Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ... Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

28.08.2013 Views

Chapitre 10 qu’uniquement sur celui des enfants. Il en résulte donc que, même si les enfants sont retirés de la garde de leur mère, cette dernière fait encore partie du programme. Celui ci met en application une approche d’intervention directe et pratique, aidant les femmes à recourir aux services dont elles ont besoin, et à l’opposé d’autres programmes, c’est la femme, et non pas le dispensateur de services, qui détermine ce dont elle a besoin (2000a : 19). Dans le cadre des programmes Stop FAS, les femmes sont appuyées dans leurs efforts pour satisfaire aux besoins de leur enfant et, autant que possible, d’autres membres de la famille sont encouragés à participer en soutenant la mère et l’enfant. Même si ces programmes sont relativement nouveaux, des femmes qui en font partie ainsi que les dispensateurs de services ayant fourni des services de « première ligne » aux femmes à « risque élevé » ont rapporté des résultats positifs (Tait, 2000a). Le centre autochtone de santé et de mieux-être, Aboriginal Health and Wellness Centre, à Winnipeg, au Manitoba, assure le fonctionnement d’un programme Stop FAS, qui est une version modifiée du programme de départ élaboré à Seattle. Ce programme vise un groupe diversifié de femmes autochtones en milieu urbain qui viennent de nations différentes et de milieux sociaux culturels différents (p. ex. de collectivités rurales et urbaines) et qui sont aux prises avec toute une gamme de problèmes de santé et de problèmes sociaux. Il est fondé sur une approche holistique qui favorise l’intégration de connaissances et de pratiques traditionnelles dans la prestation de services; il dispense un volet prévention/éducation qui s’étend à la communauté autochtone générale à Winnipeg. Le renforcement du sentiment d’identité culturelle chez les femmes autochtones participant au programme est un aspect très important. Pour diverses raisons, notamment le fait d’avoir fréquenté les pensionnats, d’avoir été élevées dans des foyers d’accueil et d’adoption non autochtones et d’avoir subi un racisme continuel, ces femmes n’ont qu’une connaissance très limitée de leur culture ou sont devenues aliénées, ayant perdu la fierté de leur identité autochtone. Les responsables du fonctionnement du programme Stop FAS ont constaté que la réintroduction à la culture et le renforcement de l’identité autochtone ont influencé positivement la décision de ces femmes de traiter leurs problèmes de dépendance; de se constituer un réseau de soutien et de relations saines; et, d’exercer leur rôle parental auprès de leurs enfants. Au coeur de ce processus, le facteur motivateur pour ces femmes est que le programme est offert dans un centre de santé et de mieux-être géré par des Autochtones et dont le personnel au complet est autochtone. Même s’il n’y a pas d’études publiées démontrant les bienfaits d’une programmation spéciale axée sur le SAF ou sur une intervention éducative générale précoce auprès de jeunes enfants affectés du SAF et de conditions semblables, il a été prouvé que l’éducation précoce est efficace et bénéfique dans le cas des enfants affectés par d’autres troubles de développement, notamment le syndrome de Down, de même que chez les enfants vivant dans la pauvreté (Roberts et Nanson, 2000). Dans les programmes préscolaires américains destinés aux enfants ayant des effets connus d’exposition aux substances psychoactives, on a fait l’expérience de classes (multidisciplinaires) d’enfants en difficulté ainsi que de stratégies d’enseignement basées sur un suivi minutieux, sur un ratio élevé du personnel affecté aux élèves, et sur la participation fréquente d’orthophonistes, de moniteurs d’éducation physique adaptée, de travailleurs sociaux en milieu scolaire, de psychologues, d’infirmières et de médecins (Roberts et Nanson, 2000). La deuxième intervention de soutien consiste à intégrer des enfants d’âge préscolaire 284

