Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Chapitre 10
indiquant qu’une partie seulement des femmes qui abusent de l’alcool pendant leur grossesse donnent
naissance à des enfants affectés et que des facteurs environnementaux exercent une influence importante
au niveau de la compréhension du syndrome au cours de la trajectoire de toute une vie.
Examen des « déficiences ou incapacités secondaires » : l’exemple des détenus autochtones
Les chercheurs en recherche médicale, les cliniciens, ainsi que les groupes de pression de parents et
d’action communautaire, s’intéressent vivement aux « déficiences secondaires », soit ce qu’on croit être
attribuable à l’interaction entre les déficiences primaires, en particulier les anomalies
neurodéveloppementales, et l’environnement dans lequel la personne vit. Étant donné que les marqueurs
biologiques du SAF/EAF et des malformations congénitales liées à l’alcool (p. ex. les traits du visage, le
retard staturo-pondéral) chez certaines personnes, particulièrement dans l’adolescence et l’âge adulte,
peuvent changer et devenir indistincts, flous, selon la normalité et qu’il n’y a aucune imagerie cérébrale
permettant d’identifier l’atteinte cérébrale causée par l’exposition intra-utérine à l’alcool, on s’appuie
sur le comportement comme marqueur de l’atteinte causée par l’alcool in utero.
On pense que les déficiences secondaires apparaissent après la naissance et qu’on peut y remédier ou
apporter des améliorations probablement par une bonne connaissance et compréhension des interventions
appropriées (Streissguth et coll., 1997). Des spécialistes affirment que certains problèmes de santé et des
problèmes sociaux, des « déficiences secondaires », notamment des problèmes de santé mentale, des
expériences scolaires perturbantes (suspension, expulsion ou abandon), des démêlés avec la justice, de
l’internement ou la détention (traitement en établissement pour des raisons de santé mentale ou des
problèmes de dépendance/toxicomanie ou d’incarcération), un comportement sexuel inapproprié et
des problèmes d’alcool ou de drogue peuvent être une indication du SAF/de malformations congénitales
liées à l’alcool, si l’exposition intra-utérine à l’alcool est connue ou soupçonnée.
L’ensemble des « déficiences secondaires » a été établie à l’aide de documents indiquant que ces
manifestations en nombre disproportionné se retrouvent chez la population générale autochtone du
Canada (Tait, 2000b; Royal Commission on Aboriginal Peoples [Commission royale sur les peuples
autochtones], 1993; 1996b; Waldram, Herring et Kue Young, 1995). En général, la surreprésentation
de ces problèmes a été attribuée à l’influence de longue date de l’oppression colonialiste qui continue
encore de nos jours à avoir des répercussions sur les collectivités autochtones et leurs membres (Royal
Commission on Aboriginal Peoples [Commission royale sur les peuples autochtones], 1996a); certains
auteurs autochtones ont récemment fait entrer le SAF/ malformations congénitales liées à l’alcool comme
une autre conséquence des stratégies d’acculturation colonialiste, notamment celle du régime des
pensionnats (Fournier et Crey, 1997).
Cependant, le fait d’étendre ce groupe de problèmes de santé et de problèmes sociaux comme marqueurs
du SAF/malformations congénitales liées à l’alcool, en l’absence de marqueur biologique précis, distinct,
malgré une confirmation de l’exposition prénatale à l’alcool maternel est confirmée, peut constituer un
risque pour la personne concernée d’être étiquetée de façon erronée comme personne ayant subi une
atteinte cérébrale permanente. Même si des auteurs comme Fournier et Crey (1997) associent l’influence
de l’oppression colonialiste au SAF/malformations congénitales liées à l’alcool, il s’agit d’une exception
plutôt que de la règle.
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