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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 9<br />

ces femmes. Une fois le programme de traitement en établissement terminé, la femme retourne à la<br />

maison ou, dans certains cas, à un nouvel endroit pour se refaire une vie sans alcool. Tait (2000a) a<br />

constaté que la raison donnée par <strong>les</strong> femmes pour expliquer la rechute, y compris la rechute de la<br />

femme enceinte, c’est essentiellement le manque de services post-cure. Pour de nombreuses femmes,<br />

rester sobre en cours de traitement est réalisable; par contre, à leur retour à la maison, leur capacité de<br />

s’abtenir d’alcool peut rapidement changer, particulièrement s’il n’y a aucun soutien ou suivi post-cure.<br />

Voici ce qu’a exprimé une femme enceinte qui évoquait <strong>les</strong> événements entourant la fin de son programme<br />

de traitement :<br />

[TRADUCTION] ... Je veux seulement garder mon bébé cette fois. Je veux que tout se<br />

passe bien. Mais je dois réellement lutter; je suis allée suivre un traitement. J’étais là en<br />

mai. J’ai terminé en juin et je suis retournée [à la maison]. Pendant un certain temps,<br />

j’étais correcte, je suis restée sobre, mais j’ai rechuté. J’ai donc recommencé à consommer.<br />

C’est comme cela, plus facile si on peut rester au programme aussi longtemps qu’on<br />

peut. Bien sûr, j’ai pensé que, si je pouvais rester pendant toute la <strong>du</strong>rée de ma grossesse,<br />

ce serait beaucoup plus facile. Mais il faut sortir après un mois [une fois le programme<br />

terminé], quitte à retourner ou que sais-je ... Je voulais y retourner mais mon ami n’a pas<br />

voulu (cité dans Tait, 2000a : 81).<br />

Bon nombre de raisons sont données par <strong>les</strong> femmes pour expliquer leur rechute : la solitude; le fait de<br />

ne pas être vraiment décidée ou disposée à cesser de consommer; être entourée d’ami(e)s qui consomment;<br />

le fait d’être déprimée parce qu’elle vit dans la pauvreté et de prestations d’aide sociale; insuffisance <strong>du</strong><br />

programme de vingt-huit jours, trop court pour lui donner la capacité de rester sobre après la cure;<br />

l’isolement et l’ennui; ses enfants sont sous la garde des services d’aide à l’enfance, et l’alcool l’aide à<br />

supporter <strong>les</strong> souffrances causées par cette perte; son partenaire revient vivre avec elle et il consomme;<br />

elle n’a aucun soutien positif dans la vie; elle n’a rien dans sa vie, à part l’alcool; elle a besoin de consommer<br />

pour être capable de « faire le trottoir »; elle ressent beaucoup de frustration provoquée par <strong>les</strong> services<br />

d’aide à l’enfance parce qu’elle essaie de ravoir la garde de ses enfants, mais <strong>les</strong> services continuent à ne<br />

pas tenir leur promesse de <strong>les</strong> ramener; consommer, c’est le moyen de survivre et de composer avec le<br />

rejet de son partenaire; elle ressent trop de stress et elle a trop de problèmes à le surmonter; <strong>les</strong> services<br />

d’aide à l’enfance ont procédé à l’appréhension de ses enfants, et donc elle a recommencé à consommer<br />

immédiatement après (cette explication a été donnée par quelques femmes enceintes); elle ressent de la<br />

culpabilité et de la honte de consommer pendant qu’elle est enceinte (Tait, 2000a).<br />

Les constatations faites par Tait ont trouvé un écho dans d’autres études au Canada et aux États-Unis<br />

(Astley et coll., 2000b; Poole et Issac, 1999; Poole, 2000; Howell et Chasnoff, 1999; Howell, Heiser et<br />

Harrington, 1999; Messer, Clark et Martin, 1996; Ernst et coll., 1999), et el<strong>les</strong> font ressortir <strong>les</strong><br />

complexités en jeu dans le cadre des efforts pour répondre aux besoins de services des femmes à risque<br />

élevé qui vivent dans divers milieux géographiques. Pour ce qui est des femmes <strong>autochtones</strong>, il est<br />

encourageant de constater qu’el<strong>les</strong> reçoivent beaucoup de soutien moral au sein des cerc<strong>les</strong> <strong>autochtones</strong>,<br />

organisés pour <strong>les</strong> inciter à traiter leur consommation abusive de substances psychoactives. Par ailleurs,<br />

il existe de nombreux défis à relever afin de s’assurer que, tout en facilitant l’accès des femmes <strong>autochtones</strong><br />

aux services, el<strong>les</strong> se sentiront assez à l’aise et confiantes pour y recourir. Quant au régime des pensionnats,<br />

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