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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Intro<strong>du</strong>ction<br />

Chapitre 3<br />

Consommation d’alcool <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones au Canada<br />

Selon la documentation historique et scientifique portant sur <strong>les</strong> questions relatives à la santé et aux<br />

conditions socia<strong>les</strong> des Autochtones en Amérique <strong>du</strong> Nord, la fréquence élevée de l’usage abusif d’alcool<br />

<strong>chez</strong> <strong>les</strong> populations <strong>autochtones</strong> en général représente une préoccupation centrale. D’après des<br />

témoignages historiques, la consommation d’alcool a commencé <strong>chez</strong> certaines populations agrico<strong>les</strong><br />

<strong>autochtones</strong> des régions <strong>du</strong> sud des Amériques pendant la période de pré-contact avec <strong>les</strong> Européens.<br />

Dans ce contexte, on ne s’enivrait que rarement, étant donné que l’alcool était principalement consommé<br />

pendant des cérémonies religieuses (Fournier et Crey, 1997). Dans <strong>les</strong> régions <strong>du</strong> Nord, y compris la<br />

région maintenant connue comme le Canada, <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> indigènes n’avaient pas de tradition en matière<br />

de fabrication d’alcool; ce n’est qu’après le contact avec <strong>les</strong> Européens que l’alcool a été intro<strong>du</strong>it auprès<br />

des Autochtones (Brady, 2000).<br />

L’intro<strong>du</strong>ction de l’alcool auprès des peup<strong>les</strong> <strong>autochtones</strong> au Canada remonte à la fin <strong>du</strong> dix-septième<br />

siècle dans la région de la Baie d’Hudson. Les marchands de fourrures français, avides d’obtenir des<br />

fourrures, donnaient de l’alcool en cadeau d’échange pour attirer <strong>les</strong> trappeurs <strong>autochtones</strong> et <strong>les</strong><br />

convaincre de faire des affaires avec eux (Brady, 2000; Waldram, Herring et Kue Young, 1995).<br />

Dans ces activités <strong>du</strong> marché de peaux de fourrure, <strong>les</strong> dons et le commerce d’alcool ont rapidement pris<br />

beaucoup d’importance, devenant la stratégie adoptée par <strong>les</strong> compagnies riva<strong>les</strong> <strong>du</strong> commerce de fourrures<br />

pour attirer <strong>les</strong> trappeurs <strong>autochtones</strong> à leurs postes (Waldram, Herring et Kue Young, 1995; Ray,<br />

1974).<br />

De nombreux témoignages écrits, particulièrement ceux des Jésuites, rapportent <strong>les</strong> effets délétères de<br />

l’intro<strong>du</strong>ction de l’alcool auprès des Autochtones pendant cette période. Les Jésuites faisaient part<br />

notamment d’agressions et de meurtres comme de grands fléaux sociaux, ainsi que d’autres problèmes<br />

tels que <strong>les</strong> agressions sexuel<strong>les</strong>, la rupture des coup<strong>les</strong> et l’éclatement de la famille et la privation de<br />

nourriture (Waldram, Herring et Kue Young, 1995).<br />

D’autres documents historiques montrent que <strong>chez</strong> certains groupes <strong>autochtones</strong>, la première exposition<br />

à l’alcool a été plutôt marquée par une période initiale de « grâce <strong>du</strong> novice » où la consommation de<br />

boissons alcoolisées n’a pas entraîné de comportements antisociaux (Frank, Moore et coll., 2000;<br />

MacAndrew et Edgerton, 1969). Au Canada, <strong>les</strong> premiers temps <strong>du</strong> contact ont été en général une<br />

époque où <strong>les</strong> Autochtones ne prenaient de l’alcool qu’au poste de traite, vu le risque que comportait le<br />

fait de boire quand ils étaient sur <strong>les</strong> sentiers de piégeage. L’alcool était aussi trop lourd à transporter sur<br />

de grandes distances. Les visites régulières au poste de traite étaient associées à des fêtes où on consommait<br />

de l’alcool pendant une journée ou deux, ordinairement jusqu’à l’épuisement des réserves (Saggers et<br />

Gray, 1998).<br />

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