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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 10<br />

se débrouiller seul. En fait, il avait commencé à avoir des démêlés avec la justice avant de<br />

laisser sa famille d’accueil et, depuis ce temps-là, il est allé en prison de façon intermittente<br />

pour des infractions mineures. Bon nombre de facteurs l’ont entraîné dans cette<br />

situation : « Une fois qu’on vous emprisonne, je pense qu’on devient un meilleur criminel<br />

parce que la question de la criminalité vous entoure ... on vous donne des idées, on<br />

entend d’autres détenus parler de la façon dont ils ont procédé, comment ils en sont<br />

arrivés là ... mais j’ai l’impression que, pour beaucoup d’Indiens comme nous, la prison<br />

devient une partie de notre vie on a des onc<strong>les</strong>, des tantes, des cousins en prison, et,<br />

quand on y va à notre tour, on a de la famille parmi <strong>les</strong> détenus, cela devient une partie<br />

de notre vie. Comme mon plus jeune frère me le disait, avant que je sois condamné à<br />

l’emprisonnement, « bien, il était à peu près temps que tu retournes en prison ». Pour<br />

eux, la prison, c’est une sorte de mode de vie respectable.<br />

James vivait avec sa petite amie dans une chambre d’un hôtel délabré d’un secteur de la<br />

ville reconnu pour des problèmes de toxicomanie, de prostitution, de violence et de<br />

pauvreté. Ni l’un ni l’autre ne pouvaient voir comment leur situation pouvait s’améliorer<br />

dans un avenir prochain. Quand j’ai demandé à James ce qu’il planifiait faire maintenant<br />

qu’il était sorti de prison, il a expliqué : « à ma sortie de prison, ils m’ont dit : « Voici ton<br />

argent. Il y aura toujours une place au moment où tu décideras de revenir. » C’est tout.<br />

Obtenir un emploi, c’est très difficile <strong>du</strong> fait que j’ai un casier judiciaire. Recevoir de<br />

l’aide sociale, c’est aussi difficile vu que j’ai été incarcéré ... Ils s’attendent à ce que je ne<br />

reste pas en liberté trop longtemps et que je retourne en prison. » James subvenait à ses<br />

besoins en « trafiquant », ce qui en fait signifie voler de l’argent ou autre chose qu’il<br />

pouvait mettre en gage ou vendre dans la rue. Il n’avait aucun autre revenu; sa meilleure<br />

stratégie, d’après lui, était de rester hors de vue de la police. Pourtant, il s’attendait<br />

réellement à finir par retourner en prison dans un an ou deux. À part de sa petite amie,<br />

tous ses amis et ses parents étaient des buveurs excessifs ou inhalaient des solvants.<br />

Même s’il avait suivi bon nombre de traitements de l’alcoolisme et de la toxicomanie,<br />

une fois retourné dans son milieu, il rechutait rapidement (Tait, 2003 : 338-339).<br />

Ce qui ressort de la situation de James, c’est que, outre le fait <strong>du</strong> syndrome et de ses effets, il y a de<br />

nombreux autres facteurs ayant contribué à ce qu’il aboutisse en prison. Même si certains soutiendront<br />

qu’il est en prison en raison des effets de l’alcoolisation <strong>foetale</strong> et <strong>du</strong> fait de son enfance difficile, il n’en<br />

reste pas moins qu’il aurait pu finir en prison même si sa mère n’avait pas bu pendant sa grossesse. Trop<br />

souvent, on ne prête attention qu’aux effets de l’alcoolisation <strong>foetale</strong>, de telle sorte que le reste de la vie<br />

des personnes comme James est passée sous silence. James explique clairement que d’aller en prison<br />

n’est pas juste une question d’être pris à commettre un acte criminel, mais que c’est aussi entraîné par<br />

bon nombre de facteurs environnementaux et relationnels très importants pour comprendre la récidive<br />

(Tait, 2003). Kleinman et ses collaborateurs soutiennent que « ce que nous représentons et la façon<br />

dont nous le représentons préfigurent ce que nous ferons, ou ne ferons pas, pour intervenir. Ce qui n’est<br />

pas représenté n’est pas la réalité. beaucoup de détresse, de souffrances, habituel<strong>les</strong> restent invisib<strong>les</strong>;<br />

beaucoup de ce qui est ren<strong>du</strong> manifeste n’est pas normal ou routinier » (1997 : xiii).<br />

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