28.08.2013 Views

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Chapitre 9<br />

Dans le cadre des ententes de financement nationa<strong>les</strong> et provincia<strong>les</strong> actuel<strong>les</strong>, un problème commun à<br />

toutes <strong>les</strong> collectivités <strong>autochtones</strong> réside dans le fait que ces dernières envisagent <strong>les</strong> problématiques à<br />

résoudre dans leur milieu bien différemment de la façon dont <strong>les</strong> organismes de financement<br />

gouvernementaux <strong>les</strong> considèrent.. A titre d’exemple, <strong>les</strong> gouvernements sont habitués à financer <strong>les</strong><br />

programmes pour donner suite aux besoins de traitement de certains problèmes de santé, comme le<br />

SAF, plutôt que d’appuyer des initiatives multidimensionnel<strong>les</strong> fondées sur des priorités fixées par <strong>les</strong><br />

collectivités, notamment cel<strong>les</strong> mentionnées précédemment par Van Bibber. Qui plus est, étant donné<br />

que <strong>les</strong> gouvernements annoncent <strong>du</strong> financement en fonction de problèmes particuliers, comme le<br />

SAF/ACLA, <strong>les</strong> collectivités <strong>autochtones</strong> se retrouvent en train de se bousculer, de se disputer pour<br />

avoir accès à une partie de ce financement, même si el<strong>les</strong> n’ont souvent qu’une connaissance limitée <strong>du</strong><br />

niveau d’importance <strong>du</strong> problème dans la collectivité (Tait, 2003).<br />

Si <strong>les</strong> gouvernements décident quel<strong>les</strong> priorités et quels problèmes communautaires devraient être abordés<br />

et traités, ils retirent aux collectivités leur droit de regard, leur contrôle, minimisent l’importance des<br />

connaissances loca<strong>les</strong> et renforcent la relation d’inégalité selon laquelle <strong>les</strong> priorités déterminées par le<br />

gouvernement sont imposées aux Autochtones. De plus, si un problème de santé et le risque qui y est<br />

associé est présenté aux collectivités comme une observation ou une constatation basée sur des<br />

connaissances scientifiques sans controverse, alors qu’en fait il y a parmi <strong>les</strong> spécialistes une grande<br />

polémique et beaucoup d’incertitudes, comme c’est le cas relativement au SAF/ACLA, il est à ce momentlà<br />

fort peu probable que <strong>les</strong> collectivités mettront en doute <strong>les</strong> priorités établies par le gouvernement<br />

(Tait, 2003).<br />

Dans le cas dont il s’agit, celui <strong>du</strong> SAF, Tait (2003) soutient que <strong>les</strong> collectivités <strong>autochtones</strong> urbaines,<br />

rura<strong>les</strong> ou sur réserve, ont dû faire face à la tâche de créer « un problème SAF », de sensibiliser <strong>les</strong><br />

membres de la communauté à l’existence <strong>du</strong> problème, afin d’obtenir un certain financement annoncé<br />

par <strong>les</strong> gouvernements fédéral et provinciaux. Cet auteur affirme que de nombreuses collectivités ont<br />

imaginé un problème SAF alors qu’el<strong>les</strong> ne savaient pas trop si ce problème existait réellement (p. ex.<br />

el<strong>les</strong> avaient une connaissance très limitée de la maladie; très peu de femmes faisaient un usage abusif<br />

d’alcool au moment de leur grossesse; on n’avait évalué médicalement comme cas de SAF que peu de<br />

personnes, ou pas <strong>du</strong> tout; et la collectivité avait peu de possibilités de pouvoir évaluer médicalement<br />

des personnes pour le SAF/ACLA, particulièrement des enfants plus âgés, des ado<strong>les</strong>cents ou des a<strong>du</strong>ltes).<br />

En dépit de ces lacunes, <strong>les</strong> gouvernements ont demandé aux collectivités de préciser le « problème<br />

SAF » dans leur collectivité et, par la suite de proposer des projets pour remédier au problème. Des<br />

problématiques beaucoup plus urgentes, comme la pauvreté chronique, ce qui a été reconnu comme un<br />

facteur contributif important <strong>du</strong> SAF/ACLA (Abel, 1998a), n’entraient pas dans le cadre limité de cet<br />

appui financier (Tait, 2003). Comme Van Bibber le mentionnait précédemment, le SAF/ACLA est un<br />

problème intergénérationnel de mieux-être, ce qui signifie beaucoup plus qu’empêcher <strong>les</strong> femmes<br />

enceintes de consommer de l’alcool, mais s’étend à la collectivité dans son ensemble, à la prise en charge<br />

des conditions de vie communautaire par le biais de l’établissement d’institutions dans <strong>les</strong> secteurs de la<br />

culture, de l’é<strong>du</strong>cation, de la santé, de l’économie et de la justice. Centrer <strong>les</strong> efforts sur une maladie en<br />

particulier, notamment une maladie aussi mal définie que le SAF/ACLA, fait abstraction des causes<br />

profondes à l’origine de l’abus de substances psychoactives, minimise <strong>les</strong> priorités loca<strong>les</strong> et contribue à<br />

entretenir des rapports de dépendance (Tait, 2003).<br />

252

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!