédité familiale ou l’environnement (présence d’alcool ou absence d’alcool) (Fisher, 1987). Un groupe de recherches portaient sur la variation des récepteurs de la dopamine D au cer veau 8 (Blum, Noble, Sheridan, Ritchie, Jagadeeswaran et coll., 1990; Noble, 1992). Noble a fondé son étude sur l’hypothèse que les personnes ayant un nombre inférieur de récepteurs « peuvent avoir besoin d’une stimulation très forte de ces quelques récepteurs »; par conséquent, elles recherchent cette stimulation en prenant de l’alcool (Noble, 1992 : 27 dans Saggers et Gray, 1998 : 70, accentuation dans le texte). Dans le cadre de son étude, Noble a examiné des spécimens de cerveau de personnes décédées et il a constaté que l’allèle, un gène allélomorphe dont le code génétique n’indique que quelques récepteurs, était plus commun chez les alcooliques décédés que chez les non-alcooliques. Par contre, en s’appuyant sur les catégories raciales, il n’a constaté aucune différence entre les sujets de race blanche et de race noire (Noble, 1992). Certaines études similaires semblent avoir confirmé ce résultat, alors que d’autres n’ont pas réussi à le faire (Karp, 1992). En faisant la synthèse de ces études, Saggers et Gray écrivent : [TRADUCTION] En ne prenant pas en ligne de compte le problème majeur que constitue « l’alcoolisme », comme le font remarquer Saunders et Phillips (1993), la relation entre « l’alcoolisme » et la présence de récepteurs de la dopamine D reste une simple association, ce qui signifie en fait qu’aucun rapport de cause à effet n’a été démontré ... [Alors qu’] il y a des facteurs biochimiques et physiologiques qui influencent les effets produits par l’alcool sur chaque personne et influent sur ses métabolites ... contrairement au préjugé populaire, rien n’indique de façon convaincante que ces différences causent l’abus d’alcool ou qu’elles expliquent des différences entre des populations en ce qui a trait aux habitudes de consommation d’alcool ou à leurs conséquences (1998 : 70). La susceptibilité raciale à l’alcoolisme et les effets de la consommation d’alcool ont également été abordés en fonction de la grossesse et de l’abus des substances psychoactives. Dans un article présentant les facteurs de risque du SAF (Syndrome d’alcoolisation foetale) chez les populations amérindiennes, Aase a examiné « certains des facteurs peu connus et compris qui sont liés à la physiologie maternelle, ce manque de connaissances pouvant contribuer au risque accru du SAF chez les enfants amérindiens » (1981 : 154). En faisant référence à bon nombre des études présentées précédemment, cet auteur écrit: 8 La dopamine est un neurotransmetteur dont la libération est stimulée par l’alcool (entre autres substances chimiques). Elle a divers effets, notamment de procurer un sentiment de plaisir si elle se joint aux récepteurs D à l’intérieur de certaines cellules du cerveau. Le nombre de ces récepteurs est déterminé par un ou deux allèle(s) (des variants d’un gène) (Saggers et Gray, 1998). 28

Chapitre 3 [TRADUCTION] Bien que des résultats contradictoires soient obtenus, qu’aucune de ces études ne soit complètement satisfaisante, la majorité d’entre elles relèvent une vitesse accrue de dégradation de l’alcool chez les Indiens. Si cette constatation est vraie, une chute plus rapide de la concentration d’alcool peut représenter un effet de protection à la suite de l’exposition du foetus dans l’utérus. Malheureusement, aucune des études menées à ce jour n’a fourni de l’information sur les femmes ayant un problème d’abus d’alcool grave et chronique; elles relèvent plutôt le fait que les femmes ne consomment de l’alcool qu’en société. Il reste toutefois la possibilité qu’une certaine différence métabolique chez la femme indienne alcoolique invétérée affectant sa capacité de supporter l’alcool augmente le risque de mettre son bébé en péril. Une autre découverte intéressante allant dans le même sens, c’est que de nombreux Amérindiens partagent avec les Orientaux un déficit dans la transformation de l’acétaldéhyde, le premier sousproduit de la dégradation de l’alcool. Cette constatation laisse supposer dans le cas de ces deux groupes raciaux une base génétique en ce qui a trait au processus réactionnel métabolique de l’alcool modifié (Aase, 1981 : 155). Dans cet exemple, Aase exprime l’avis que les différences de métabolisme de l’alcool chez des groupes raciaux distincts peuvent exercer une influence négative sur le développement du foetus, et engendrer des résultats différents relativement aux malformations congénitales liées à l’alcool, les Autochtones et les « Orientaux » étant à risque plus élevé. Par ailleurs, il convient de noter que, malgré cette allégation, aucune étude n’a encore permis de corroborer cette hypothèse. Qui plus est, May fait remarquer que le fait de fonder ce type d’étude sur des catégorisations raciales laisse supposer que la recherche est mal orientée dans ses considérations. May écrit : [TRADUCTION] Aucune étude, au mieux de la connaissance actuelle, ayant été publiée à ce jour dans des revues de grande diffusion n’a rapporté d’anomalie importante concernant le métabolisme de l’alcool chez les Indiens. Des études existantes ont examiné le métabolisme de l’alcool, l’acétaldéhyde, ainsi que le phénotype du foie chez les Indiens. À ce jour, aucune variable physiologique n’a été identifiée, une variable qui serait suffisamment importante pour expliquer des différences majeures dans le comportement des Indiens à l’égard de la consommation d’alcool et de l’ivresse en comparaison des personnes de race blanche, de race noire ou des Asiatiques (se reporter à Bennion et Li, 1976; Farris et Jones, 1978a; b; Lieber, 1972; Reed, Kalant, Griffins, Kapur et Rankin, 1976; Rex, Bosron, Smialek et Li, 1985; Schaefer, 1981; Zeiner, Parades et Cowden, 1976). En fait, la plupart de ces études concluent le débat en établissant que les raisons des différences relevées entre la consommation d’alcool chez les Autochtones et les non autochtones devraient être recherchées en fonction de variables socioculturelles (se reporter notamment à Bennion et Li, 1976). Par conséquent, la conclusion scientifique avérée au moment de cette étude est qu’il n’y a aucune différence importante ou consistante, fondée sur des considérations physiologiques établies d’après la race, à l’égard du métabolisme de l’alcool entre les Indiens et les autres et qu’il y a autant de variance entre les Indiens pris individuellement qu’entre les Indiens et les autres. La vitesse de métabolisme de l’alcool chez des Indiens en particulier peut être affectée par des facteurs communs, comme le style de consommation ou le type d’habitudes en matière de 29

