Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ... Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 9 Les femmes à risque élevé n’ont généralement pas établi de relations de confiance de longue date avec un médecin de famille, et, dans le cas de femmes résidant dans des collectivités éloignées et isolées, les médecins qu’elles rencontrent changent fréquemment, notamment des médecins itinérants qui visitent leur collectivité ou des médecins que les femmes rencontrent lorsqu’elles doivent se déplacer pour obtenir des services de santé dans des centres urbains. Dans le cas de ces femmes autochtones des régions isolées, avoir le choix de consulter une femme médecin au lieu d’un homme, ou de consulter un médecin autochtone, ne constitue généralement pas une solution de rechange. Pour les femmes, particulièrement celles résidant dans des collectivités rurales ou isolées, bon nombre de barrières se dressent devant elles au moment où elles essaient d’obtenir des soins prénataux ou des services de traitement de problèmes de dépendance; des lacunes et des limites dans la prestation des services sont fréquentes, particulièrement pour les femmes en régions rurales ou éloignées. Dans le cadre d’une étude portant sur les besoins de services des femmes enceintes ayant des problèmes de dépendance aux substances psychoactives au Manitoba, Tait (2000a) a identifié six types de barrières ou d’entraves auxquelles les femmes sont confrontées si elles veulent accéder à un traitement de problème de dépendance : des barrières psychologiques, des barrières liées au fait que la femme a des enfants, des barrières liées aux réseaux sociaux, des barrières socio-géographiques, des barrières liées aux stigmates et des barrières du programme de traitement lui-même. Bon nombre de ces barrières s’étendent également à d’autres services auxquels la femme veut recourir, notamment aux services prénataux, aux services communautaires ainsi qu’aux maisons d’hébergement/ refuge. La gamme des services ainsi que leur disponibilité diffère aussi, selon qu’une femme réside en milieu rural ou urbain, à l’intérieur ou à l’extérieur d’une réserve, ou selon l’endroit où sa collectivité de résidence est située au pays. En fait, ces distinctions auxquelles les femmes autochtones font face, ces barrières, ces limites des services offerts, sont déterminées par la collectivité où elles habitent. De plus, l’importance ou l’ampleur du dysfonctionnement de la collectivité, particulièrement en ce qui a trait aux collectivités éloignées et isolées, mais également dans des milieux urbains autochtones, aura une incidence sur les types de services offerts, notamment sur le fait qu’ils seront culturellement adaptés et qu’ils intégreront les enseignements traditionnels autochtones. En général, il y a deux types de programmes de traitement des problèmes de dépendance offerts aux femmes : le programme ambulatoire et le programme en établissement. Les programmes ambulatoires fonctionnent généralement d’après un certain nombre de semaines, les participantes suivant le traitement et retournant chez elles tous les jours. Quant aux traitements en établissement, ils sont soit de courte durée (approximativement 30 jours), soit ils consistent en un séjour prolongé (quelques mois); les participantes séjournent à l’établissement pendant toute la durée du traitement. Ces programmes différent quant aux principes fondamentaux du traitement et la plupart d’entre eux essaient d’assurer une forme de suivi post-cure une fois que les participantes ont terminé le programme. 42 Au Canada, il existe beaucoup de programmes de traitement efficaces administrés par des organisations autochtones et fondés sur des valeurs culturelles autochtones. Ces programmes prônent et favorisent une combinaison 42 Un examen des différents programmes de traitement au Canada ainsi que de leurs principes fondamentaux n’entre pas dans le cadre de ce projet. Pour consulter à ce sujet une étude documentaire récente, reportez-vous à Roberts et Ogborne (1999a; 1999b). 230

