Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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28.08.2013 Views

Sommaire Lorsqu’on ajoute à ceci le fait que d’autres facteurs méthodologiques – par exemple la méthode utilisée pour être certain du cas où la population qui a fait l’objet du sondage – on doit conclure que les estimations au sujet du SAF et des EAF démontrent de grandes variations. (Roberts et Nanson, 2000). D’une manière générale, les catégorisations telles que les effets de l’alcool sur le foetus (EAF), et les anomalies de naissances liées à l’alcool sont aussi controversées. Par exemple, les EAF étaient utilisés à l’origine pour décrire des problèmes cognitifs ou comportementaux chez les enfants exposés à l’alcool in-utero, sans que l’on fasse mention des caractéristiques typiques du SAF. En ce qui concerne les EAF, ceux-ci étaient en général considérés comme étant moins sévères que le syndrome. Certains auteurs ont cependant souligné que les EAF incluent un dysfonctionnement du SNC aussi sévère que celui du SAF (Abel, 1998a; Streissguth, LaDue et Randels, 1987). D’autres suggèrent que la précision apportée par le terme EAF – qui n’a d’ailleurs jamais été très exact – a été de plus en plus érodée à cause de la difficulté à mesurer l’exposition à l’alcool, et aux obstacles inhérents à une quantification ou à une démarcation des problèmes cognitifs et comportementaux. (Stratton, Howe et coll., 1996). Les chercheurs dans le domaine de la médecine essaient actuellement de normaliser les outils de diagnostic utilisés par les cliniciens, lorsque ceux-ci entreprennent un diagnostic de SAF et autres effets d’exposition prénatale à l’alcool. Dans la plupart des régions du Canada, il est difficile pour un patient de recevoir une évaluation médicale pour les SAF/SAF à cause d’un manque d’outils de diagnostic normalisés, et parce que de nombreux médecins canadiens n’ont pas de formation pour diagnostiquer les SAF/EAF. La présence de facteurs prêtant à confusion – tels que les phénotypes spécifiques (traits faciaux typiques, taille, circonférence crânienne) chez certains groupes autochtones et qui ressemblent à ceux de personnes affectées par les SAF/SAF – signifie qu’il existe un potentiel d’erreurs de diagnostic ou de surdiagnostic en ce qui concerne les communautés autochtones. Les tests psychologiques normalisés pour le dysfonctionnement du SNC ne conviennent sans doute pas aux enfants autochtones dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais, ou qui ont été éduqués dans des communautés isolées. Les caractéristiques culturelles d’une communauté, par exemple la prise en compte des autres facteurs locaux (intégration communautaire), doivent être intégrées dans l’élaboration d’outils pertinents d’évaluation. Il est nécessaire d’entreprendre des recherches en ce qui concerne des essais répétés visant la fiabilité et la validité des classifications des SAF/EAF et des outils servant à leur évaluation. Ces essais devraient permettre, au cours de leur durée de vie, de vérifier si ces catégories peuvent identifier (et avec quel taux de régularité) les personnes autochtones atteintes du SAF/EAF. Ces essais répétés peuvent englober une réévaluation indépendante (le clinicien ne connaît pas le diagnostic précédent) des patients à des intervalles variés au cours de leur vie, afin de vérifier si ces patients entrent encore dans la catégorie de diagnostic qui leur a été assignée. Consommation d’alcool Ce rapport fait un tour d’horizon des opinions courantes sur l’abus d’alcool chez les Autochtones. La complexité associée à la recherche des raisons motivant certaines personnes ou certains groupes à boire avec excès de l’alcool, tandis que d’autres ne le font pas, est particulièrement manifeste. Les effets dévastateurs de la colonisation sur les Autochtones et leur continuelle marginalisation sur le plan économique et social, subis par ces groupes depuis de nombreuses générations, constituent des aspects problématiques importants souvent rappelés dans l’optique des motifs liés à l’abus de substances xii

Sommaire psychoactives chez les groupes autochtones au Canada. Relativement aux écrits recensés sur l’abus de l’alcool et la grossesse, il existe une distinction claire entre deux corpus documentaires; en effet, le corpus traitant de l’abus des substances psychoactives et de la grossesse a adopté un point de vue sur l’abus de l’alcool beaucoup plus spécifique et rigoureux. Dans la recension des écrits sur le SAF on tend à cerner une gamme limitée de variables, à mettre l’accent sur de l’information de nature généralement médicale et à recueillir des données principalement dans des milieux cliniques de soins prénataux ou obstétricaux (May, 1998). Même si le centre d’intérêt des études axées sur l’abus d’alcool et la grossesse s’élargit, même s’il s’agit d’une source de traumatismes intergénérationnels et de traumatisme collectif, cette problématique d’une très grande importance pour la connaissance et la compréhension en général du problème de l’abus d’alcool chez les Autochtones n’a obtenu jusqu’à maintenant que très peu d’attention. Les pensionnats Les témoignages des anciens élèves au sujet de leur expérience au pensionnat causent une vive affliction parce qu’ils exposent des faits où des enfants ont été victimes d’actes de violence graves contre leur identité autochtone et contre leur bien-être physique, psychologique, émotionnel et spirituel. Il existe des témoignages qui suscitent de l’incrédulité et un profond dégoût car ils nous font entrevoir le degré de gravité de la violence systémique infligée à l’égard d’enfants innocents, de leur famille et de leur communauté par les instances gouvernementales et les Églises à qui ces collectivités avaient confié la garde, les soins et la sécurité des enfants qui fréquentaient les pensionnats. Un examen de la documentation historique indique clairement à quel point les Autochtones ont souffert du régime des pensionnats. L’abus généralisé dans ces institutions, revêtant diverses formes, a laissé des traces au plan individuel et collectif sur la santé et le bien-être d’un très grand nombre d’Autochtones. Il faut souligner que la résilience des anciens élèves et de leurs collectivités a été assez remarquable, compte tenu de l’expérience vécue et des traces qu’elles ont laissées. Considérant la relation entre, d’une part, la continuation de génération en génération de l’abus des substances psychoactives et la grossesse et, d’autre part, le syndrome d’alcoolisation foetale et les autres anomalies congénitales liées à l’alcool, il est clair que le régime des pensionnats a été à l’origine du facteur de risque déterminant en cause, l’abus des substances psychoactives. Cependant, il est aussi à la source d’autres facteurs qu’on associe à l’abus d’alcool, notamment l’abus physique, émotionnel et sexuel dans l’enfance et à l’âge adulte, des problèmes de santé mentale et le dysfonctionnement familial. On peut aussi lier les répercussions laissées par les pensionnats à d’autres facteurs de risque dans le cas d’issue de grossesse défavorable chez des femmes qui font une consommation abusive d’alcool, comme un mauvais état de santé, un manque de scolarisation, la pauvreté chronique. Violence à l’égard des enfants Dans le contexte où on considère la relation transgénérationnelle entre le régime des pensionnats et le taux de fréquence contemporain de l’abus des substances psychoactives pendant la grossesse chez les femmes autochtones, la violence faite aux enfants est un facteur important. Des travaux de recherche xiii

