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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 9<br />

Des femmes à risque élevé de mettre au monde un enfant affecté par des effets liés à l’alcool ont<br />

généralement des antécédents très complexes, l’abus de substances psychoactives n’étant qu’un des<br />

nombreux facteurs influant sur leur vie. Étant donné la diversité des problèmes qui <strong>les</strong> affligent, el<strong>les</strong><br />

peuvent avoir accès à un grand nombre de services différents, notamment des maisons d’hébergement<br />

pour femmes, des programmes de traitement de problèmes de dépendance, des programmes d’action<br />

communautaire pour <strong>les</strong> femmes enceintes ou des services de santé mentale. Par conséquent, il est<br />

important que <strong>les</strong> fournisseurs de services établissent des liens entre eux afin d’aider <strong>les</strong> femmes à obtenir<br />

la gamme de services dont el<strong>les</strong> ont besoin. Toutefois, il arrive dans certains cas que ces femmes à risque<br />

élevé ne s’adressent qu’à un nombre limité de services de santé et de services sociaux; il est donc important<br />

qu’on assure aux fournisseurs de services <strong>les</strong> ressources suffisantes pour leur permettre de prendre le<br />

temps nécessaire de nouer des liens avec ces femmes au moment où el<strong>les</strong> ont recours à des services.<br />

Les femmes <strong>autochtones</strong> à risque élevé entretiennent un rapport très complexe avec leur corps, ce qui<br />

peut ne pas être bien compris par <strong>les</strong> professionnels de la santé (Browne et Fiske, 2001; Tait, 2003).<br />

Cette complexité ressort d’une citation provenant d’une jeune femme autochtone ayant participé à une<br />

étude dont l’objet était d’analyser <strong>les</strong> rencontres entre des femmes <strong>autochtones</strong> originaires d’une réserve<br />

<strong>du</strong> Nord de la Colombie-Britannique et des services de santé réguliers, dispensés à la majorité. Browne<br />

et Fiske ont indiqué que la connaissance des effets intergénérationnels de l’abus sexuel était primordiale<br />

pour bien saisir le comportement de certaines femmes ayant recours aux services de santé. Cette jeune<br />

femme a exprimé notamment à quel point elle se sentait vulnérable au moment d’exposer son corps<br />

pour l’examen médical :<br />

[TRADUCTION] Il y a beaucoup d’abus sexuels qui ont été commis, et probablement<br />

qu’il y a encore des victimes d’abus sexuel dans la collectivité. Et <strong>les</strong> femmes plus jeunes,<br />

el<strong>les</strong> ne veulent pas montrer leur corps. El<strong>les</strong> ne veulent pas attirer l’attention sur leur<br />

personne, ni sur leurs malaises, ou sur quoi que ce soit, parce qu’el<strong>les</strong> ont peur de laisser<br />

quelqu’un <strong>les</strong> toucher en raison de l’abus sexuel dont el<strong>les</strong> sont victimes. Les docteurs ne<br />

se préoccupent pas de cela, ne sont pas compatissants à cet égard. Vous savez, ils ignorent<br />

tout <strong>du</strong> tableau général de la situation derrière <strong>les</strong> portes closes, ce qui se passe vraiment<br />

dans cette communauté ... Et en même temps, il y a la violence physique. C’est pourquoi<br />

il y a ces femmes si gênées. Particulièrement si el<strong>les</strong> se trouvent devant un homme<br />

médecin parlant d’un ton autoritaire ou si el<strong>les</strong> ont l’impression qu’on leur parle comme<br />

à une inférieure (cité dans Browne et Fiske, 2001 : 139).<br />

Dans des situations comme cel<strong>les</strong>-là, la réticence d’une femme à participer naturellement à un examen<br />

clinique, particulièrement dans un cas de grossesse, sera sans doute jugée par <strong>les</strong> fournisseurs de services<br />

de santé comme un comportement de résistance, de manque de collaboration ou d’indifférence de la<br />

femme à l’égard de la santé <strong>du</strong> foetus. Si, en plus elle a un problème d’abus de substances psychoactives,<br />

cela pourrait ajouter un autre fardeau à son angoisse d’avoir à subir un examen. Dans des situations<br />

touchant des femmes à risque élevé d’avoir un enfant affecté <strong>du</strong> SAF/ACLA, des facteurs cumulatifs<br />

comme des antécédents d’abus sexuel, une dépendance à l’alcool, le racisme et la crainte de l’appréhension<br />

de leur enfant dès sa naissance peuvent contribuer à ce que ces femmes ne recourent pas à des soins<br />

prénataux, ni à des services de traitement de leur problème de dépendance alcoolique (Tait, 2003).<br />

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