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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 9<br />

Le rôle des services d’aide à l’enfance/de protection de la jeunesse exercé dans la vie des femmes à risque<br />

élevé est une importante considération en matière de prévention secondaire et tertiaire. On devrait<br />

accorder plus d’attention aux rapports que ces femmes entretiennent avec ces organismes. Comme le<br />

mandat des services d’aide à l’enfance est d’assurer la protection des enfants, ce qui s’étend officieusement,<br />

d’après certains travailleurs sociaux, au foetus, <strong>les</strong> travailleurs sociaux occupent par conséquent une<br />

position difficile en ce qui a trait aux rapports de confiance qu’ils doivent établir avec <strong>les</strong> femmes à<br />

risque élevé (Tait, 2000a; 2003). En dépit de cet obstacle, <strong>les</strong> rapports des femmes avec <strong>les</strong> travailleurs<br />

sociaux sont généralement considérés, suivant l’appréciation même des femmes, comme <strong>les</strong> rapports <strong>les</strong><br />

plus significatifs qu’el<strong>les</strong> entretiennent avec des fournisseurs de services, ces derniers ayant le pouvoir de<br />

procéder à l’appréhension de leurs enfants. Ces rapports influent sur le comportement des femmes qui<br />

demandent de l’aide, comme le démontre cet exemple d’une femme expliquant ses mobi<strong>les</strong> au moment<br />

de recourir à des services pendant sa grossesse :<br />

[TRADUCTION] Je ne leur ai pas dit [à l’obstétricien, aux travailleurs communautaires,<br />

etc] ce que j’aurais voulu vraiment leur dire car, en <strong>les</strong> regardant, je voyais qu’ils<br />

travaillaient tous avec <strong>les</strong> services à l’enfance et à la famille. Je ne sais pas qui fait partie<br />

de ces services et qui n’en fait pas partie. Et ils pourraient leur dire quelque chose (cité<br />

dans Tait, 2000a : 64).<br />

Tait (2000a; 2003) a constaté que <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> craignent particulièrement que <strong>les</strong> services<br />

d’aide à l’enfance soient mis au courant de leur problème de consommation abusive de substances<br />

psychoactives, qu’ils se servent ensuite de cette information comme justification de l’appréhension de<br />

leurs enfants. beaucoup de femmes ont été placées dans leur enfance dans une famille d’accueil, certaines<br />

dans plusieurs foyers d’accueil, et el<strong>les</strong> se rappellent toute une série d’expériences négatives qu’el<strong>les</strong> ont<br />

vécues; el<strong>les</strong> craignent que leurs enfants subissent le même sort si el<strong>les</strong> en perdent la garde. Cette peur<br />

qui provient de l’expérience historique des Autochtones de l’appréhension de leurs enfants résultant <strong>du</strong><br />

régime des pensionnats et par la suite, l’appréhension effectuée par <strong>les</strong> organismes de protection de<br />

l’enfance, a fait naître le paradoxe suivant lequel <strong>les</strong> femmes finissent par éviter d’avoir recours aux<br />

programmes de traitement et aux fournisseurs de services mandatés pour <strong>les</strong> aider. Tait écrit :<br />

[TRADUCTION] Si <strong>les</strong> femmes parlent de barrières associées à leurs enfants, des<br />

barrières qui <strong>les</strong> empêchent d’avoir recours à un traitement, el<strong>les</strong> ne veulent pas dire que<br />

<strong>les</strong> problèmes liés à la consommation de substances psychoactives ne sont pas alarmants,<br />

qu’el<strong>les</strong> ne devront pas s’en préoccuper et que, à un certain moment, el<strong>les</strong> ne devront<br />

pas recourir à un certain type d’intervention auprès des fournisseurs de services. Pour la<br />

majorité des femmes, ce qui est problématique, ce n’est pas tant la nécessité d’avoir des rapports<br />

avec un fournisseur de services, mais bien le type de rapports qu’el<strong>les</strong> entretiennent avec cette<br />

personne. En effet, <strong>les</strong> femmes qualifient leurs rapports avec bon nombre de fournisseurs<br />

de services, particulièrement avec <strong>les</strong> travailleurs sociaux des services d’aide à l’enfance,<br />

d’hosti<strong>les</strong> (inamicaux) plutôt que positifs et coopératifs. Étant donné que le mandat des<br />

services d’aide à l’enfance consiste à assurer la protection des enfants, ... <strong>les</strong> travailleurs<br />

sociaux se trouvent donc en position difficile à l’endroit des mères de ces enfants. Ces<br />

femmes considèrent généralement <strong>les</strong> services d’aide à l’enfance et des services connexes<br />

comme abusifs, inspirant de l’inquiétude, de la crainte à leur famille. De ce fait, <strong>les</strong><br />

femmes finissent par devoir jongler avec toute une combinaison de problèmes stressants,<br />

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