Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Chapitre 10
Dans une des études, tout en contrôlant les résultats en fonction des effets du tabagisme de la mère et
d’autres covariantes potentielles, on a constaté que l’apprentissage et le conditionnement opérant étaient
plus faibles concernant « le mouvement de la tête (tête tournée) et le paradigme de la succion »,
uniquement dans le cas des nourrissons dont la mère buvait et fumait avec excès. À l’âge de huit mois,
les enfants de la deuxième étude démontraient des diminutions mineures en fait de développement
mental et moteur mesuré par l’échelle de Bayley se rapportant au développement du nourrisson, même
après avoir effectué un ajustement statistique concernant d’autres covariantes pertinentes.
Une étude préliminaire menée par Jones et ses collaborateurs (1973) a permis d’observer que 8 enfants
non liés provenant de 3 groupes ethniques différents, tous nés de mère alcoolique, avaient démontré un
rendement intellectuel inférieur à la moyenne. Dans une seconde étude de contrôle, qui a permis d’évaluer
13 enfants âgés de 7 ans, appartenant à un groupe de femmes alcooliques, Jones et ses collaborateurs
(1974) ont constaté que les enfants ayant des déficits dans leur performance intellectuelle avaient
généralement un périmètre crânien inférieur. La fréquence de performance intellectuelle altérée ou
réduite était plus élevée à l’évaluation faite à l’âge de 7 ans qu’à celle faite à l’âge de 4 ans; par contre, les
chercheurs ont été incapables d’établir avec précision l’influence du milieu de vie de l’enfant. Des 12
enfants à propos desquels on dispose d’information adéquate, les 6 ayant vécu avec leur mère ont
obtenu une moyenne inférieure au test de Q.I. (73) à l’âge de 7 ans que les 6 enfants ayant passé du
temps avec des membres de la famille élargie (parenté) ou dans des familles d’accueil (Q.I. 84). Toutefois,
la différence n’était pas statistiquement significative.
Ernhart et ses collaborateurs (1995) ont constaté que du nombre de 8 enfants correspondant aux critères
diagnostiques du SAF qui ont été suivis pendant les années d’âge préscolaire selon un protocole
d’évaluation effectuée en aveugle, 7 d’entre eux n’ont démontré aucune déficience ou déficit sur le plan
du développement cognitif et du langage, comparativement à des pairs, et ils étaient de taille moyenne.
Tous les enfants (n = 8), de même que ceux du groupe témoin, avaient une mère désavantagée et avaient
peu d’aptitudes verbales. Même si Ernhart et ses collaborateurs ont fait état de bon nombre de faiblesses
méthodologiques dans le cadre de leur étude (p. ex. échantillon de petite taille de leurs groupes, autres
effets négatifs de l’exposition foetale à l’alcool n’ayant pas été évalués), de même que la possibilité de
l’apparition ultérieure de déficiences dans le cadre de tâches plus complexes chez des personnes affectées,
ils ont conclu que leurs constatations représentaient une indication positive montrant que ce ne sont
pas tous les enfants repérés à la naissance comme cas du SAF qui éprouveront nécessairement des
difficultés ou subiront des effets défavorables.
L’influence de l’environnement postnatal sur le développement des nourrissons et des jeunes enfants
affectés a été relevée (Stratton, Howe et coll., 1996; Weinberg, 1997; West et Prinz, 1987). Roberts et
Nanson ont constaté que les études ayant examiné de façon générale le milieu, la situation de vie des
enfants affectés par l’exposition prénatale à l’alcool avaient démontré un degré élevé de bouleversements,
de traumatismes au sein de la famille pouvant aggraver les problèmes de développement chez l’enfant
(2000; Abkarian, 1992). L’agitation, la désorganisation de la famille, entraîne souvent le manque de
continuité dans les soins prodigués, d’attachement, de rapports d’affection sains où l’enfant se sent en
sécurité, l’absence de stabilité de l’environnement (Weinberg, 1997; O’Connor, Sigman et Kasari, 1993).
Les enfants qui vivent dans des familles d’alcooliques sont souvent à risque de négligence physique et
émotionnelle, et peuvent être exposés à beaucoup plus de violence familiale et à des abus (Weinberg,
1997; Kumpfer et Bays, 1995; Stratton, Howe et coll., 1996). En effet, les enfants affectés par l’exposition
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