Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Chapitre 10
A titre d’exemple, les problèmes intergénérationnels qui prévalent chez certains groupes autochtones,
notamment des problèmes de santé mentale, une fréquence élevée d’incarcération et d’abandon scolaire,
de dysfonctionnement sexuel, de problèmes de drogue et d’alcool, une fois reconceptualisés comme des
« déficiences secondaires » découlant d’atteinte intra-utérine causée par l’alcool maternel, aboutissent
en problèmes traités au même titre que des troubles médicaux plutôt que des incidences d’ordre social
et sanitaire de l’oppression colonialiste. Les interventions ou mesures adoptées sont généralement axées
sur les personnes affectées plutôt que sur l’application de stratégies comme le développement
communautaire.
Dans ce contexte, les populations sont cataloguées, considérées comme ayant un taux très élevé du SAF/
malformations congénitales liées à l’alcool, même si très peu de personnes ont été réellement évaluées
ou diagnostiquées (Tait, 2003). Un exemple récent concernant des hommes autochtones démontre
l’attention toute particulière qu’on a attribué au SAF/malformations congénitales liées à l’alcool à Service
correctionnel du Canada. Actuellement, il n’y a qu’une étude préliminaire menée au Canada pour
déterminer le taux de prévalence chez les populations incarcérées (Fast, Conry et coll., 1999); dans les
faits, aucun détenu adulte, et seulement un petit nombre de jeunes délinquants ont été évalués ou
diagnostiqués. En dépit du peu de données dont on dispose, Service correctionnel du Canada a publié
un rapport de recherche (Boland, Burrill et coll., 1998) et un article (Boland, Duwyn et coll., 2000)
indiquant le taux de prévalence élevé du SAF/malformations congénitales liées à l’alcool chez les détenus
autochtones.
Boland et ses collaborateurs écrivent :
[TRADUCTION] Étant donné que les délinquants autochtones sont vraiment
surreprésentés dans le système judiciaire fédéral, la question se pose, quant à savoir si un
des facteurs contributifs serait le taux élevé du SAF/EAF relevé dans la population
autochtone (2000 : 18).
En conséquence de cette allégation, la marginalisation sociale, des stratégies d’acculturation colonialiste,
dont le régime des pensionnats, et le racisme systémique sont remplacés par des causes attribuant aux
mères ayant abusé de substances psychoactives l’atteinte cérébrale de leur descendant comme principaux
facteurs contributifs du taux d’incarcération élevé des hommes autochtones. Par ailleurs, de façon
généralisée, les détenus autochtones démontrent dans leur comportement toutes les « déficiences
secondaires » attribuées au SAF/EAF (Tait, 2003). A titre d’exemple, dans un rapport de synthèse de
deux enquêtes auprès de la population autochtone carcérale fédérale au Canada, Johnston (2000) constate
que les détenus autochtones partagent des antécédents similaires relatifs à leur enfance, notamment la
pauvreté, l’abus d’alcool et de drogue, l’absence parentale et des problèmes de comportement.
L’abus physique et sexuel dans l’enfance est fréquent dans le milieu de vie social des populations de l’étude
(Johnston, 2000), ce qui, d’après l’examen de la question au chapitre quatre, peut entraîner divers problèmes
à l’âge adulte, dont l’abus des substances psychoactives, l’impulsivité, l’isolement, les troubles de
personnalité, le dysfonctionnement sexuel, la dévalorisation, la dépression et un comportement compulsif
(Green, 1993).
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