Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Chapitre 10
prénatale à l’alcool vivant dans ces milieux peuvent éprouver des problèmes accrus de comportement,
comme le trouble réactionnel de l’attachement ou les effets comportementaux liés au stress, de telle
sorte qu’il peut s’avérer difficile de différencier un problème de comportement d’un autre (Stratton,
Howe et coll., 1996). Ces enfants peuvent également être plus susceptibles d’être victimes de blessures,
d’empoisonnement, et d’hospitalisation (Weinberg, 1997; Bijur, Kuzon, Overpeck et Scheidt, 1992).
On devrait cependant préciser que ces facteurs de risque ne sont pas pertinents pour toutes les familles
où l’abus d’alcool parental est un facteur, et si ces situations surviennent, elles sont la plupart du temps
liées à d’autres agents stressants psychosociaux comme la pauvreté, le manque d’emploi et la maladie
mentale.
Roberts et Nanson (2000) ont fait remarquer que l’instabilité à un âge précoce dans la situation de vie
d’un enfant peut résulter du stress éprouvé par les dispensateurs des soins à l’enfant, en raison des
complications médicales et de la nécessité d’hospitalisations à répétition, ainsi que de la séparation qui
en résulte pour l’enfant et ses parents pendant la petite enfance (Niccols, 1994). Cette situation est
encore plus réelle dans le cas des enfants autochtones qui doivent se déplacer et aller dans des milieux
urbains pour suivre un traitement médical; dans certains cas, il en découle que les enfants sont retirés
des soins de leur mère ou de leur gardienne pendant des périodes prolongées étalées sur plusieurs années.
Il peut arriver aussi que des enfants soient placés dans des familles d’accueil parce que les services
nécessaires ne sont pas offerts dans leur collectivité.
Les enfants identifiés comme des cas du SAF/malformations congénitales liées à l’alcool sont souvent
des enfants placés en famille d’accueil. Dans une étude en Saskatchewan, Habbick et ses collaborateurs
(1996) ont constaté que seulement 25, 6 % des patients affectés du SAF (n = 53/207) vivaient avec leurs
parents biologiques. Cent quarante-neuf enfants (72 %) avaient été placés en famille d’accueil à un
moment donné, et bon nombre d’entre eux avaient fait l’expérience de multiples placements pendant
leur enfance. Tait (2000a; 2003) a rapporté un exemple éloquent de placements multiples, sans que ce
soit nécessairement rare. Il s’agit d’une jeune femme autochtone ayant été diagnostiquée dès son enfance
comme cas du SAF.
Elle a rapporté avoir été placée dans 20 foyers nourriciers différents avant d’avoir atteint ses 18 ans. Cet
exemple soulève la question des répercussions des placements multiples dans le cas des personnes affectées,
et la question de savoir si ces personnes sont plus susceptibles de vivre une situation de placements
multiples. Habbick et ses collaborateurs ont noté que la durée moyenne en famille d’accueil pour les
112 cas sur lesquels ils ont recueilli de l’information détaillée était d’environ 5 ans. Ils ont aussi observé
que 86 % (178 cas) de l’échantillon étaient Autochtones. Vu que les enfants autochtones sont toujours
sur représentés dans le système de placements en famille d’accueil au Canada, être Autochtone et être
affecté par l’exposition intra-utérine à l’alcool peuvent constituer des facteurs de risque confusionnels
d’aboutissement à un placement en famille d’accueil, particulièrement à des placements multiples.
Les études de recherche recommandent que, dans le cas où un placement en famille d’accueil ou une
adoption est nécessaire, ces placements soient d’une durée prolongée plutôt que de courts séjours (Roberts
et Nanson, 2000). Roberts et Nanson écrivent :
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