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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 10<br />

l’enfant affecté confié à leur garde un membre permanent de leur famille, l’accroissement <strong>du</strong> fardeau<br />

financier par suite de l’adoption pourrait en dissuader certains d’aller de l’avant. Cette situation constitue<br />

pour l’enfant affecté un risque d’être retiré à n’importe quel moment par <strong>les</strong> services sociaux <strong>du</strong> foyer<br />

nourricier avec qui il a développé des liens d’affection et d’être séparé de personnes qui se sont attachées<br />

à lui. De plus, <strong>les</strong> parents de famille d’accueil n’ont aucune garantie juridique <strong>les</strong> protégeant contre le<br />

retrait des enfants par <strong>les</strong> services sociaux; par conséquent, en n’adoptant pas l’enfant, <strong>les</strong> parents de<br />

famille d’accueil risquent que <strong>les</strong> enfants soient retirés de leur foyer.<br />

Rutman et Normand (1996) ont constaté que le nombre de parents disposés à adopter des enfants<br />

affectés par l’exposition intra-utérine à l’alcool a chuté en Colombie-Britannique au cours des dernières<br />

années. On attribue cette situation aux efforts <strong>du</strong> ministère des Services sociaux visant à faire comprendre<br />

<strong>les</strong> « réalités » liées à l’exercice <strong>du</strong> rôle parental à l’endroit de ces enfants. On ne sait pas très bien ce que<br />

cette intervention signifie en ce qui a trait aux enfants <strong>autochtones</strong> placés en famille d’accueil, mais de<br />

nombreuses questions ont été soulevées par suite de la diminution <strong>du</strong> nombre d’adoptions. Tout d’abord,<br />

y a-t-il moins d’enfants <strong>autochtones</strong> affectés par l’exposition intra-utérine à l’alcool qui sont adoptés en<br />

raison de leur déficience?<br />

Si la réponse est affirmative, quel<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> raisons de cette diminution? P. ex.; s’agit-il de famil<strong>les</strong><br />

<strong>autochtones</strong> refusant d’adopter des enfants affectés et/ou <strong>du</strong> ministère des Services sociaux empêchant<br />

l’adoption d’enfants affectés par certaines famil<strong>les</strong> <strong>autochtones</strong> parce que le personnel <strong>du</strong> ministère a<br />

l’impression que ces famil<strong>les</strong> sont mal équipées, mal préparées à exercer un rôle de parents auprès d’un<br />

enfant affecté? Les enfants <strong>autochtones</strong> affectés par l’exposition intra-utérine à l’alcool sont-ils plus<br />

susceptib<strong>les</strong> d’être placés à répétition dans des famil<strong>les</strong> d’accueil et d’être placés dans une famille d’accueil<br />

par des parents adoptifs que d’autres enfants en placement familial? Les famil<strong>les</strong> <strong>autochtones</strong> désirant<br />

adopter un enfant autochtone affecté sont-el<strong>les</strong> désavantagées dans leurs tentatives en raison de problèmes<br />

comme la pauvreté, le fait qu’el<strong>les</strong> vivent dans une collectivité isolée ou qu’el<strong>les</strong> sont monoparenta<strong>les</strong>? Il<br />

arrive que des parents de famille d’accueil se sentent plus à risque d’être victimes <strong>du</strong> pouvoir que peuvent<br />

exercer <strong>les</strong> services sociaux sur plusieurs plans, comme l’a exprimé une travailleuse sociale communautaire<br />

oeuvrant en étroite collaboration avec des famil<strong>les</strong> d’accueil :<br />

[TRADUCTION] Quatre-vingt dix pour cent des parents de famille d’accueil sont<br />

pétrifiés par le ministère des Services sociaux. Ils ont peur s’ils demandent de l’aide<br />

d’être considérés comme des mauvais parents de famille d’accueil; ils ont peur s’ils<br />

demandent des soins de relève ou de répit d’être qualifiés d’inefficaces. Si un enfant a un<br />

accident, [ils ont peur] qu’on <strong>les</strong> juge incapab<strong>les</strong> de surveiller l’enfant. S’ils demandent<br />

plus de ressources, d’être jugés mesquins. Ils partagent avec moi leurs appréhensions,<br />

leurs craintes, que jamais ils n’oseraient confier à des travailleurs sociaux. Ils ont peur. Je<br />

trouve cette situation extrêmement triste (Rutman et Normand, 1996 : 12).<br />

Cette vulnérabilité peut être même encore plus accentuée dans le cas de famil<strong>les</strong> d’accueil <strong>autochtones</strong><br />

qui pourraient aussi devoir faire face au racisme et à l’incompréhension des pratiques et des croyances<br />

culturel<strong>les</strong> (p. ex. des coutumes et des méthodes parenta<strong>les</strong> traditionnel<strong>les</strong>) de la part des travailleurs<br />

sociaux, des enseignants et des spécialistes de la santé. Ces famil<strong>les</strong> peuvent aussi être soumises à une<br />

plus grande surveillance et à un examen plus minutieux que <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> non <strong>autochtones</strong>.<br />

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