Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ... Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

28.08.2013 Views

Chapitre 9 Elle a fait ceci, elle a fait cela, ... que se passe-t-il? » J’ai peur des services d’aide à l’enfance et à la famille. J’ai toujours peur parce qu’à l’âge de onze ans, on m’a retirée [de ma famille] sans raison, pour rien (cité dans Tait, 2000a : 62). Dans le cadre de l’étude menée par Kowalsky et Verhoef (1999 dans Roberts et Nanson, 2000) on montre qu’il y a des difficultés inhérentes à la situation des femmes enceintes résidant dans des collectivités autochtones isolées. En effet, la crainte de la stigmatisation, le manque de connaissance ou de sensibilisation au sujet de ces problématiques et des problèmes sociaux propres à ces collectivités, tous ces facteurs contribuent au fait que ces femmes n’ont pas accès aux services. Kowalsky et Verhoef ont constaté que l’abus de substances psychoactives était endémique dans ce type de collectivité, notamment parce qu’il était entrelacé avec d’autres problèmes sociaux, il était difficile de s’y attaquer isolément. Jordan (1998, dans Roberts et Nanson, 2000). Dans un exposé sur des problèmes similaires dans une collectivité Navajo au Nouveau-Mexique, Jordan a proposé l’intervention et l’appui d’activités de promotion de la famille, de langues autochtones ainsi que de ressources et de documentation de base, ou de publications en langue autochtone locale comme stratégies visant à briser la résistance, à surmonter les barrières. Dans une étude portant sur l’analyse des besoins de services auprès de femmes enceintes ayant des problèmes d’abus des substances psychoactives au Manitoba, Tait (2000a) a constaté que les services communautaires destinés aux femmes étaient fort dissemblables, le plus grand nombre et la diversité de ces services se trouvant à Winnipeg. Cette gamme de services comprenait notamment des centres de ressources pour les femmes, des maisons d’hébergement, des maisons de transition, des services et programmes pour les jeunes, des groupes de soutien et d’entraide et des centres d’action communautaire (extension). Ce groupe de fournisseurs de services exerçait un rôle extrêmement important en soutenant les femmes avant, pendant et après leur grossesse; dans de nombreux cas, il n’y avait qu’un premier contact avec les femmes, et dans d’autres cas, un fournisseur de services avait représenté le seul contact pendant toute la durée de la grossesse de ces femmes à risque élevé. Bon nombre de fournisseurs de services ont souligné l’existence de nombreux bris de service dans le continuum des soins offerts aux femmes enceintes, ayant pour effet d’entraîner leur rechute, de les amener à retomber dans leur problème d’abus de substances. Les problèmes les plus communs étaient attribuables à la difficulté d’avoir accès aux programmes de traitement de la dépendance à l’alcool (notamment aucune place disponible) et le manque de services de suivi pour les femmes enceintes qui avaient terminé un programme de traitement. Tait écrit : [TRADUCTION] Comme un des principaux facteurs, c’est le manque de facilité pour la femme à accéder aux services auxquels elle peut recourir allié au fait que ces services sont situés à différents endroits. Par exemple, habituellement une femme enceinte qui se rend à un service, comme une maison de refuge, ne peut pas obtenir de consultation pour des problèmes d’abus de substances psychoactives. Elle doit s’adresser à un autre programme pour traiter son problème de dépendance. Elle ne peut pas non plus obtenir de l’information sur la grossesse et du soutien à un programme de traitement de problèmes de dépendance, et elle doit faire une demande de services ailleurs ... Étant donné que la plupart des services destinés aux femmes sont conçus pour traiter un problème précis ayant des répercussions sur leur vie comme la violence conjugale, la grossesse ou la 218

