Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Chapitre 10
Streissguth et ses collaborateurs posent la question suivante : « Les enfants affectés du SAF ont-ils subi des
placements multiples en famille d’accueil parce qu’ils étaient difficiles à contrôler, ou bien, est-ce que ce
sont les placements multiples qui ont rendu ces enfants difficiles à contrôler? » (1991 : 1966). Les
données d’information présentées dans ces deux études ne fournissent pas d’indications concluantes qui
permettent de répondre à cette question d’une façon ou d’une autre; depuis que ces questions ont été
posées pour la première fois en 1991, très peu d’études de recherche ont essayé d’explorer cette
problématique (Tait, 2003), en dépit du nombre très élevé d’enfants diagnostiqués, affectés du SAF/
malformations congénitales liées à l’alcool, et associés au système de placement familial ayant pour la
plupart fait l’expérience de placements à répétition tout au long de leur enfance. Dans les études, les
chercheurs tendent à trop concentrer leur effort sur l’identification des troubles neuropsychologiques et
à n’accorder que peu d’intérêt aux milieux postnataux. Streissguth et ses collaborateurs (1994) n’ont pas
fait appel à un groupe de contrôle (témoin) dans leur étude, ce qui aurait pu apporter plus de clarification
sur l’influence des placements multiples en famille d’accueil, sur celle du statut socio-économique, sur
celle de la situation géographique et des facteurs ethniques et culturels.
Une étude démographique, longitudinale et prospective, portant sur la performance de la mémoire et
de l’attention chez des adolescents, ainsi que sa relation avec l’exposition prénatale à l’alcool a été menée
par Streissguth et ses collaborateurs (1994). Les mères des enfants étaient principalement non Autochtones
(88 %), mariées (87 %) et de classe moyenne (81 %) et elles avaient fait 13, 7 années d’études. Ce
groupe de mères était considéré à « risque faible » selon les critères conventionnels relatifs à l’issue de la
grossesse. A l’âge de 7 ans, 95 % des enfants vivaient encore avec leur mère biologique et 70 % avec leur
père biologique. Ces données indiquent que la cohorte comprenait un nombre élevé de descendants qui
étaient simultanément à risque assez élevé quant aux effets découlant de l’exposition à l’alcool et à risque
assez faible quant aux autres causes possibles de l’issue défavorable sur le plan du développement.
Streissguth et ses collaborateurs (1994) soutiennent que, compte tenu du fait que les mères des enfants
étaient fondamentalement d’un groupe à faible risque (à l’origine elles étaient mariées, bien instruites,
recevant à la mi-grossesse des soins prénataux et ayant une incidence très faible d’autres indicateurs de
risque prénatal), leur comportement de consommation d’alcool à risque élevé (boire pendant la grossesse)
peut être directement associé à l’issue défavorable sur le plan du développement. De plus, ils ajoutent
qu’en raison des batteries de tests neurocomportementaux et attentionnels administrées à des âges
différents à l’échantillon, il a été possible de démontrer quelle issue, à quel âge, a été principalement
associé à l’exposition prénatale à l’alcool.
Les 464 participants représentaient 82 % de la cohorte initiale de naissances. On a fait passer une
batterie de tests pour déterminer les problèmes d’attention et de mémoire à court terme. Streissguth et
ses collaborateurs (1994) ont constaté que l’exposition prénatale à l’alcool avait continué à influer sur le
fonctionnement neurocomportemental des jeunes adolescents. Les participants avaient des difficultés
dans une situation de résolution de problèmes complexes, une moins bonne capacité d’apprentissage à
partir d’expérience nécessitant un rappel à court terme d’information complexe, ainsi que des stades
attentionnels variables. La probabilité d’une piètre performance relative à l’attention et aux tâches de
mémoire était nettement associée à une exposition prénatale à l’alcool à dose élevée ou prolongée. Une
exposition prénatale prolongée à l’alcool était aussi associée à la gravité et à l’augmentation du nombre
de problèmes en classe, comme des difficultés en arithmétique et en orthographe, et des problèmes de
comportement, comme de l’inattention.
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