Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ... Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 9 des services sociaux. À cinq reprises entre 1987 et 1988, on a organisé un cours pratique sur le diagnostic du SAF et on a dispensé du counselling initial à la mère ou à la personne responsable des soins prodigués à la personne diagnostiquée. Des employés d’organisations Navajo et de la tribu Hopi et d’écoles ont été formés à reconnaître les cas de SAF et à sensibiliser la population. La collectivité a été invitée à participer à ces présentations et aussi à d’autres séances d’information. Certaines femmes ayant reçu du counselling ont déclaré à la rencontre de suivi être moins portées à boire depuis qu’elles obtiennent de l’appui. Ces clientes dirigées au moment de leur grossesse étaient plus réceptives, plus disposées, à recevoir de l’aide concernant leur problème de consommation abusive. Le fait que le personnel du programme était composé de personnes de la communauté a contribué à l’acceptation du programme et à combler les manques ou à établir des liens sur le plan culturel entre les fournisseurs de services de santé et les clientes. Une approche axée sur la famille a aussi permis de consolider les résultats positifs obtenus par le programme (Masis et May, 1991). Masis et May concluent : « L’efficacité de ce programme est attribuable non seulement à la connaissance acquise, au dépistage et aux efforts de traitement tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la clinique et de l’hôpital, mais également à la participation des nombreuses composantes de la collectivité » (1991 : 489). Un autre exemple d’un programme à multiples composantes, mais cette fois en milieu urbain, est le projet Sheway. Il s’agit d’un programme d’action communautaire situé dans le centre-ville est de Vancouver (DTES) qui dispense des services holistiques aux femmes enceintes ayant des problèmes d’abus de substances et qui vient en aide aux mères et à leur famille. Le quartier DTES de Vancouver est bien connu pour son taux élevé de criminalité, son commerce de drogue et son industrie du sexe, sa violence, ses taudis et ses bidonvilles, et le taux élevé de VIH-sida. Les principes directeurs et les valeurs du projet Sheway consistent à dispenser des services suivant une approche adaptée, souple, non critique, empathique et ouverte, tout en appuyant l’autonomie et les décisions des femmes (Poole, 2000). Avec ce programme qui dessert une vaste clientèle autochtone (60 %), et on a donc cherché à mieux comprendre les cultures autochtones, leur histoire et leurs traditions afin de satisfaire le mieux possible les besoins de ce groupe. Ce programme est fondé sur une approche de réduction des méfaits, et il assure aux femmes un environnement d’accueil, de « porte ouverte », sécuritaire et facilement accessible leur permettant d’établir des liens, de constituer un réseau de soutien. Dans le cadre d’une évaluation du projet, Poole a rapporté que les clientes mentionnaient généralement comme facteur déterminant les incitant à demander de l’aide auprès de ce service le niveau du soutien que le programme Sheway leur a apporté (Poole, 2000). Cette constatation a trouvé un écho dans une étude récente menée par Benoit et Carroll, qui ont analysé les expériences vécues par les femmes autochtones habitant le centre-ville est (DTES) de Vancouver : [TRADUCTION] De nombreuses femmes ont souligné qu’une approche de prestation des services comme celle adoptée par Sheway – un milieu accueillant, une approche axée sur le groupe – était un élément essentiel, un facteur important, expliquant pourquoi elles se sentaient à l’aise de recourir à ses services. Plus qu’une approche « porte ouverte », les méthodes du programme, une philosophie de base à orientation non centrée la tâche, visent essentiellement à amener les femmes à franchir la porte comme 242

Chapitre 9 première étape de santé préventive. Par exemple, bon nombre de femmes viennent tout d’abord à Sheway pour des raisons non médicales, comme prendre un bon repas et socialiser avec d’autres femmes enceintes. Après un certain temps, une fois qu’une relation de confiance est établie avec le personnel, elles commencent à aborder des questions de santé. Si elles avaient dès leur arrivée à faire face à de nombreuses questions personnelles et médicales, comme c’est le cas dans de nombreux centres médicaux, la plupart d’entre elles n’entreraient même pas ou ne resteraient certainement pas assez longtemps pour commencer un programme de traitement (2001 : 15-16). En 1998, la liste effective de la clientèle de Sheway comptait entre 60 et 70 femmes et 20 à 30 enfants. En janvier 2000, ce nombre de cas effectifs avait grimpé à 100 personnes, soit le nombre maximal de femmes et de leur famille pouvant être desservies. Suivant les données du secteur de santé communautaire, Sheway a permis de joindre environ 15 % des femmes ayant donné naissance à un enfant dans ce secteur de santé (Poole, 2000); selon Loock et ses collaborateurs (1993), 16 % en moyenne des nouveaux nés des femmes du centre-ville est de Vancouver (DTES) ont été exposés in utero à l’alcool ou aux drogues. De ce nombre, Sheway a permis de prendre contact avec la majorité des femmes de ce groupe visé (Poole, 2000). Sheway a vraiment obtenu des résultats très positifs en aidant les femmes à recevoir des soins prénataux et d’autre soutien pendant leur grossesse ainsi qu’en aidant ces femmes et leur famille à améliorer leur alimentation et leur situation quant au logement. D’après Poole, amener les femmes à réduire les comportements à risque a été une opération plus ardue, plus exigeante, mais la réussite du programme quant à d’autres aspects a permis de créer les conditions nécessaires pour les inciter à changer des comportements à risque. Toutefois, le programme n’a réalisé que des progrès moyens en matière de promotion de la santé, de nutrition et du développement des enfants nés des mères ayant obtenu des soins et services (Poole, 2000). « Pratique exemplaire » révisée 1. Il existe des indications probantes mitigées et un consensus des spécialistes recommandant la combinaison de soins prénataux à d’autres services, y compris un traitement d’abus de substances psychoactives, qui produit des résultats positifs chez les femmes ayant des problèmes d’abus de substances et chez l’enfant à naître. Dans de plus petites collectivités, isolées, où les services sont limités, il faudrait faire des efforts pour modifier cette stratégie au niveau local afin d’éviter que les femmes aient à se déplacer à l’extérieur de la collectivité pour obtenir des services de soutien. Les Aînées et les sages-femmes pourraient exercer un rôle central dans l’établissement et la mise en oeuvre de stratégies locales. 243