Sommaire<br />

psychoactives <strong>chez</strong> <strong>les</strong> groupes <strong>autochtones</strong> au Canada. Relativement aux écrits recensés sur l’abus de<br />

l’alcool et la grossesse, il existe une distinction claire entre deux corpus documentaires; en effet, le<br />

corpus traitant de l’abus des substances psychoactives et de la grossesse a adopté un point de vue sur<br />

l’abus de l’alcool beaucoup plus spécifique et rigoureux.<br />

Dans la recension des écrits sur le SAF on tend à cerner une gamme limitée de variab<strong>les</strong>, à mettre<br />

l’accent sur de l’information de nature généralement médicale et à recueillir des données principalement<br />

dans des milieux cliniques de soins prénataux ou obstétricaux (May, 1998). Même si le centre d’intérêt<br />

des études axées sur l’abus d’alcool et la grossesse s’élargit, même s’il s’agit d’une source de traumatismes<br />

intergénérationnels et de traumatisme collectif, cette problématique d’une très grande importance pour<br />

la connaissance et la compréhension en général <strong>du</strong> problème de l’abus d’alcool <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones n’a<br />

obtenu jusqu’à maintenant que très peu d’attention.<br />

Les pensionnats<br />

Les témoignages des anciens élèves au sujet de leur expérience au pensionnat causent une vive affliction<br />

parce qu’ils exposent des faits où des enfants ont été victimes d’actes de violence graves contre leur<br />

identité autochtone et contre leur bien-être physique, psychologique, émotionnel et spirituel. Il existe<br />

des témoignages qui suscitent de l’incré<strong>du</strong>lité et un profond dégoût car ils nous font entrevoir le degré<br />

de gravité de la violence systémique infligée à l’égard d’enfants innocents, de leur famille et de leur<br />

communauté par <strong>les</strong> instances gouvernementa<strong>les</strong> et <strong>les</strong> Églises à qui ces collectivités avaient confié la<br />

garde, <strong>les</strong> soins et la sécurité des enfants qui fréquentaient <strong>les</strong> pensionnats.<br />

Un examen de la documentation historique indique clairement à quel point <strong>les</strong> Autochtones ont souffert<br />

<strong>du</strong> régime des pensionnats. L’abus généralisé dans ces institutions, revêtant diverses formes, a laissé des<br />

traces au plan indivi<strong>du</strong>el et collectif sur la santé et le bien-être d’un très grand nombre d’Autochtones.<br />

Il faut souligner que la résilience des anciens élèves et de leurs collectivités a été assez remarquable,<br />

compte tenu de l’expérience vécue et des traces qu’el<strong>les</strong> ont laissées. Considérant la relation entre, d’une<br />

part, la continuation de génération en génération de l’abus des substances psychoactives et la grossesse<br />

et, d’autre part, le syndrome d’alcoolisation <strong>foetale</strong> et <strong>les</strong> autres anomalies congénita<strong>les</strong> liées à l’alcool, il<br />

est clair que le régime des pensionnats a été à l’origine <strong>du</strong> facteur de risque déterminant en cause, l’abus<br />

des substances psychoactives. Cependant, il est aussi à la source d’autres facteurs qu’on associe à l’abus<br />

d’alcool, notamment l’abus physique, émotionnel et sexuel dans l’enfance et à l’âge a<strong>du</strong>lte, des problèmes<br />

de santé mentale et le dysfonctionnement familial.<br />

On peut aussi lier <strong>les</strong> répercussions laissées par <strong>les</strong> pensionnats à d’autres facteurs de risque dans le cas<br />

d’issue de grossesse défavorable <strong>chez</strong> des femmes qui font une consommation abusive d’alcool, comme<br />

un mauvais état de santé, un manque de scolarisation, la pauvreté chronique.<br />

Violence à l’égard des enfants<br />

Dans le contexte où on considère la relation transgénérationnelle entre le régime des pensionnats et le<br />

taux de fréquence contemporain de l’abus des substances psychoactives pendant la grossesse <strong>chez</strong> <strong>les</strong><br />

femmes <strong>autochtones</strong>, la violence faite aux enfants est un facteur important. Des travaux de recherche<br />

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