Chapitre 9 d’enseignements traditionnels et de principes en matière de traitement des dépendances inspirés par le courant de pensée général, combinaison qui s’est avérée efficace chez les clients autochtones, même s’il existe des variations entre ces programmes sur le plan de ces principes de base. Les femmes autochtones ont accès à toute une gamme de services de traitement des problèmes de dépendance, certains étant des programmes spéciaux pour Autochtones, et d’autres ayant une clientèle générale. Même s’il n’y a pas de données de recherche confirmant cette observation en particulier, il semble que les femmes autochtones, surtout celles qui sont défavorisées, sont plus susceptibles que les femmes non autochtones de recourir à des services de traitement de problèmes de dépendance. Tait (2000a) a constaté que toute une panoplie de barrières empêchent les femmes d’obtenir des services de traitement de la dépendance à l’alcool. A titre d’exemple, même si, au Manitoba, la majorité des services pour alcooliques accorde la priorité aux femmes enceintes, de nombreux obstacles les empêchent d’entrer et de suivre des programmes de traitement. Certaines des barrières psychologiques identifiées étaient directement liées à leur état de grossesse, notamment celle de ne pas vouloir aller suivre un traitement en raison de leur grossesse, la peur d’être stigmatisées si elles sont admises au traitement alors qu’elles sont enceintes et alcooliques, et la conviction que l’usage de substances pyschoactives ne peut être préjudiciable pour le foetus. Un certain nombre d’autres barrières psychologiques ont été précisées par les femmes : le déni ou le refus d’admettre qu’elles ont un problème de consommation abusive de substances psychoactives; le fait de ne pas être disposées à cesser de faire usage de substances; croire qu’elles peuvent réussir à s’abstenir de consommer par leurs propres moyens, sans l’aide d’un traitement; renoncer à essayer de changer leur style de vie; la peur, la culpabilité et la honte les empêchant d’avouer à quelqu’un qu’elles ont besoin d’aide; la peur de l’humiliation et de la stigmatisation dont il faudrait qu’elles supportent le fardeau, elles-mêmes et leur famille, si elles admettaient avoir un problème; la peur d’effectuer des changements; la peur de ne pas être recommandées pour suivre le traitement par des personnes en qui elles ont confiance; la peur d’avoir à passer au travers de la désintoxication. Bon nombre d’auteurs ont observé que les femmes renoncent à suivre un traitement de leur problème de dépendance souvent pour des motifs attribuables à leurs enfants (Astley et coll., 2000b; Roberts et Nanson, 2000; Tait, 2000a). À titre d’exemple, dans le cadre de l’étude menée par Tait (2000a), voici les barrières se rapportant à leurs enfants que les femmes ont relevées : la peur ressentie par la mère que les services d’aide à l’enfance/de protection de la jeunesse procèdent à l’appréhension de ses enfants si elle admet avoir besoin de traitement; la peur que, si ses enfants sont confiés aux services d’aide à l’enfance pour obtenir un service de garde temporaire alors qu’elle est en traitement, elle perde définitivement la garde après la fin de son traitement; la peur que, si elle place ses enfants en service de garde temporaire et que, par la suite, elle ne peut pas terminer son traitement, les services d’aide à l’enfance ne lui rendent pas ses enfants; la peur qu’elle ne termine pas le traitement si ses enfants sont placés en foyer d’accueil, éloignés d’elle; la peur d’être considérée comme « une mauvaise mère » si elle admet avoir besoin d’aide pour traiter son problème d’abus; la peur que ses enfants soient aussi malheureux qu’elle l’a été dans son enfance alors qu’elle était placée en famille d’accueil; la peur que ses enfants ne reçoivent pas de bons soins pendant qu’elle est en traitement, que ses enfants ne veuillent pas qu’elle s’éloigne d’eux, vu qu’il n’y a pas de services de traitement dispensés dans la collectivité. 231

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Les femmes à risque élevé n’ont généralement pas établi de relations de confiance de longue date avec<br />

un médecin de famille, et, dans le cas de femmes résidant dans des collectivités éloignées et isolées, <strong>les</strong><br />