Chapitre 9 dépendance aux substances – elles sont laissées à elles-mêmes pour se frayer un chemin, surmonter les difficultés à travers un labyrinthe d’options de services. Ce n’est pas toujours facile, particulièrement dans le cas des femmes aux prises avec un problème de dépendance aux substances psychoactives qui peuvent craindre avant tout les conséquences d’être déclarées, connues, auprès des fournisseurs de service. De plus, des femmes provenant de certains groupes, comme les femmes autochtones ou métisses, peuvent se sentir mal à l’aise de recourir à des services offerts par des fournisseurs et des organismes non autochtones (2000a : 24). Dans le cas des femmes autochtones qui vivent dans des établissements ou des réserves, le problème contraire peut survenir, notamment qu’il y ait un nombre très limité d’options de services communautaires. Dans les cas où les femmes autochtones ont à se déplacer à l’extérieur de leur collectivité pour accoucher dans un centre urbain, elles n’ont généralement que très peu d’information sur les services de soutien disponibles pendant leur séjour loin de la maison. Il arrive aussi qu’elles aient beaucoup de réticence ou de crainte à prendre contact avec des organisations qui pourraient leur apporter du soutien. Dans certains cas, elles doivent séjourner à l’extérieur de leur collectivité de deux à quatre semaines avant l’accouchement. Des femmes placées dans une telle situation peuvent éprouver toute une gamme d’émotions intenses, entre autres la dépression, l’ennui, la solitude, l’isolement et la peur, tout un ensemble de sentiments qui peuvent inciter ces femmes à risque ayant des problèmes actuels ou ayant eu dans le passé des problèmes de consommation excessive d’alcool à de nouveaux abus. C’est encore plus à prévoir si on ne leur offre pas le soutien nécessaire pour les réconforter dans ces centres où elles vont accoucher (Tait, 2003). Les barrières qui peuvent empêcher les femmes enceintes de recourir à des services cliniques de soins prénataux et des services communautaires peuvent se présenter sous diverses formes. À titre d’exemple, Tait (2000a) a observé que la situation inadaptée des services – comme des services communautaires pour femmes enceintes situés dans le même immeuble que les services d’aide à l’enfance – pouvait décourager ces femmes à recourir à certains programmes, par crainte que les fournisseurs des services d’aide à l’enfance ne s’aperçoivent de leur grossesse. Cette constatation se révèle encore plus juste dans de petites collectivités rurales ou urbaines, l’espace alloué à des locaux réservés aux programmes y étant limité. Des problèmes de transport et un manque de services de soins à l’enfance représentaient aussi des barrières pour certaines femmes, particulièrement celles vivant dans des milieux ruraux qui voulaient utiliser des services offerts en milieux urbains. Fournir des billets d’autobus et des services de garderie peut constituer une intervention simple et peu coûteuse susceptible d’accroître la participation des femmes; en conséquence, une allocation budgétaire suffisante devrait être accordée aux services complémentaires locaux pour qu’ils puissent offrir ce soutien. Dans cette étude de Tait, une constatation importante a permis de faire la distinction entre la prestation de « programmes » et celle d’« un lieu/un endroit de rencontre ». À la différence des programmes spécialisés, certains services complémentaires ou d’action communautaire fonctionnent comme des haltes-accueil ou des centres « porte ouverte ». Mentionnons à titre d’exemples les programmes autochtones d’aide préscolaire, des centres d’amitié ou d’accueil autochtones et métis et des centres de ressources pour les femmes. Généralement, les femmes recourent à ces services sur la base de « porte ouverte », quand bon leur semble. Ce qui contribue à rendre ce type de services unique, c’est aussi qu’ils fonctionnent 219

Chapitre 9<br />

dépendance aux substances – el<strong>les</strong> sont laissées à el<strong>les</strong>-mêmes pour se frayer un chemin,<br />

surmonter <strong>les</strong> difficultés à travers un labyrinthe d’options de services. Ce n’est pas toujours<br />

facile, particulièrement dans le cas des femmes aux prises avec un problème de dépendance<br />

aux substances psychoactives qui peuvent craindre avant tout <strong>les</strong> conséquences d’être<br />

déclarées, connues, auprès des fournisseurs de service. De plus, des femmes provenant<br />

de certains groupes, comme <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> ou métisses, peuvent se sentir mal<br />