Chapitre 10 affectés dans des classes avec des enfants non affectés du même âge, en faisant appel à un soutien professionnel solide et en appliquant un ratio enfants-personnel peu élevé (Olson et Burgess, 1997 dans Roberts et Nanson, 2000). Certains auteurs indiquent qu’en fonction de l’éducation préscolaire et du processus d’apprentissage, dans le cas où on traite avec des enfants au caractère impulsif – ce qui est commun chez les enfants affectés – il faut se laisser guider par des attentes réalistes précises et le renforcement d’interventions adaptées (Phelps et Grabowski, 1992 dans Roberts et Nanson, 2000). Dans certains cas, l’administration de médication comme le Ritalin pour traiter l’hyperactivité des enfants affectés du SAF s’est avérée efficace et, dans d’autres cas, inefficace (Streissguth et Giunta, 1988 dans Roberts et Nanson, 2000). « Pratiques exemplaires » révisées Équipes multidisciplinaires 1. Il existe un consensus des spécialistes appuyant l’établissement d’une équipe professionnelle et spécialisée, multidisciplinaire, pour répondre à la diversité des besoins de soins de santé complexes des enfants affectés. Cette équipe devrait être planifiée de telle sorte qu’elle puisse permettre de travailler à divers paliers de la prestation des services de santé, et devrait comprendre notamment des praticiens autochtones traditionnels et des dispensateurs de services locaux d’éducation, de santé et de services sociaux agissant à titre de membres de l’équipe de première ligne assurant la coordination de leurs efforts avec ceux des membres de l’équipe oeuvrant dans les hôpitaux et les milieux cliniques. Services de soutien en milieu de vie 2. Il existe certaines indications probantes préconisant qu’un milieu de vie stable, à long terme, contribue à des résultats plus positifs dans le cas d’enfants affectés par l’alcool in utero. L’application de cette mesure peut être facilitée par des services de traitement d’abus des substances psychoactives centrés sur la famille, des services de relève et autres services de soutien; et par la prestation d’information et de formation axée sur le SAF à l’intention des parents naturels, des foyers d’accueil et des parents adoptifs. Ces programmes doivent tenir compte des réalités culturelles du groupe visé et accorder une attention spéciale à la diversité d’identités culturelles caractérisant les populations des Premières Nations, des Métis et des Inuits. On doit attribuer aux membres de la famille biologique servant de parents de famille d’accueil à des enfants apparentés le même appui financier que celui attribué aux parents de famille d’accueil non apparentés aux enfants. De plus, on doit essayer d’abord et avant tout de placer les enfants en famille d’accueil au sein de leur collectivité ou dans des endroits voisins où des membres de la famille et de la collectivité peuvent entretenir des relations avec l’enfant. 3. Il existe un consensus des spécialistes indiquant que les programmes de garderie d’enfants destinés à des enfants affectés par l’exposition prénatale à l’alcool qui emploient un ratio peu élevé enfants/ personnel, qui font suivre aux enfants des routines structurées, et qui adaptent et contrôlent le niveau et le nombre de stimulations s’adressant aux enfants peuvent être plus efficaces. Ce processus sera grandement amélioré par la formation des travailleurs des services à l’enfance locaux afin qu’ils soient renseignés sur les besoins des enfants affectés du SAF/malformations congénitales liées à 285

Chapitre 10<br />

qu’uniquement sur celui des enfants. Il en résulte donc que, même si <strong>les</strong> enfants sont<br />

retirés de la garde de leur mère, cette dernière fait encore partie <strong>du</strong> programme. Celui ci<br />

met en application une approche d’intervention directe et pratique, aidant <strong>les</strong> femmes<br />

à recourir aux services dont el<strong>les</strong> ont besoin, et à l’opposé d’autres programmes, c’est la<br />

femme, et non pas le dispensateur de services, qui détermine ce dont elle a besoin<br />