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leur collectivité ou des médecins que <strong>les</strong> femmes rencontrent lorsqu’el<strong>les</strong> doivent se déplacer pour obtenir<br />

des services de santé dans des centres urbains. Dans le cas de ces femmes <strong>autochtones</strong> des régions<br />

isolées, avoir le choix de consulter une femme médecin au lieu d’un homme, ou de consulter un médecin<br />

autochtone, ne constitue généralement pas une solution de rechange.<br />

Pour <strong>les</strong> femmes, particulièrement cel<strong>les</strong> résidant dans des collectivités rura<strong>les</strong> ou isolées, bon nombre<br />

de barrières se dressent devant el<strong>les</strong> au moment où el<strong>les</strong> essaient d’obtenir des soins prénataux ou des<br />

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services sont fréquentes, particulièrement pour <strong>les</strong> femmes en régions rura<strong>les</strong> ou éloignées. Dans le<br />

cadre d’une étude portant sur <strong>les</strong> besoins de services des femmes enceintes ayant des problèmes de<br />

dépendance aux substances psychoactives au Manitoba, Tait (2000a) a identifié six types de barrières ou<br />

d’entraves auxquel<strong>les</strong> <strong>les</strong> femmes sont confrontées si el<strong>les</strong> veulent accéder à un traitement de problème<br />

de dépendance : des barrières psychologiques, des barrières liées au fait que la femme a des enfants, des<br />

barrières liées aux réseaux sociaux, des barrières socio-géographiques, des barrières liées aux stigmates et<br />

des barrières <strong>du</strong> programme de traitement lui-même.<br />

Bon nombre de ces barrières s’étendent également à d’autres services auxquels la femme veut recourir,<br />

notamment aux services prénataux, aux services communautaires ainsi qu’aux maisons d’hébergement/<br />

refuge. La gamme des services ainsi que leur disponibilité diffère aussi, selon qu’une femme réside en<br />

milieu rural ou urbain, à l’intérieur ou à l’extérieur d’une réserve, ou selon l’endroit où sa collectivité de<br />

résidence est située au pays. En fait, ces distinctions auxquel<strong>les</strong> <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> font face, ces<br />

barrières, ces limites des services offerts, sont déterminées par la collectivité où el<strong>les</strong> habitent. De plus,<br />

l’importance ou l’ampleur <strong>du</strong> dysfonctionnement de la collectivité, particulièrement en ce qui a trait<br />

aux collectivités éloignées et isolées, mais également dans des milieux urbains <strong>autochtones</strong>, aura une<br />

incidence sur <strong>les</strong> types de services offerts, notamment sur le fait qu’ils seront culturellement adaptés et<br />

qu’ils intégreront <strong>les</strong> enseignements traditionnels <strong>autochtones</strong>.<br />

En général, il y a deux types de programmes de traitement des problèmes de dépendance offerts aux<br />

femmes : le programme ambulatoire et le programme en établissement. Les programmes ambulatoires<br />

fonctionnent généralement d’après un certain nombre de semaines, <strong>les</strong> participantes suivant le traitement<br />

et retournant <strong>chez</strong> el<strong>les</strong> tous <strong>les</strong> jours. Quant aux traitements en établissement, ils sont soit de courte<br />

<strong>du</strong>rée (approximativement 30 jours), soit ils consistent en un séjour prolongé (quelques mois); <strong>les</strong><br />

participantes séjournent à l’établissement pendant toute la <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> traitement. Ces programmes différent<br />

quant aux principes fondamentaux <strong>du</strong> traitement et la plupart d’entre eux essaient d’assurer une forme<br />

de suivi post-cure une fois que <strong>les</strong> participantes ont terminé le programme. 42 Au Canada, il existe<br />

beaucoup de programmes de traitement efficaces administrés par des organisations <strong>autochtones</strong> et fondés<br />

sur des valeurs culturel<strong>les</strong> <strong>autochtones</strong>. Ces programmes prônent et favorisent une combinaison<br />

42 Un examen des différents programmes de traitement au Canada ainsi que de leurs principes fondamentaux<br />

n’entre pas dans le cadre de ce projet. Pour consulter à ce sujet une étude documentaire récente, reportez-vous à Roberts et<br />

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