Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ... Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 9 comme un endroit de rencontre et non pas comme un programme (Tait, 2000a). Les femmes ne sont pas obligées de s’inscrire à un programme, notamment à des cours de développement de compétences parentales ou à des cours prénataux; toutefois, une femme peut suivre ce type de programme si elle le désire. Street Connections, un service destiné aux femmes de la rue et aux transgenderistes à Winnipeg, est un exemple de service « porte ouverte » conçu spécialement pour les femmes. Tait écrit : [TRADUCTION] Des centres d’action communautaire ou des services complémentaires comme Street Connections ... amorcent leur projet à partir de la notion de « communauté », et ils établissent les bases de leurs programmes et services d’après ce concept ... Les femmes sont amenées à considérer le service comme un « endroit » où elles peuvent aller et rencontrer d’autres femmes aux prises avec les mêmes difficultés. Un endroit où elles ont la possibilité de nouer des liens, un réseau de soutien positif avec d’autres femmes, avec qui elles développent un sentiment d’appartenance ou d’appropriation dans un environnement qui n’est pas menaçant, ni critique. Divers fournisseurs de services sont à la disposition des femmes dans ces centres de services complémentaires communautaires. À titre d’exemple, Street Connections offre les services d’une infirmière sur place, de telle sorte que les femmes peuvent obtenir des services de soins de santé primaires dans un milieu où elles se sentent à l’aise. Elles rencontrent la même infirmière chaque fois qu’elles ont un examen, et elles peuvent ainsi établir une relation de confiance avec elle. Des travailleurs sociaux et des conseillers qui oeuvrent au Centre se mêlent aux clientes qui viennent à la maison pour rencontrer des gens, passer le temps. Les femmes ayant eu recours à ce service ont rapporté qu’elles se confiaient aux travailleurs de Street Connections avant de parler à quiconque de ce qui se passait dans leur vie parce qu’elles leur faisaient confiance et savaient que la confidentialité de leurs propos serait respectée. Ces femmes respectaient également l’opinion des travailleurs, sentaient que ceux-ci ne portaient pas de jugements et les écoutaient plutôt que de les pousser à recourir à des programmes et à des activités auxquels elles ne voulaient pas participer. Ces fournisseurs de services se rendaient aussi disponibles pour accompagner les femmes à leurs rendez-vous et ils faisaient des revendications au nom de ces femmes, si nécessaire, auprès d’autres fournisseurs de services. Par ailleurs, comme d’autres programmes semblables, ce type de services est soumis aux mêmes lacunes en fait de manque de personnel, de ressources financières insuffisantes pour répondre aux besoins des clientes (2000a : 25). Les services d’action communautaire (complémentaires) fournissent un espace d’agrément communautaire pour les femmes, favorisent la détente, la conversation, le plaisir de partager avec les autres et de rire, et ils peuvent contribuer à rompre l’isolement et la solitude qui affligent les femmes de la rue. Ils peuvent aussi faciliter la constitution d’un groupement communautaire dans les centres urbains où les femmes autochtones viennent de diverses nations et d’horizons divers. Un élément important de ces services, c’est qu’ils offrent à ces femmes et à leurs enfants un endroit sûr, une sécurité qui ne peut être aussi bien assurée que dans des centres réservés aux femmes. Même si les centres communautaires sont aussi importants, les femmes ne peuvent pas recourir à ces services si elles craignent de rencontrer un homme dont elles ont peur (Tait, 2003). 220

Chapitre 9 Une fois que des femmes obtiennent des services prénataux, les fournisseurs de services sont en position pour exercer leur influence auprès des femmes à risque d’avoir un enfant affecté par les effets liés à l’alcool. Bon nombre d’études qualitatives ont montré que les femmes autochtones ont une attitude plus positive à l’égard des fournisseurs de services qui entrent en contact avec elles de façon non critique, qui ne portent pas de jugements, les traitent avec respect et les font participer au processus de prise de décision (Benoit et Carroll, 2001; Browne et Fiske, 2001; Tait, 2000a; 2003). Dans le cadre de leur étude qualitative faisant l’analyse des barrières auxquelles les femmes en Colombie-Britannique doivent faire face relativement au traitement de problèmes de dépendance, Poole et Isaac ont constaté que les professionnels et les spécialistes dispensant du soutien au sein d’une vaste gamme de services, y compris la justice, la santé et le logement, ont aidé les femmes à obtenir un traitement (1999 dans Roberts et Nanson, 2000). Carr insiste particulièrement sur la nécessité d’intervenir sur le plan des besoins liés aux relations interpersonnelles de la cliente (p. ex. des problèmes d’estime de soi, de violence familiale) au lieu de seulement donner des faits concernant les risques de boire pendant la grossesse (1995 dans Roberts et Nanson, 2000). Dans le cas particulier des femmes à risque élevé qui ont des antécédents de méfiance à l’égard des services de santé et des services sociaux, rétablir la confiance pour pouvoir dispenser des services appropriés peut prendre un temps considérable et une attention particulière de la part des fournisseurs de services (Leslie et Roberts, 2001). Dans l’étude de Tait (2000a), de nombreux fournisseurs de services du Manitoba ont rapporté les lacunes sur le plan du personnel et de l’appui financier nécessaires pour être en mesure de répondre aux demandes des clientes en matière de relation d’aide, de services d’action directe communautaire, de programmes de suivi post-cure destinés aux femmes ayant des problèmes d’abus de substances psychoactives, en dépit du besoin flagrant de ces services (Leslie et Roberts, 2001). Les retombées des « pratiques exemplaires » seront de beaucoup inférieures aux prévisions, à moins que les questions se rapportant aux ressources humaines et financières soient abordées et réglées par les organismes de financement gouvernementaux. Dans leur recension et analyse des écrits publiés, Roberts et Nanson (2000) ont trouvé beaucoup d’études qui ont fait l’analyse de l’application d’interventions de courte durée visant à motiver les femmes enceintes à diminuer ou à cesser leur consommation de substances psychoactives. Yahnee et Miller (1999 dans Roberts et Nanson, 2000) ont passé en revue la documentation sur les interventions brèves et ils ont déterminé les aspects suivants des interventions ayant bien fonctionné, désignés sous l’acronyme FRAMES : Feedback ou rétroaction : efficace, mais les interventions brèves ne donnent à la cliente qu’une rétroaction personnelle concernant sa situation et son état personnel. Responsabilité : les interventions brèves efficaces mettent l’accent sur la responsabilité personnelle d’effectuer des changements et sur la liberté de la personne de prendre des décisions la concernant (la liberté de choix). Avis : la relation d’aide brève efficace, incluant la recommandation explicite et claire qu’un changement doit être effectué, est dispensée de façon empathique (avec sensibilité) et non pas de façon autoritaire. 221