à l’aise de recourir à des services offerts par des fournisseurs et des organismes non<br />

<strong>autochtones</strong> (2000a : 24).<br />

Dans le cas des femmes <strong>autochtones</strong> qui vivent dans des établissements ou des réserves, le problème<br />

contraire peut survenir, notamment qu’il y ait un nombre très limité d’options de services communautaires.<br />

Dans <strong>les</strong> cas où <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> ont à se déplacer à l’extérieur de leur collectivité pour accoucher<br />

dans un centre urbain, el<strong>les</strong> n’ont généralement que très peu d’information sur <strong>les</strong> services de soutien<br />

disponib<strong>les</strong> pendant leur séjour loin de la maison. Il arrive aussi qu’el<strong>les</strong> aient beaucoup de réticence ou<br />

de crainte à prendre contact avec des organisations qui pourraient leur apporter <strong>du</strong> soutien. Dans<br />

certains cas, el<strong>les</strong> doivent séjourner à l’extérieur de leur collectivité de deux à quatre semaines avant<br />

l’accouchement. Des femmes placées dans une telle situation peuvent éprouver toute une gamme<br />

d’émotions intenses, entre autres la dépression, l’ennui, la solitude, l’isolement et la peur, tout un ensemble<br />

de sentiments qui peuvent inciter ces femmes à risque ayant des problèmes actuels ou ayant eu dans le<br />

passé des problèmes de consommation excessive d’alcool à de nouveaux abus. C’est encore plus à prévoir<br />

si on ne leur offre pas le soutien nécessaire pour <strong>les</strong> réconforter dans ces centres où el<strong>les</strong> vont accoucher<br />

(Tait, 2003).<br />

Les barrières qui peuvent empêcher <strong>les</strong> femmes enceintes de recourir à des services cliniques de soins<br />

prénataux et des services communautaires peuvent se présenter sous diverses formes. À titre d’exemple,<br />

Tait (2000a) a observé que la situation inadaptée des services – comme des services communautaires<br />

pour femmes enceintes situés dans le même immeuble que <strong>les</strong> services d’aide à l’enfance – pouvait<br />

décourager ces femmes à recourir à certains programmes, par crainte que <strong>les</strong> fournisseurs des services<br />

d’aide à l’enfance ne s’aperçoivent de leur grossesse.<br />

Cette constatation se révèle encore plus juste dans de petites collectivités rura<strong>les</strong> ou urbaines, l’espace<br />

alloué à des locaux réservés aux programmes y étant limité. Des problèmes de transport et un manque<br />

de services de soins à l’enfance représentaient aussi des barrières pour certaines femmes, particulièrement<br />

cel<strong>les</strong> vivant dans des milieux ruraux qui voulaient utiliser des services offerts en milieux urbains. Fournir<br />

des billets d’autobus et des services de garderie peut constituer une intervention simple et peu coûteuse<br />

susceptible d’accroître la participation des femmes; en conséquence, une allocation budgétaire suffisante<br />

devrait être accordée aux services complémentaires locaux pour qu’ils puissent offrir ce soutien.<br />

Dans cette étude de Tait, une constatation importante a permis de faire la distinction entre la prestation<br />

de « programmes » et celle d’« un lieu/un endroit de rencontre ». À la différence des programmes<br />

spécialisés, certains services complémentaires ou d’action communautaire fonctionnent comme des<br />

haltes-accueil ou des centres « porte ouverte ». Mentionnons à titre d’exemp<strong>les</strong> <strong>les</strong> programmes <strong>autochtones</strong><br />

d’aide préscolaire, des centres d’amitié ou d’accueil <strong>autochtones</strong> et métis et des centres de ressources<br />

pour <strong>les</strong> femmes. Généralement, <strong>les</strong> femmes recourent à ces services sur la base de « porte ouverte »,<br />

quand bon leur semble. Ce qui contribue à rendre ce type de services unique, c’est aussi qu’ils fonctionnent<br />

219

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!