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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 3<br />

Les premiers colons, marchands de fourrures ou soldats européens, étaient enclins à faire une<br />

consommation abusive d’alcool, s’adonnant à des beuveries qui <strong>les</strong> entraînaient à se comporter de façon<br />

violente et perturbatrice.<br />

A titre d’exemple, voici ce qu’indiquait dans son journal un des premiers marchands de fourrures européens<br />

vivant au Canada :<br />

[TRADUCTION] De tous <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> <strong>du</strong> monde, j’ai l’impression que ce sont <strong>les</strong><br />

Canadiens en état d’ébriété qui sont <strong>les</strong> plus désagréab<strong>les</strong> : la consommation excessive<br />

d’alcool <strong>les</strong> porte de façon générale à s’engager dans des querel<strong>les</strong>, des batail<strong>les</strong> entre<br />

eux. En effet, j’aimerais mieux avoir au fort cinquante Indiens ivres que cinq Canadiens<br />

soûls (cité extraite de Smart et Ogborne, 1986 : 105).<br />

Pendant la période de la traite des fourrures, la consommation d’alcool n’était pas seulement réservée<br />

aux hommes. En fait, certaines femmes <strong>autochtones</strong> 2 prenaient régulièrement de l’alcool avec leurs<br />

compagnons. Même si bien des femmes <strong>autochtones</strong> prenant part au piégeage s’abstenaient de consommer<br />

de l’alcool, d’autres femmes au poste de traite se comportaient comme des hommes en prenant de<br />

l’alcool. Van Kirk (1980) rapporte qu’il a relevé dans le journal de nombreux marchands de fourrures<br />

que <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> « homeguard » [de garde en permanence aux postes de traite] étaient<br />

particulièrement susceptib<strong>les</strong> de devenir dépendantes à l’égard de l’alcool.<br />

Pour <strong>les</strong> femmes « homeguard » vivant au poste de traite ou à proximité, des épisodes de consommation<br />

alcoolique se pro<strong>du</strong>isaient plus fréquemment que <strong>chez</strong> <strong>les</strong> autres femmes, vu que, dans la plupart des<br />

cas, el<strong>les</strong> vivaient dans des situations précaires où l’abus d’alcool était jumelé à un autre comportement<br />

préjudiciable comme la prostitution (Waldram, Herring et Kue Young, 1995).<br />

Les documents historiques indiquent également que <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong>, buveuses d’alcool ou<br />

non, risquaient d’être victimes ainsi que leurs enfants d’actes de violence commis par <strong>les</strong> hommes de<br />

leur entourage. A titre d’exemple, Van Kirk (1991) rapporte que pendant la période de la traite des<br />

fourrures, <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> étaient à risque d’abus physique et sexuel perpétrés par des marchands<br />

de fourrures européens et des marchands <strong>autochtones</strong>; cette situation à risque s’aggravait <strong>les</strong> jours de<br />

beuverie, pendant la guerre commerciale des fourrures. Maracle (1994) a relevé dans la documentation<br />

historique de nombreux témoignages de femmes <strong>autochtones</strong> essayant désespérément de cacher <strong>les</strong><br />

armes de leur époux et de leurs fils ivres dans l’intention de se protéger, mais surtout de protéger leurs<br />

enfants. Malgré que, dans <strong>les</strong> premiers temps de la période <strong>du</strong> contact, la consommation d’alcool soit<br />

devenue un problème social pour certains Autochtones, un grand nombre de personnes s’en sont<br />

abstenues. Dans bien des régions, <strong>les</strong> dirigeants <strong>autochtones</strong> et leurs collaborateurs considéraient l’alcool<br />

comme dommageable pour <strong>les</strong> personnes.<br />

2 Pendant la période initiale de contact, <strong>les</strong> femmes européennes n’ont pas accompagné <strong>les</strong> hommes. Par conséquent,<br />

il était fréquent qu’une femme autochtone épouse un Européen et élève une famille avec lui. Ces femmes ont souvent<br />

exercé un rôle important en établissant des liens entre <strong>les</strong> Européens et <strong>les</strong> cultures <strong>autochtones</strong>; <strong>les</strong> documents historiques<br />

indiquent que bon nombre de ces femmes ont exercé beaucoup d’influence sur leur mari européen (Van Kirk, 1991).<br />

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