Chapitre 9<br />

des services sociaux. À cinq reprises entre 1987 et 1988, on a organisé un cours pratique sur le diagnostic<br />

<strong>du</strong> SAF et on a dispensé <strong>du</strong> counselling initial à la mère ou à la personne responsable des soins prodigués<br />

à la personne diagnostiquée.<br />

Des employés d’organisations Navajo et de la tribu Hopi et d’éco<strong>les</strong> ont été formés à reconnaître <strong>les</strong> cas<br />

de SAF et à sensibiliser la population. La collectivité a été invitée à participer à ces présentations et aussi<br />

à d’autres séances d’information. Certaines femmes ayant reçu <strong>du</strong> counselling ont déclaré à la rencontre<br />

de suivi être moins portées à boire depuis qu’el<strong>les</strong> obtiennent de l’appui. Ces clientes dirigées au moment<br />

de leur grossesse étaient plus réceptives, plus disposées, à recevoir de l’aide concernant leur problème de<br />

consommation abusive. Le fait que le personnel <strong>du</strong> programme était composé de personnes de la<br />

communauté a contribué à l’acceptation <strong>du</strong> programme et à combler <strong>les</strong> manques ou à établir des liens<br />

sur le plan culturel entre <strong>les</strong> fournisseurs de services de santé et <strong>les</strong> clientes.<br />

Une approche axée sur la famille a aussi permis de consolider <strong>les</strong> résultats positifs obtenus par le programme<br />

(Masis et May, 1991). Masis et May concluent : « L’efficacité de ce programme est attribuable non<br />

seulement à la connaissance acquise, au dépistage et aux efforts de traitement tant à l’intérieur qu’à<br />

l’extérieur de la clinique et de l’hôpital, mais également à la participation des nombreuses composantes<br />

de la collectivité » (1991 : 489).<br />

Un autre exemple d’un programme à multip<strong>les</strong> composantes, mais cette fois en milieu urbain, est le<br />

projet Sheway. Il s’agit d’un programme d’action communautaire situé dans le centre-ville est de Vancouver<br />

(DTES) qui dispense des services holistiques aux femmes enceintes ayant des problèmes d’abus de<br />

substances et qui vient en aide aux mères et à leur famille. Le quartier DTES de Vancouver est bien<br />

connu pour son taux élevé de criminalité, son commerce de drogue et son in<strong>du</strong>strie <strong>du</strong> sexe, sa violence,<br />

ses taudis et ses bidonvil<strong>les</strong>, et le taux élevé de VIH-sida. Les principes directeurs et <strong>les</strong> valeurs <strong>du</strong> projet<br />

Sheway consistent à dispenser des services suivant une approche adaptée, souple, non critique, empathique<br />

et ouverte, tout en appuyant l’autonomie et <strong>les</strong> décisions des femmes (Poole, 2000).<br />

Avec ce programme qui dessert une vaste clientèle autochtone (60 %), et on a donc cherché à mieux<br />

comprendre <strong>les</strong> cultures <strong>autochtones</strong>, leur histoire et leurs traditions afin de satisfaire le mieux possible<br />

<strong>les</strong> besoins de ce groupe. Ce programme est fondé sur une approche de ré<strong>du</strong>ction des méfaits, et il assure<br />

aux femmes un environnement d’accueil, de « porte ouverte », sécuritaire et facilement accessible leur<br />

permettant d’établir des liens, de constituer un réseau de soutien. Dans le cadre d’une évaluation <strong>du</strong><br />

projet, Poole a rapporté que <strong>les</strong> clientes mentionnaient généralement comme facteur déterminant <strong>les</strong><br />

incitant à demander de l’aide auprès de ce service le niveau <strong>du</strong> soutien que le programme Sheway leur a<br />

apporté (Poole, 2000). Cette constatation a trouvé un écho dans une étude récente menée par Benoit et<br />

Carroll, qui ont analysé <strong>les</strong> expériences vécues par <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> habitant le centre-ville est<br />

(DTES) de Vancouver :<br />

[TRADUCTION] De nombreuses femmes ont souligné qu’une approche de prestation<br />

des services comme celle adoptée par Sheway – un milieu accueillant, une approche<br />

axée sur le groupe – était un élément essentiel, un facteur important, expliquant pourquoi<br />

el<strong>les</strong> se sentaient à l’aise de recourir à ses services. Plus qu’une approche « porte<br />

ouverte », <strong>les</strong> méthodes <strong>du</strong> programme, une philosophie de base à orientation non<br />

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