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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 9<br />

Au Canada, <strong>du</strong> fait que <strong>les</strong> collectivités <strong>autochtones</strong> hors réserve et en milieu urbain sont sous<br />

réglementation provinciale ou régies par la province, il est pratiquement impossible de mettre en<br />

application des restrictions d’alcool dans ces collectivités. Les Autochtones en milieu urbain n’ont ni<br />

plus ni moins d’influence que d’autres groupes de la collectivité pour mettre en application des<br />

interdictions ou réglementer la vente et le service d’alcool. Ceux qui s’opposent aux interdictions et aux<br />

restrictions d’alcool affirment que de tel<strong>les</strong> mesures perpétuent une attitude ou une approche paternaliste<br />

favorisant la consommation d’alcool comme geste politique et geste d’opposition. Ils préconisent que<br />

<strong>les</strong> Autochtones s’accommodent de la présence d’alcool, mais qu’ils effectuent simultanément <strong>les</strong><br />

changements nécessaires sur <strong>les</strong> plans social, politique et économique qui leur permettront de freiner et<br />

de maîtriser leur consommation excessive (Brady, 2000).<br />

May (1992) soutient que la prohibition de l’alcool – qui est une politique tribale communément mise<br />

en vigueur dans <strong>les</strong> communautés indiennes des États-Unis (environ 69 % des tribus dans <strong>les</strong> années<br />

1990) peut indiquer la persistance, <strong>chez</strong> <strong>les</strong> membres de la communauté eux-même, à croire que<br />

consommation d’alcool abusive <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones est <strong>du</strong>e à des caractéristiques biologiques. Dans le<br />

cadre de leur étude, May et Smith (1988) ont constaté que <strong>les</strong> participants Navajos rejetaient en masse<br />

la légalisation de l’alcool dans la réserve, principalement en raison de leur croyance que tous <strong>les</strong><br />

« Indiens » ont une « faib<strong>les</strong>se », une prédisposition physique à l’alcool. Weibel-Orlando (1990) est<br />

d’avis que cette « nouvelle » prohibition dans <strong>les</strong> collectivités amérindiennes va plutôt à l’encontre <strong>du</strong><br />

but poursuivi, qu’elle n’a pas l’incidence positive prévue, qu’elle contribue plutôt à l’abus de l’alcool et<br />

à la discrimination raciale et qu’elle peut même favoriser la consommation excessive épisodique d’alcool.<br />

En traitant de la prohibition dans <strong>les</strong> collectivités amérindiennes, May évoque l’idée que l’attitude ou<br />

l’approche antérieure inspirée par le paternalisme bienveillant <strong>du</strong> gouvernement fédéral américain a été<br />

« cooptée » par <strong>les</strong> gouvernements tribaux, qui ont endossé une position d’ordre moral ou ethnique au<br />

lieu d’adopter une politique sociale efficace (Weibel-Orlando, 1990 dans Brady, 2000). A titre d’exemple,<br />

May (1992) soutient que la prohibition de l’alcool peut entraîner comme substitut de l’alcool la<br />

consommation d’autres substances psychoactives, notamment des liquides alcooliques méthylées ou <strong>du</strong><br />

fixatif (pro<strong>du</strong>it capillaire).<br />

Il n’existe pas d’étude au Canada qui ait examiné la question des interdictions à l’égard de l’alcool, en<br />

particulier si cel<strong>les</strong>-ci ont permis de ré<strong>du</strong>ire la consommation alcoolique <strong>chez</strong> <strong>les</strong> femmes enceintes.<br />

Même si le fait de prohiber l’usage d’alcool entraînait une diminution de la consommation d’alcool<br />

<strong>chez</strong> la femme enceinte, cette interdiction est également susceptible de provoquer la consommation<br />

d’autres substances psychoactives (par exemple des solvants); d’encourager une consommation excessive<br />

intermittente, dissimulée ou secrète; une sous-déclaration ou non-déclaration de la consommation d’alcool<br />

aux fournisseurs de services de santé; Cette interdiction peut amener <strong>les</strong> femmes à risque très élevé à<br />

quitter leur communauté à se déplacer vers des endroits où el<strong>les</strong> peuvent obtenir de l’alcool. Dans ce<br />

contexte, une femme à risque élevé peut rompre <strong>les</strong> liens avec son réseau de soutien, aller vivre dans des<br />

conditions de violence encore plus graves et dangereuses et augmenter sa consommation d’alcool (Tait,<br />

2003; May, 1991). Bien que la prohibition de l’alcool puisse mener à une ré<strong>du</strong>ction de la consommation<br />

d’alcool <strong>chez</strong> la majorité des femmes enceintes, May (1991) fait observer que de tel<strong>les</strong> politiques peuvent<br />

entraîner l’ostracisation des femmes à risque élevé dans leur communauté. Ceci pourrait contribuer à<br />

une augmentation de la consommation d’alcool dans <strong>les</strong> endroits où il est encore disponible, ou peut<br />

encourager <strong>les</strong> femmes à partir de leur communauté pour trouver un endroit où le fait de boire fait<br />

moins l’objet de stigmatisation.<br />

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