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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 9<br />

Selon Tait (2003), on peut lier la prévention <strong>du</strong> SAF/ACLA à de nouvel<strong>les</strong> formes d’attitudes colonialistes<br />

à l’égard <strong>du</strong> corps des femmes <strong>autochtones</strong>. A titre d’exemple, face au grand nombre de grossesses <strong>chez</strong><br />

<strong>les</strong> ado<strong>les</strong>centes dans certaines collectivités <strong>autochtones</strong> <strong>du</strong> Nord et des sous populations urbaines au<br />

Manitoba, <strong>les</strong> mesures ou solutions biomédica<strong>les</strong> de la société dominante ont consisté à prescrire des<br />

méthodes anticonceptionnel<strong>les</strong>, notamment des contraceptifs DepoProvera® 39 à des ado<strong>les</strong>centes, dont<br />

certaines avaient à peine 13 ans (Tait, 2000a). Dans cette étude de Tait, des fournisseurs de services de<br />

santé et de services sociaux considèrent ce type de méthode anticonceptionnelle comme une mesure<br />

positive permettant de prévenir, entre autres, le SAF/ACLA (2000a; 2003). Tait fait remarquer qu’en<br />

dépit <strong>du</strong> fait que DepoProvera® peut éliminer certains problèmes pour ces jeunes femmes, notamment<br />

celui d’avoir à négocier l’utilisation d’un condom avec leur partenaire ou celui de se rappeler chaque<br />

jour de prendre la pilule, il reste néanmoins qu’el<strong>les</strong> ne sont pas protégées contre <strong>les</strong> maladies transmises<br />

sexuellement, particulièrement le VIH ( 2000a; 2003). Tait ajoute :<br />

[TRADUCTION] Certains fournisseurs de services ont l’impression qu’en prescrivant<br />

DepoProvera®, on applique une mesure responsable permettant de prévenir le SAF et<br />

d’autres conditions ou pathologies connexes dans des milieux sociaux où <strong>les</strong> grossesses<br />

des ado<strong>les</strong>centes et la consommation abusive de substances psychoactives sont<br />

particulièrement élevées. Tant <strong>du</strong> côté des fournisseurs de services que de celui des<br />

consommatrices (<strong>les</strong> femmes interviewées), on a fait remarquer que le Depo-Provera®<br />

était prescrit selon une fréquence beaucoup plus élevée <strong>chez</strong> <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong><br />

que <strong>chez</strong> <strong>les</strong> femmes non <strong>autochtones</strong>, ce qui soulève des questions quant aux raisons<br />

fondamenta<strong>les</strong> motivant ce taux plus élevé de prescriptions. Suivant la perspective de<br />

certains de ces fournisseurs de services, DepoProvera® ou n’importe quelle intervention<br />

de longue <strong>du</strong>rée en matière de contraception ne traite pas <strong>les</strong> problèmes de dépendance<br />

<strong>chez</strong> la population ciblée et, par conséquent, il ne s’agit là que d’une solution à court<br />

terme pour la prévention de conditions et de pathologies liées à la consommation de<br />

substances psychoactives pendant la grossesse. Ils soutiennent que DepoProvera® ne<br />

contribue en rien à traiter <strong>les</strong> conséquences négatives des problèmes de dépendance sur<br />

la santé et le mieux-être des femmes, abstraction faite de la prévention quant à l’atteinte<br />

au foetus (2000a : 15).<br />

La prévention secondaire <strong>chez</strong> <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> peut représenter, dans le contexte de la prestation<br />

de services, une entreprise assez difficile. Browne et Fiske font remarquer que « la subordination des<br />

Autochtones, un effet <strong>du</strong> colonialisme, a eu pour conséquence de mettre <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> en<br />

péril de multiple façons, confrontées à la discrimination personnelle et institutionnelle, en position<br />

d’infériorité en raison de la race, <strong>du</strong> sexe et de la classe sociale » (2001 : 127; Dion-Stout, 1996; Voyageur,<br />

1996). Poole (2000) écrit que <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> subissent fortement le contrecoup des attitudes<br />

omniprésentes, négatives de la société à l’égard des femmes qui font une consommation abusive des<br />

substances psychoactives, une attitude qui a surtout exercé des pressions sur <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong><br />

ayant des problèmes de consommation de substances psychoactives. Benoit et Carroll, dans le cadre<br />

39 Une prescription de DepoProvera® couvre une période de trois mois et elle est administrée à la patiente par<br />

injection. On associe au DepoProvera® de nombreux effets secondaires indésirab<strong>les</strong>, notamment une prise ou une perte<br />

de poids; de plus, ce contraceptif n’est généralement pas considéré par <strong>les</strong> spécialistes de la santé comme une forme<br />

appropriée de contraception pour des ado<strong>les</strong>centes (Tait, 2003).<br />

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