Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Chapitre 10
à l’alcool. Il faut mener plus de recherches pour mieux comprendre les difficultés que les familles biologiques
ont à surmonter relativement aux services nécessités par leur enfant et au maintien d’un milieu de vie
stable.
Fantastic Antone Succeeds!, un livre important, essaie d’aborder les stéréotypes négatifs qu’on attribue
généralement aux enfants affectés par l’exposition intra-utérine à l’alcool (Kleinfeld et Wescott, 1993).
Ce livre démontre que le SAF/EAF n’est pas une condition de santé qui laisse peu d’espoir aux personnes
affectées; il présente les témoignages de dispensateurs de soins d’enfants affectés et de dispensateurs de
services de santé et de services sociaux qui transmettent un message d’espoir convaincant : ce message
indique que des progrès positifs ont été faits dans la vie des enfants affectés, et que la clé de la réussite
réside dans le maintien d’un milieu de vie stable avec des dispensateurs de soins aimants, attentifs.
Même si la question de la pauvreté n’est pas abordée, il apparaît clairement dans ce livre, de même que
dans l’information issue des manuels de ressources, qu’exercer le rôle de parents auprès d’un enfant
affecté est très difficile, voire impossible, si l’on vit dans la pauvreté.
Même s’il n’existe pas d’étude ayant analysé cette question, Tait (2003), qui l’a soulevée auprès d’un
groupe de parents de famille d’accueil et de parents adoptifs d’enfants affectés appartenant à la classe
moyenne, a obtenu un consensus général du groupe confirmant qu’il est nécessaire d’avoir une certaine
sécurité financière pour être parent de ce type d’enfants, spécialement dans le cas de parents biologiques
et adoptifs non admissibles à l’appui financier du gouvernement pour compenser le coût associé à la
condition de santé de leur enfant. Le groupe était d’accord qu’une mère célibataire vivant de l’aide
sociale aurait besoin de beaucoup de soutien pour réussir à prendre soin de son enfant; elle aurait besoin
d’un appui additionnel pour couvrir les frais médicaux et le coût des soins de relève ainsi que pour avoir
un logement stable.
Dans le cas des familles pauvres, en plus de ces considérations financières, il y a la difficulté d’exercer des
pressions pour l’enfant, particulièrement si elles ne sont que très peu scolarisées et qu’elles se sentent
intimidées par les enseignants, les travailleurs sociaux et les spécialistes de la santé. Étant donné que bon
nombre de familles autochtones vivent au-dessous du seuil de la pauvreté, ces préoccupations revêtent
davantage d’importance pour elles; en effet, cette situation mène à ce que les enfants autochtones ne
puissent pas être placés en famille d’accueil ou adoptés par des membres de la famille élargie, mais
plutôt par des familles non autochtones ayant plus de ressources financières. De plus, si le ministère des
Services sociaux de la province ou du territoire où réside la famille alloue moins d’argent aux familles
d’accueil apparentées à l’enfant, ce parti pris ou cette partialité pourra pénaliser encore plus les membres
de la famille biologique et les empêcher d’être les dispensateurs de soins des enfants affectés (Tait,
2003).
Dans ces sources, on a identifié l’enfance comme une période très importante où les besoins spéciaux
des enfants affectés par l’exposition intra-utérine à l’alcool doivent être satisfaits afin de prévenir ou de
diminuer les problèmes comportementaux, scolaires et sociaux pendant l’adolescence et l’âge adulte.
Bien que ce rapport ne couvre que quelques problèmes faisant partie d’une myriade de facteurs pouvant
influer sur ce qui aidera ou ce qui n’aidera pas les enfants affectés et leur famille, il apparaît toutefois
évident qu’on a besoin de plus de connaissances sur les répercussions des influences du milieu de vie, y
compris les placements multiples en famille d’accueil, le dysfonctionnement familial et la pauvreté.
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