Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ... Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

28.08.2013 Views

Chapitre 10 « Pratiques exemplaires » révisées 1. Bien qu’il n’existe aucune indication probante à ce jour, il y a un consensus des spécialistes appuyant des interventions, des services d’assistance continus ou de gestion de cas afin d’aider la personne affectée par l’exposition prénatale à l’alcool à surmonter adéquatement les nombreuses difficultés de sa vie d’adulte. La participation des adultes autochtones affectés par les effets de l’alcoolisation foetale à des activités communautaires permettant de renforcer le sentiment d’identité autochtone et d’acquérir des connaissances et des compétences de la culture traditionnelle peut aider à l’intégration continue des personnes affectées. 2. Bien qu’il n’existe pas d’indication probante à ce jour, il y a un consensus de spécialistes préconisant que des programmes fréquemment demandés, comme le traitement d’abus des substances psychoactives, la formation à l’emploi, les traitements en santé mentale et les services correctionnels doivent être modifiés pour que ces personnes puissent en tirer profit. Des précautions doivent être prises pour que les personnes participant à ces programmes ne soient pas étiquetées sans avoir préalablement eu une évaluation médicale comme des personnes affectées du SAF/malformations congénitales liées à l’alcool. Les adultes autochtones affectés par l’exposition intra-utérine à l’alcool peuvent profiter de programmes qui renforcent leur identité autochtone et les aident à établir des liens solides avec la collectivité autochtone. Les praticiens autochtones et les Aînés peuvent exercer un rôle central en oeuvrant auprès des personnes affectées pendant qu’elles participent à ces programmes ou sont incarcérées; ils peuvent aussi grandement faciliter la réinsertion des personnes affectées dans leur collectivité. Enfants affectés par la consommation d’autres drogues pendant la grossesse 55 Roberts et Nanson (2000), avec le concours du comité directeur national, ont déterminé trois « pratiques exemplaires » en ce qui concerne les enfants affectés par la consommation d’autres drogues pendant la grossesse. « Pratiques exemplaires » 1. Il existe certaines indications probantes que des mesures de confort (c.-à-d. langer [emmailloter le bébé] et le tenir dans ses bras) sont efficaces comme interventions dans des cas bénins du syndrome de manque néonatal, alors que des traitements pharmacologiques comme le phénobarbital et l’élixir parégorique peuvent venir en aide dans des cas plus sévères de cure de sevrage. 2. Il existe certaines indications probantes et un consensus des spécialistes indiquant que le soutien et l’assistance prodigués à la mère immédiatement après la naissance du bébé au moyen d’une gamme complète de services (comme la santé mentale, le traitement de l’abus de substances psychoactives, les consultations familiales, l’éducation parentale, la formation scolaire, la formation à l’emploi et l’aide au logement) aboutissent à de meilleures résultats en ce qui concerne la mère et l’enfant. 55 La documentation portant sur l’exposition foetale à la drogue a été brièvement abordée dans ce rapport. Pour un examen plus approfondi de cette documentation et des « pratiques exemplaires », se reporter à Roberts et Nanson, 2000. 312

Chapitre 10 3. Il existe certaines indications probantes et un consensus des spécialistes faisant ressortir la gestion ou prise en charge approfondie des cas, l’encadrement, les visites à domicile et un point unique d’accès aux services comme moyens efficaces de prestation des services. Liens intergénérationnels avec les pensionnats [TRADUCTION] Les problèmes d’alcool et de drogues et le désespoir ont pris chez nos jeunes une proportion endémique, et c’est chez eux que l’on retrouve les plus forts taux de suicide au Canada. Au moins 75 % des 200 à 275 décès causés par des blessures et des empoisonnements enregistrés chez les Premières Nations au cours des 10 dernières années touchaient les 10 à 20 ans. Dans cette même catégorie, à l’échelle nationale, on comptait entre 65 et 70 décès ... Chez les Premières Nations, le taux de mortalité foetale et infantile représentait près du double de la moyenne nationale, relevée depuis 1987. Là encore, les facteurs sociaux et économiques entrent en jeu, notamment les logements insalubres, l’absence d’eau potable et d’un réseau d’égouts, l’accès difficile aux services de santé. La situation tient aussi au mauvais état de santé de la mère, aux carences alimentaires et au manque de soins prénataux, auxquels vient s’ajouter l’effet nocif de la drogue et de l’alcool (cité dans Royal Commission on Aboriginal Peoples [Commission royale sur les peuples autochtones], 1996b : vol. 3, ch. 3, s. 2). En se reportant à l’analyse et aux propos tenus dans le cadre de ce rapport, les liens intergénérationnels entre le régime des pensionnats et les problèmes de santé et les problèmes sociaux actuels chez les Autochtones au Canada sont manifestes. Dans ce contexte, l’abus des substances psychoactives des femmes enceintes et le SAF/malformations congénitales liées à l’alcool figurent au nombre de ces problèmes. La Commission royale sur les peuples autochtones (Royal Commission on Aboriginal Peoples, 1996b) a écrit que la prévention du SAF/malformations congénitales liées à l’alcool chez les Autochtones dépend d’une seule chose : la réduction de la consommation d’alcool pendant la grossesse. Tout en ayant raison dans cette affirmation, les membres de la Commission ont aussi démontré dans leur rapport que cette « seule chose » faisait partie de l’histoire complexe des peuples autochtones, plus particulièrement de l’histoire des relations entre les Autochtones et les non Autochtones, dans le cadre desquelles les forces colonialistes se sont attaquées durement à la culture et à l’identité autochtones. Au coeur même de cette attaque, l’esprit et le corps des enfants autochtones étaient visés et, comme on l’a démontré dans les chapitres précédents, même si les enfants autochtones, les parents et les collectivités ont résisté à cette attaque, il reste néanmoins qu’il y a eu des répercussions à long terme chez les Autochtones, notamment toute une panoplie de problèmes de santé et de problèmes sociaux graves. Les dirigeants autochtones et de nombreuses collectivités considèrent le syndrome d’alcoolisation foetale et les malformations congénitales liées à l’alcool comme une manifestation récemment reconnue et particulièrement insidieuse de l’oppression colonialiste causant des atteintes permanentes à la santé des enfants, à la Septième génération et à l’avenir de tous les Autochtones. La logique sous-jacente à cette menace semble être explicite, étant donné que l’abus d’alcool – et, par voie de conséquence, le SAF/ malformations congénitales liées à l’alcool – est un problème reconnu dans la population générale autochtone. Les liens avec le régime des pensionnats sont aussi relativement explicites en raison de 313