Chapitre 3<br />

<strong>les</strong> études contemporaines sur la génétique de l’alcoolisme font ressortir <strong>les</strong> origines<br />

organiques de cet état pathologique (entité morbide), s’efforçant d’exclure ou d’éliminer<br />

<strong>les</strong> influences environnementa<strong>les</strong> (1987 : 84).<br />

Quoi qu’il en soit, l’alcoolisme est semblable à toute autre maladie, notamment à l’hypertension, à la<br />

coronaropathie, à la schizophrénie et au diabète, en ce sens que l’aspect triangulaire de la maladie, de la<br />

personne et <strong>du</strong> milieu social rend particulièrement compliqué de démêler l’hérédité familiale ou<br />

l’environnement (présence d’alcool ou absence d’alcool) (Fisher, 1987).<br />

Un groupe de recherches portaient sur la variation des récepteurs de la dopamine D au cer veau 8 (Blum,<br />

Noble, Sheridan, Ritchie, Jagadeeswaran et coll., 1990; Noble, 1992). Noble a fondé son étude sur<br />

l’hypothèse que <strong>les</strong> personnes ayant un nombre inférieur de récepteurs « peuvent avoir besoin d’une<br />

stimulation très forte de ces quelques récepteurs »; par conséquent, el<strong>les</strong> recherchent cette stimulation<br />

en prenant de l’alcool (Noble, 1992 : 27 dans Saggers et Gray, 1998 : 70, accentuation dans le texte).<br />

Dans le cadre de son étude, Noble a examiné des spécimens de cerveau de personnes décédées et il a<br />

constaté que l’allèle, un gène allélomorphe dont le code génétique n’indique que quelques récepteurs,<br />

était plus commun <strong>chez</strong> <strong>les</strong> alcooliques décédés que <strong>chez</strong> <strong>les</strong> non-alcooliques. Par contre, en s’appuyant<br />

sur <strong>les</strong> catégories racia<strong>les</strong>, il n’a constaté aucune différence entre <strong>les</strong> sujets de race blanche et de race<br />

noire (Noble, 1992). Certaines études similaires semblent avoir confirmé ce résultat, alors que d’autres<br />

n’ont pas réussi à le faire (Karp, 1992). En faisant la synthèse de ces études, Saggers et Gray écrivent :<br />

[TRADUCTION] En ne prenant pas en ligne de compte le problème majeur que<br />

constitue « l’alcoolisme », comme le font remarquer Saunders et Phillips (1993), la<br />

relation entre « l’alcoolisme » et la présence de récepteurs de la dopamine D reste une<br />

simple association, ce qui signifie en fait qu’aucun rapport de cause à effet n’a été démontré<br />

... [Alors qu’] il y a des facteurs biochimiques et physiologiques qui influencent <strong>les</strong> effets<br />

pro<strong>du</strong>its par l’alcool sur chaque personne et influent sur ses métabolites ... contrairement<br />

au préjugé populaire, rien n’indique de façon convaincante que ces différences causent<br />

l’abus d’alcool ou qu’el<strong>les</strong> expliquent des différences entre des populations en ce qui a<br />

trait aux habitudes de consommation d’alcool ou à leurs conséquences (1998 : 70).<br />

La susceptibilité raciale à l’alcoolisme et <strong>les</strong> effets de la consommation d’alcool ont également été abordés<br />

en fonction de la grossesse et de l’abus des substances psychoactives. Dans un article présentant <strong>les</strong><br />

facteurs de risque <strong>du</strong> SAF (<strong>Syndrome</strong> d’alcoolisation <strong>foetale</strong>) <strong>chez</strong> <strong>les</strong> populations amérindiennes, Aase<br />

a examiné « certains des facteurs peu connus et compris qui sont liés à la physiologie maternelle, ce<br />

manque de connaissances pouvant contribuer au risque accru <strong>du</strong> SAF <strong>chez</strong> <strong>les</strong> enfants amérindiens »<br />

(1981 : 154). En faisant référence à bon nombre des études présentées précédemment, cet auteur écrit:<br />

8 La dopamine est un neurotransmetteur dont la libération est stimulée par l’alcool (entre autres substances<br />

chimiques). Elle a divers effets, notamment de procurer un sentiment de plaisir si elle se joint aux récepteurs D à l’intérieur<br />

de certaines cellu<strong>les</strong> <strong>du</strong> cerveau. Le nombre de ces récepteurs est déterminé par un ou deux allèle(s) (des variants d’un gène)<br />

(Saggers et Gray, 1998).<br />

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