Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Chapitre 10
Chez les adultes affectés, on a constaté des problèmes de comportement semblables à ceux observés chez
les adolescents affectés du SAF/malformations congénitales liées à l’alcool. Streissguth et ses collaborateurs
ont aussi observé que, même si la déficience mentale n’était pas nécessairement prévisible à partir du
diagnostic seul, « des problèmes psychosociaux importants et des problèmes d’adaptation continus étaient
caractéristiques chez la majorité des patients » (1991 : 1965-1966). Par ailleurs, Tishler et ses collaborateurs
(1998) ont constaté dans le cadre de leur étude que les adultes descendants de femmes ayant bu pendant
leur grossesse avaient démontré des différences seulement par rapport à deux paramètres psychosociaux
lorsqu’ils ont été comparés au groupe de contrôle d’adultes non exposés : des antécédents de consommation
d’alcool pendant une période plus longue et une probabilité plus élevée de ne jamais se marier.
Tishler et ses collaborateurs (1998) ont étudié un groupe d’anciens combattants qui avaient été choisis
en raison du niveau d’acceptation de leur fonction dans la société (p. ex. la libération honorable de la vie
militaire) et leur admission à une unité de traitement de l’alcoolisme (une probabilité élevée d’alcoolisme
des parents, et donc un problème d’agrégation familial). Comme prédicteur hautement significatif chez
les descendants exposés, on a observé un philtrum (sillon sous-nasal) lisse, tout comme le poids et la
taille insuffisants à la naissance, ce facteur n’étant que légèrement significatif dans les cas étudiés. A part
ces facteurs, ces hommes qui avaient une histoire d’exposition prénatale à l’alcool maternel étaient
remarquablement semblables aux hommes du groupe de contrôle, sélectionnés uniquement parce qu’ils
avaient été admis au traitement en même temps que le groupe échantillon de l’étude.
Il n’y avait aucune différence significative entre les cas exposés à l’alcool et le groupe de contrôle en ce
qui a trait aux caractéristiques générales, notamment l’âge, l’âge du père à la naissance, l’ethnicité, le
niveau d’études des parents, le fait que les parents étaient décédés ou non. Pour ce qui est des comparaisons
plus directement associées à l’exposition à l’alcool, comme le niveau de scolarisation; d’autres indices
sur le plan du développement et de l’éducation (p. ex. si le sujet était jugé incapable d’apprendre, avait
un problème au niveau du langage, avait fréquenté des classes d’éducation spéciale) ou des indices
comme la capacité d’occuper un emploi, l’indice de la gravité d’alcoolisation [Alcohol Severity Index];
des antécédents d’incarcération; des paramètres somatiques (p. ex. les traits du visage, des variations de
la croissance), un poids et une taille insuffisants à la naissance, un philtrum lisse et des antécédents de
longue date d’abus d’alcool ont permis d’établir des différences entre la population des cas exposés à
l’alcool et celle du groupe de contrôle.
L’étude menée par Tishler et ses collaborateurs (1998) indique que d’autres recherches sur les groupes à
faible risque sont nécessaires pour mieux comprendre le SAF/malformations congénitales liées à l’alcool.
Leur étude contredit les connaissances générales détenues jusqu’à maintenant sur les personnes affectées.
A titre d’exemple, Streissguth et ses collaborateurs (1991) soutiennent que des résultats faibles,
défavorables, ont été constatés chez des patients ayant un fonctionnement intellectuel normal, ce qui
laisse présager que ces manifestations subtiles d’atteinte cérébrale prénatale peuvent exercer une influence.
Même si aucun des cas étudiés par Tishler et ses collaborateurs n’a été affecté par le syndrome complet,
il y a des indications probantes suffisantes pour estimer qu’à peu près 11 à 13 % de la population des cas
étaient affectés du EAF. Ils en ont conclu que ce résultat indiquait « qu’au moins certains descendants
adultes de mères alcooliques ne sont pas différents ou n’ont que des différences minimales quant à
l’apparence physique, la performance intellectuelle ou le développement psychosocial par rapport aux
personnes qui ne sont pas nées de mères alcooliques ou de buveuses excessives » (Tishler, Henschel,
Ngo, Walters et Worobec, 1998 : 1828). Ces constatations corroborent des résultats de recherche
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