Chapitre 10<br />

3. Il existe certaines indications probantes et un consensus des spécialistes faisant ressortir la gestion ou<br />

prise en charge approfondie des cas, l’encadrement, <strong>les</strong> visites à domicile et un point unique d’accès<br />

aux services comme moyens efficaces de prestation des services.<br />

Liens intergénérationnels avec <strong>les</strong> pensionnats<br />

[TRADUCTION] Les problèmes d’alcool et de drogues et le désespoir ont pris <strong>chez</strong><br />

nos jeunes une proportion endémique, et c’est <strong>chez</strong> eux que l’on retrouve <strong>les</strong> plus forts<br />

taux de suicide au Canada. Au moins 75 % des 200 à 275 décès causés par des b<strong>les</strong>sures<br />

et des empoisonnements enregistrés <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Premières Nations au cours des 10 dernières<br />

années touchaient <strong>les</strong> 10 à 20 ans. Dans cette même catégorie, à l’échelle nationale, on<br />

comptait entre 65 et 70 décès ...<br />

Chez <strong>les</strong> Premières Nations, le taux de mortalité <strong>foetale</strong> et infantile représentait près <strong>du</strong><br />

double de la moyenne nationale, relevée depuis 1987. Là encore, <strong>les</strong> facteurs sociaux et<br />

économiques entrent en jeu, notamment <strong>les</strong> logements insalubres, l’absence d’eau potable<br />

et d’un réseau d’égouts, l’accès difficile aux services de santé. La situation tient aussi au<br />

mauvais état de santé de la mère, aux carences alimentaires et au manque de soins<br />

prénataux, auxquels vient s’ajouter l’effet nocif de la drogue et de l’alcool (cité dans<br />

Royal Commission on Aboriginal Peop<strong>les</strong> [Commission royale sur <strong>les</strong> peup<strong>les</strong><br />

<strong>autochtones</strong>], 1996b : vol. 3, ch. 3, s. 2).<br />

En se reportant à l’analyse et aux propos tenus dans le cadre de ce rapport, <strong>les</strong> liens intergénérationnels<br />

entre le régime des pensionnats et <strong>les</strong> problèmes de santé et <strong>les</strong> problèmes sociaux actuels <strong>chez</strong> <strong>les</strong><br />

Autochtones au Canada sont manifestes. Dans ce contexte, l’abus des substances psychoactives des<br />

femmes enceintes et le SAF/malformations congénita<strong>les</strong> liées à l’alcool figurent au nombre de ces<br />

problèmes. La Commission royale sur <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> <strong>autochtones</strong> (Royal Commission on Aboriginal Peop<strong>les</strong>,<br />

1996b) a écrit que la prévention <strong>du</strong> SAF/malformations congénita<strong>les</strong> liées à l’alcool <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones<br />

dépend d’une seule chose : la ré<strong>du</strong>ction de la consommation d’alcool pendant la grossesse.<br />

Tout en ayant raison dans cette affirmation, <strong>les</strong> membres de la Commission ont aussi démontré dans<br />

leur rapport que cette « seule chose » faisait partie de l’histoire complexe des peup<strong>les</strong> <strong>autochtones</strong>, plus<br />

particulièrement de l’histoire des relations entre <strong>les</strong> Autochtones et <strong>les</strong> non Autochtones, dans le cadre<br />

desquel<strong>les</strong> <strong>les</strong> forces colonialistes se sont attaquées <strong>du</strong>rement à la culture et à l’identité <strong>autochtones</strong>. Au<br />

coeur même de cette attaque, l’esprit et le corps des enfants <strong>autochtones</strong> étaient visés et, comme on l’a<br />

démontré dans <strong>les</strong> chapitres précédents, même si <strong>les</strong> enfants <strong>autochtones</strong>, <strong>les</strong> parents et <strong>les</strong> collectivités<br />

ont résisté à cette attaque, il reste néanmoins qu’il y a eu des répercussions à long terme <strong>chez</strong> <strong>les</strong><br />

Autochtones, notamment toute une panoplie de problèmes de santé et de problèmes sociaux graves. Les<br />

dirigeants <strong>autochtones</strong> et de nombreuses collectivités considèrent le syndrome d’alcoolisation <strong>foetale</strong> et<br />

<strong>les</strong> malformations congénita<strong>les</strong> liées à l’alcool comme une manifestation récemment reconnue et<br />

particulièrement insidieuse de l’oppression colonialiste causant des atteintes permanentes à la santé des<br />

enfants, à la Septième génération et à l’avenir de tous <strong>les</strong> Autochtones. La logique sous-jacente à cette<br />

menace semble être explicite, étant donné que l’abus d’alcool – et, par voie de conséquence, le SAF/<br />

malformations congénita<strong>les</strong> liées à l’alcool – est un problème reconnu dans la population générale<br />

autochtone. Les liens avec le régime des pensionnats sont aussi relativement explicites en raison de<br />

313

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!