(2000a : 19).<br />

Dans le cadre des programmes Stop FAS, <strong>les</strong> femmes sont appuyées dans leurs efforts pour satisfaire aux<br />

besoins de leur enfant et, autant que possible, d’autres membres de la famille sont encouragés à participer<br />

en soutenant la mère et l’enfant. Même si ces programmes sont relativement nouveaux, des femmes qui<br />

en font partie ainsi que <strong>les</strong> dispensateurs de services ayant fourni des services de « première ligne » aux<br />

femmes à « risque élevé » ont rapporté des résultats positifs (Tait, 2000a). Le centre autochtone de santé<br />

et de mieux-être, Aboriginal Health and Wellness Centre, à Winnipeg, au Manitoba, assure le<br />

fonctionnement d’un programme Stop FAS, qui est une version modifiée <strong>du</strong> programme de départ<br />

élaboré à Seattle. Ce programme vise un groupe diversifié de femmes <strong>autochtones</strong> en milieu urbain qui<br />

viennent de nations différentes et de milieux sociaux culturels différents (p. ex. de collectivités rura<strong>les</strong> et<br />

urbaines) et qui sont aux prises avec toute une gamme de problèmes de santé et de problèmes sociaux.<br />

Il est fondé sur une approche holistique qui favorise l’intégration de connaissances et de pratiques<br />

traditionnel<strong>les</strong> dans la prestation de services; il dispense un volet prévention/é<strong>du</strong>cation qui s’étend à la<br />

communauté autochtone générale à Winnipeg. Le renforcement <strong>du</strong> sentiment d’identité culturelle <strong>chez</strong><br />

<strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> participant au programme est un aspect très important. Pour diverses raisons,<br />

notamment le fait d’avoir fréquenté <strong>les</strong> pensionnats, d’avoir été élevées dans des foyers d’accueil et<br />

d’adoption non <strong>autochtones</strong> et d’avoir subi un racisme continuel, ces femmes n’ont qu’une connaissance<br />

très limitée de leur culture ou sont devenues aliénées, ayant per<strong>du</strong> la fierté de leur identité autochtone.<br />

Les responsab<strong>les</strong> <strong>du</strong> fonctionnement <strong>du</strong> programme Stop FAS ont constaté que la réintro<strong>du</strong>ction à la<br />

culture et le renforcement de l’identité autochtone ont influencé positivement la décision de ces femmes<br />

de traiter leurs problèmes de dépendance; de se constituer un réseau de soutien et de relations saines; et,<br />

d’exercer leur rôle parental auprès de leurs enfants. Au coeur de ce processus, le facteur motivateur pour<br />

ces femmes est que le programme est offert dans un centre de santé et de mieux-être géré par des<br />

Autochtones et dont le personnel au complet est autochtone.<br />

Même s’il n’y a pas d’études publiées démontrant <strong>les</strong> bienfaits d’une programmation spéciale axée sur le<br />

SAF ou sur une intervention é<strong>du</strong>cative générale précoce auprès de jeunes enfants affectés <strong>du</strong> SAF et de<br />

conditions semblab<strong>les</strong>, il a été prouvé que l’é<strong>du</strong>cation précoce est efficace et bénéfique dans le cas des<br />

enfants affectés par d’autres troub<strong>les</strong> de développement, notamment le syndrome de Down, de même<br />

que <strong>chez</strong> <strong>les</strong> enfants vivant dans la pauvreté (Roberts et Nanson, 2000).<br />

Dans <strong>les</strong> programmes préscolaires américains destinés aux enfants ayant des effets connus d’exposition<br />

aux substances psychoactives, on a fait l’expérience de classes (multidisciplinaires) d’enfants en difficulté<br />

ainsi que de stratégies d’enseignement basées sur un suivi minutieux, sur un ratio élevé <strong>du</strong> personnel<br />

affecté aux élèves, et sur la participation fréquente d’orthophonistes, de moniteurs d’é<strong>du</strong>cation physique<br />

adaptée, de travailleurs sociaux en milieu scolaire, de psychologues, d’infirmières et de médecins (Roberts<br />

et Nanson, 2000). La deuxième intervention de soutien consiste à intégrer des enfants d’âge préscolaire<br />

284

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!