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Syndrome d'alcoolisation foetale chez les peuples autochtones du ...

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Chapitre 8<br />

Des facteurs comme la pauvreté chronique et la marginalisation sociale, qui affectent <strong>les</strong> femmes provenant<br />

de l’ensemble des groupes ethniques, semblent par contre être des variab<strong>les</strong> beaucoup plus importantes<br />

pour le dépistage des femmes à risque que leur identité ethnique. Si ces constatations s’avèrent exactes,<br />

alors comment devrions nous expliquer la relation intergénérationnelle entre le régime des pensionnats<br />

et la consommation abusive d’alcool par <strong>les</strong> femmes <strong>autochtones</strong> enceintes (Armstrong, 1998)?<br />

L’énoncé précédent suppose qu’un lien unidirectionnel peut être fait. Armstrong (1998) soutient que<br />

l’expérience vécue par <strong>les</strong> élèves <strong>autochtones</strong> dans <strong>les</strong> pensionnats a eu pour effet <strong>chez</strong> ces personnes, y<br />

compris <strong>les</strong> femmes enceintes, une dévalorisation <strong>les</strong> amenant à s’adonner à la consommation d’alcool<br />

et, par conséquent, à faire éclore le « problème » <strong>du</strong> SAF <strong>chez</strong> <strong>les</strong> Autochtones. La population des Blancs<br />

a sa part de responsabilité dans l’émergence <strong>du</strong> « problème », étant donné qu’elle a refusé de reconnaître<br />

la culture autochtone et qu’elle a relégué <strong>les</strong> enfants dans des pensionnats. Comme Roland Chrisjohn et<br />

Sherri Young le font remarquer, le régime des pensionnats a soumis <strong>les</strong> enfants <strong>autochtones</strong> à « une<br />

oppression et à une exploitation graves et prolongées » (1997 : 79).<br />

Dans le cas de ces enfants, il ne s’agit pas simplement d’une question de dévalorisation de soi-même,<br />

mais bien de l’expérience collective de tout un peuple opprimé par la colonisation qui a été victime de<br />

mauvais traitements, d’abus d’une grande brutalité. Chrisjohn et Young (1997) font observer qu’on ne<br />

devrait pas mettre en question le fait que <strong>les</strong> séquel<strong>les</strong> des expérience vécues par <strong>les</strong> anciens élèves<br />

peuvent être « transmises » aux générations qui suivent ou à des personnes qui n’ont pas fréquenté ces<br />

éco<strong>les</strong>; ils se demandent également pourquoi, alors que d’autres discussions au sujet des Survivants de<br />

l’Holocauste et des détenus des camps de prisonniers japonais admettent des liens intergénérationnels,<br />

on devrait se questionner sur l’expérience des pensionnats et des Autochtones.<br />

Ce que déclare Armstrong (1998) semble indiquer que nous sommes en train de constater <strong>les</strong> conséquences<br />

de l’oppression colonialiste historique sur <strong>les</strong> Autochtones. Cette constatation semble correspondre aux<br />

croyances partagées par la majorité par <strong>les</strong> fournisseurs de services de santé et de services sociaux, selon<br />

<strong>les</strong>quel<strong>les</strong> l’expérience des pensionnats vécue par <strong>les</strong> Autochtones est un événement qui appartient au<br />

passé. A titre de fournisseurs de services, ils considèrent que leur tâche est de traiter <strong>les</strong> conséquences de<br />

l’oppression <strong>du</strong> passé, qui se situe aujourd’hui dans le corps de leurs patients ou clients <strong>autochtones</strong>. De<br />

plus, lorsqu’Armstrong, déclare que la société « blanche » ou dominante n’a jamais reconnu la culture<br />

autochtone, cela sous-entend que ce n’est plus le cas actuellement au Canada, et que nous sommes<br />

maintenant entrés dans une période post-coloniale. Armstrong suggère que, dans ce Canada<br />

postcolonialiste, que l’oppression soit rangée sous une autre catégorie, celle des « conditions traitab<strong>les</strong> »,<br />

tel<strong>les</strong> que le syndrome d’alcoolisation <strong>foetale</strong>, le manque d’estime de soi, l’abus d’alcool, toutes des<br />

conditions sur <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> services sociaux et de santé publics concentrent leurs efforts dans le but<br />

d’ « améliorer » la vie des Autochtones.<br />

Bien que des spécialistes de la santé et des services sociaux comme Armstrong soient bien intentionnés,<br />

ils ne parviennent pas à admettre que <strong>les</strong> effets ou incidences <strong>du</strong> régime des pensionnats sur <strong>les</strong> Autochtones<br />

qui ont fréquenté ces éco<strong>les</strong> ainsi que sur <strong>les</strong> générations subséquentes persistent, sont permanents. On<br />

n’a qu’à s’intéresser à ce que d’anciens élèves ont commencé récemment à dévoiler sur ce qu’ils ont vécu<br />

dans <strong>les</strong> pensionnats pour s’apercevoir que cette tragédie n’est pas chose <strong>du</strong> passé. Les expériences liées<br />

aux pensionnats tel<strong>les</strong> que vécues présentement transparaissent dans <strong>les</strong> initiatives communautaires de<br />

guérison; el<strong>les</strong> se manifestent aussi dans <strong>les</strong> poursuites intentées par d’anciens élèves. Il y a aussi <strong>les</strong><br />

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