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comme un endroit de rencontre et non pas comme un programme (Tait, 2000a). Les femmes ne sont pas<br />

obligées de s’inscrire à un programme, notamment à des cours de développement de compétences<br />

parenta<strong>les</strong> ou à des cours prénataux; toutefois, une femme peut suivre ce type de programme si elle le<br />

désire. Street Connections, un service destiné aux femmes de la rue et aux transgenderistes à Winnipeg,<br />

est un exemple de service « porte ouverte » conçu spécialement pour <strong>les</strong> femmes. Tait écrit :<br />

[TRADUCTION] Des centres d’action communautaire ou des services complémentaires<br />

comme Street Connections ... amorcent leur projet à partir de la notion de<br />

« communauté », et ils établissent <strong>les</strong> bases de leurs programmes et services d’après ce<br />

concept ... Les femmes sont amenées à considérer le service comme un « endroit » où<br />

el<strong>les</strong> peuvent aller et rencontrer d’autres femmes aux prises avec <strong>les</strong> mêmes difficultés.<br />

Un endroit où el<strong>les</strong> ont la possibilité de nouer des liens, un réseau de soutien positif avec<br />

d’autres femmes, avec qui el<strong>les</strong> développent un sentiment d’appartenance ou<br />

d’appropriation dans un environnement qui n’est pas menaçant, ni critique. Divers<br />

fournisseurs de services sont à la disposition des femmes dans ces centres de services<br />

complémentaires communautaires. À titre d’exemple, Street Connections offre <strong>les</strong> services<br />

d’une infirmière sur place, de telle sorte que <strong>les</strong> femmes peuvent obtenir des services de<br />

soins de santé primaires dans un milieu où el<strong>les</strong> se sentent à l’aise. El<strong>les</strong> rencontrent la<br />

même infirmière chaque fois qu’el<strong>les</strong> ont un examen, et el<strong>les</strong> peuvent ainsi établir une<br />

relation de confiance avec elle. Des travailleurs sociaux et des conseillers qui oeuvrent au<br />

Centre se mêlent aux clientes qui viennent à la maison pour rencontrer des gens, passer<br />

le temps. Les femmes ayant eu recours à ce service ont rapporté qu’el<strong>les</strong> se confiaient<br />

aux travailleurs de Street Connections avant de parler à quiconque de ce qui se passait<br />

dans leur vie parce qu’el<strong>les</strong> leur faisaient confiance et savaient que la confidentialité de<br />

leurs propos serait respectée. Ces femmes respectaient également l’opinion des travailleurs,<br />

sentaient que ceux-ci ne portaient pas de jugements et <strong>les</strong> écoutaient plutôt que de <strong>les</strong><br />

pousser à recourir à des programmes et à des activités auxquels el<strong>les</strong> ne voulaient pas<br />

participer. Ces fournisseurs de services se rendaient aussi disponib<strong>les</strong> pour accompagner<br />

<strong>les</strong> femmes à leurs rendez-vous et ils faisaient des revendications au nom de ces femmes,<br />

si nécessaire, auprès d’autres fournisseurs de services. Par ailleurs, comme d’autres<br />

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manque de personnel, de ressources financières insuffisantes pour répondre aux besoins<br />

des clientes (2000a : 25).<br />

Les services d’action communautaire (complémentaires) fournissent un espace d’agrément<br />

communautaire pour <strong>les</strong> femmes, favorisent la détente, la conversation, le plaisir de partager avec <strong>les</strong><br />

autres et de rire, et ils peuvent contribuer à rompre l’isolement et la solitude qui affligent <strong>les</strong> femmes de<br />

la rue. Ils peuvent aussi faciliter la constitution d’un groupement communautaire dans <strong>les</strong> centres urbains<br />

où <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> viennent de diverses nations et d’horizons divers. Un élément important de<br />

ces services, c’est qu’ils offrent à ces femmes et à leurs enfants un endroit sûr, une sécurité qui ne peut<br />

être aussi bien assurée que dans des centres réservés aux femmes. Même si <strong>les</strong> centres communautaires<br />

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